I’m from Rennes : la Finale a tenu ses promesses

Hier soir, la salle de la Cité a accueilli 5 groupes rennais, Manceau, Juveniles, The Popopopops, Wankin’ Noodles et Success. La raison ? Soirée de clôture, appelée Finale, à l’occasion de la première édition du festival, I’m from Rennes. La radio Canal B, l’association Fake Records et le groupe Success ont co-organisé une semaine musicale dans les café-concerts, appartements, etc. uniquement dédiés à des groupes rennais. Rennes a pu (re)voir entre autres Mermonte, Tiny Feet et les cinq groupes présents hier soir.

I’m from Rennes veut montrer que Rennes bouge en dehors des Transmusicales bien que les cinq groupes à l’affiche ont tous été révélés au public via ce festival. Jo, l’un des membres du groupe Success, le confie au Mensuel de Rennes : « A Paris, on a une vision très « Transmusicales » de Rennes. » David Morvan, réalisateur du documentaire Rock Da Breizh, expliquait au blog lavierennaise que pour lui, cette nouvelle génération rock à Rennes n’avait aucune distinction propre à la ville. Alors, Rennes a-t-elle une relève ? C’est ce qu’a voulu prouver I’m from Rennes et c’est en partie réussi : les cinq groupes ont enflammé la Cité pour une soirée mélangeant pop, rock et électro. Rennes n’est plus la ville rock d’antan mais se diversifie dans les genres, pour notre plus grand plaisir. Report sur quatre concerts de la soirée.

 

Manceau réveille en douceur les Rennais

19h45. Manceau a commencé depuis un quart d’heure pétantes. Le concert commence à l’heure. Dans la salle de la Cité, le public est dispersé mais bien présent pour accueillir le groupe. Être le premier dans un concert n’est jamais évident, surtout pour un groupe aux mélodies pop. « Il est un peu tôt mais on va essayer de vous faire groover sur la prochaine chanson », dit timidement Julien Vignon, chanteur du groupe. Leurs mélodies électro mélangées au bruit sec de la basse et de la guitare sont agréables à écouter. Life traffic jam, leur premier album sorti en juin dernier, est très calme et entraînant. Au milieu de leur prestation, ils jouent leur titre phare, Full time job. Quelques acclamations de la part du public connaisseur. Les autres écoutent, réceptifs. Les lumières donnent de la vie à cette musique quelque peu statique.

« Vous l’avez compris, le principe de cette soirée, c’est de réunir beaucoup de bons copains », explique Julien. Que ces cinq groupes se connaissaient bien, on le savait. Qu’ils aient réservé de jolies surprises au public pour ce concert, ça, on ne s’y attendait pas. Ce vendredi soir, chaque groupe a la sienne. Manceau a invité Florian Mona, multi-instrumentiste et parolier pour jouer le morceau, Le large, de son prochain album éponyme. Très belle surprise, Manceau et Florian Mona chantent en français pour un moment nostalgique mais très rock, qui ferait penser à Etienne Daho. Le dernier morceau de Manceau joué pour la Finale est About it, où le piano et la batterie se mélangent. Il s’accélère et monte en puissance jusqu’à la dernière note de piano. Le groupe a relevé le défi : passer en premier sans trop en faire, ni trop énergiques, ni trop immobiles durant leur show.

Juveniles : un set bien rodé, meilleure impression

Le blog lavierennaise avait vu les Juveniles en mars dernier avec les Total Warr et Sarah W. Papsun, au Point Ephémère, à Paris. Leur prestation n’avait pas vraiment été à la hauteur de leur image électro pop nationale. Il y avait un flagrant manque de communication avec le public. Mais pour la Finale, Jean-Sylvain Le Gouic et ses deux acolytes ont fait bien meilleure figure. Le trio aux claviers et à la batterie arrive sur scène et est déjà acclamé. Il en faut peu pour le public pour danser. Le temps de deux chansons, Ambitions, et la plus plébiscitée de leurs chansons, We Are Young, pour que tout devant, cela s’agite, cela remue les jambes. Jean-Sylvain troque le synthé pour une guitare et prend une goulée de whiskey Jack Daniel’s : « Santé ! », s’exclame-t-il. Quelques rires fusent. Christophe, derrière les platines, se déchaîne et danse de son côté au rythme de la batterie et des sons électro.

La spécificité du groupe, c’est de faire une courte pause en plein milieu de la chanson. Au moment où la chanson prend toute sa force, on croit que c’est la fin. Un peu brutale, certes. Alors les applaudissements et les cris commencent et la chanson reprend de plus belle. Une fois, deux fois, trois fois… Que les Rennais se sont fait avoir. Plusieurs fois, Christophe chantait et Jean-Sylvain, jouait au synthé. Ils ont souvent changé les rôles. Leur surprise a été d’inviter Julien Vignon sur scène, chanteur du groupe Manceau, pour une reprise d’une chanson du groupe rennais, O Safari. Ces derniers n’ont pas pu venir pour la Finale, « faute de temps », explique Jean-Sylvain. « C’est la première fois qu’on joue à Rennes depuis les Transmusicales et ce ne sont que des super souvenirs ! », termine Juveniles avant de se retirer. Ils ont réussi à mettre l’ambiance, dans la salle de la Cité. Le public n’a pas vraiment bougé comme il a pu le faire à Paris mais on le dit et le répète, les oreilles avisées de Rennes sont exigeantes. Mais satisfaites.

The Popopopops, les rois de la soirée : très belle surprise

On avait déjà vu les Popopopops, surnommé les Pops, sur scène en 2008 à l’occasion d’un concert caritatif. Et les voici en 2012, à la salle de la Cité faisant partie des groupes émergents rennais. En quatre ans, du chemin a été parcouru. Sur scène, ils paraissent moins « lycéens », plus pros. C’est en effet le mot qui caractérise tout leur set de ce soir, les Pops sont devenus des professionnels. Et leur renommée s’est nettement agrandie.

Fini le lycée Emile Zola, désormais les choses sérieuses ont commencé. Tout le public hurle, lève le bras droit, poing serré. « Cela va être rock’n’roll », prévient le chanteur avant d’enchaîner sur la chanson R’n’r. Sa voix grave et sensuelle donne de la puissance aux chansons de leur EP, My mind is old. De leur propre initiative, les spectateurs frappent dans leurs mains. « On a eu beaucoup de mal à choisir la chanson suivante car elle est ancienne. On a choisi Dance tonight qu’on souhaitait jouer pour la dernière fois, à Rennes », dit Victor Solf, le chanteur. Cette chanson avait entraîné les foules lors de leur show, en 2008. Et elle fait toujours autant le même effet, le public se met rapidement à danser dès les premières notes. Victor la joue plus rock et a une réelle prestance scénique. Le public rennais est conquis. Encore un peu plus de décibels : les Pops ont invité Jean-Sylvain de Juvéniles pour faire une reprise des Doors, Break on through to the other side. Le public est encouragé à chanter avec le groupe. Les Popopopops ont promis « plein d’exclus » et ont chanté pour la première fois sur scène, un morceau de leur prochain album, Text me, call me. Cerise sur le gâteau : le groupe a invité une autre personne pour son show, un trompettiste. Le set finit sur My Mind Is Old, pour le plus grand bonheur du public. Pour exciter le public, Victor lance : « Est-ce qu’on est une famille Rennes ? ». A méditer. Peut-être pas une famille mais en tout cas, une très bonne ambiance règne autant entre les groupes que dans la salle. On en redemande.

Le rock garage provoquant des Wankin’ Noodles enflamme la Cité

Les Wankin’ Noodles ont comme tous les groupes de la soirée, fait les Trans musicales et ont sorti leur album cette année. Les Wankin’ Noodles, on en entendait parler. On les savait en bons termes avec les Juveniles -l’ancien guitariste Jean-Sylvain Le Gouic étant l’actuel chanteur du groupe- et les Way Of Life. Mais sinon, pas plus. C’est donc avec grand étonnement qu’on trouve que les Wankin’ est un groupe rock déjanté. « Nous ne sommes pas morts et bien vivants », rugit Régis Thomas Pécheu, le chanteur. Ce dernier arrive en trombes. Le son est amplifié, la batterie plus forte mais cela donne plus envie d’être dans l’ambiance. Dès les premières chansons, le chanteur se met sur un ampli et félicite le public rennais par rapport à celui de Paris, moins énergique. Forcément, cela fait son petit effet.

Tous habillés en noir, le groupe est composé d’un guitariste, un bassiste et un batteur. Formation classique de groupe rock contrairement à Manceau, Juveniles et les Pop’s. Le rock explosif fait penser à certains moments à du Green Day : choeurs et guitare électrique. Régis va dans la fosse, s’étale sur le public. Une véritable pile électrique : « qu’est-ce que c’est bien d’être à Rennes ! » Ce qui fait la différence, leurs chansons sont majoritairement en français. Leur nouveau tube, Tu dormiras seule ce soir, « pour vous les filles », fait danser les Rennais. Et comme dans tout groupe de rock, c’est la gente féminine dont parle le plus souvent les Wankin’ Noodles (L’amour dans le noir, Tu dormiras seule ce soir, Tu veux danser avec moi). Pendant le concert, Régis enlève la cravate et déboutonne sa chemise, l’ambiance est bouillante. Il en perd même ses lunettes. Show impeccable, énergique et communicatif. Leur surprise à eux : un duo avec James Eleganz, chanteur de Success. Très réussi et rempli de complicité, les deux compères sont bras dessus bras dessous.

Le seul hic ? Les paroles en trop du chanteur lors du « moment téléthon », comme il l’a qualifié. Il a dénigré ses chansons écrites auparavant et a souhaité aux groupes rennais, la même réussite qu’eux. Qu’ils deviennent « les futur Wankin’ Noodles ». Pour cela, il a encouragé le public à se « bouger le cul pour aller dans les café-concerts » et aller applaudir, entre autres, The 1969 Club, The Way Of Life, Micronologie, Bikini Machine, Dj Marrtin, We Are Van Peebles, Cardinale et O Safari. Étonnant de la part du chanteur d’avoir de tels propos quand on sait que certains groupes cités font les Trans musicales cette année et que d’autres entament des tournées nationales voire internationales. Pour autant, la prestation est bonne et ces paroles ne voulaient dénigrer personne. Les Wankin’ Noodles n’ont pas failli à leur réputation, un nom à retenir.

Le blog lavierennaise n’est pas resté pour Success mais vu l’énergie qui ressortait du duo avec les Wankin’ Noodles, on ne doute pas de l’ambiance dans la salle de la Cité. Pour les plus courageux du public, une After était organisée à l’Ubu jusqu’au petit matin. Les cinq groupes étaient aux commandes. Et il y en a eu de très bons échos.

Avec la Finale d’I’m from Rennes, les groupes rennais se confirment sur scène. Oui, la relève musicale rennaise est assurée. Mais contrairement à ce qu’on pense, une relève pas seulement rock. Dans quelques années, on sera fier de dire « I’m from Rennes », à l’étranger.

 

Photographie : Pilougraphie.fr / Flickr d’Alter1fo.com et site

L’exposition Kidults à voir jusqu’au 28 octobre, fascinante et déroutante

L’Epatante Gallery est une toute nouvelle galerie d’expositions rennaise, qui a ouvert en mai dernier. Sa première exposition a regroupé trois artistes, LYS, Rétrofuturs et Philippe Lagautrière. Elle a été très appréciée d’un point de vue global et en particulier, par le blog lavierennaise. La deuxième exposition se faisait attendre et la voici.

Depuis le 12 octobre, les œuvres de dix artistes internationaux ont investi l’ancien hôtel particulier, l’hôtel Saint-Gilles, à mi-chemin entre la faculté de droit et la place Hoche, sous un thème commun : Kidults. En français, à traduire par l’« adulescence », mot-valise entre adolescence et adulte. Plus que quelques jours pour en profiter, l’exposition se termine le 28 octobre.

Le nom est intriguant. Kidults, cela sonne bien. Ce nom est le fruit de la réflexion entre Juliette Pinto Maïa, directrice de l’Epatante Gallery, et Mijn Schatje, dessinatrice qui a participé à l’exposition. La traduction est étonnante : l’adulescence, qu’on peut qualifier comme une transition entre 15 et 25 ans. Cela fait penser au mot adolescence, utilisé pendant le Moyen-Âge tardif. Quand Clément Marot écrit son recueil de poèmes, l’Adolescence clémentine, en 1532, il fait référence à toute sa vie jusqu’à ses 30 ans. L’adolescence est considérée une période beaucoup plus longue à cette époque. Voilà pour la brève explication.

« On a voulu se moquer des adultes ‘branchouilles’ et de nous-même »

Kidults, c’est le syndrome de Peter Pan artistique. Ceux qui ne veulent pas grandir. Les toiles exposées à l’Epatante Gallery regroupent les thèmes de l’enfance, des nymphettes aux visages disproportionnés et de tout un bestiaire fantastique où les ours et les araignées se côtoient. « En créant cette exposition sur ce thème, on a voulu se moquer des adultes ‘branchouilles’. C’est aussi de l’auto-dérision car on adore ce qui est à la mode -en ce moment les animaux- et qu’on trouve ça beau et poétique », explique Juliette Pinto Maïa.

Dans les trois pièces, un univers est abordé. « A la base pour Kidults, il y avait une décoration dans chaque pièce. La chambre, c’est dans la salle rose (NDLR : la pièce principale, à droite de l’entrée). On avait même mis un lit en fer noir du Grenier des Frangines. La salle d’eau était dans celle du fond (NDLR : la pièce couleur vert goutte d’eau), à la découverte de son corps et dans la pièce verte foncé, c’était le jardin. » Une idée ambitieuse et originale que Juliette a dû enlever au dernier moment, faute de place. Il ne reste désormais plus que la décoration du jardin. L’indice : des champignons et une tête d’oie trônent sur la table ronde centrale.

Comme un goût d’Alice au pays des Merveilles : surprenant mais familier

« Je choisis aux coups de cœur les artistes que je souhaite exposer. J’ai choisi ce qui allait dans le thème », confesse Juliette. Contrairement à la première exposition où les trois artistes avaient des pièces attitrées, les réalisations des dix artistes, six français, deux anglaises, un italien et un autrichien, sont mélangées. C’est un choix pris par la jeune galeriste.

Pendant l’exposition Kidults, les visiteurs sont plongés dans un univers très onirique. Au dessus de la cheminée de la pièce Jardin, une tarte à la myrtille en plastique, attire le regard. Un peu comme Alice, dans Alice au pays des Merveilles de Lewis Carroll, attirée par la petite fiole sur la table ronde. Au dessus se trouvent les travaux de Kareena Zerefos. Sa Peau d’âne revisitée et ses ombres chinoises sont remarquables. Énormément de travaux sont exposés : plusieurs coups d’oeil sont nécessaires pour tout se remémorer. Le blog lavierennaise retiendra au premier regard les « cupcakes animaliers » et les portraits de jeunes filles réalisés par l’autrichien Stefan Zsaitsits, les poupées ensorcelantes de Mijn Schatje et les toiles de Frédérique Vernillet.

Au final, en regardant Kidults, le badaud est dérouté et ne sait où donner de la tête. Beaucoup de symboliques, d’humour, de loups et de méduses. Pour autant, l’univers si lointain paraît familier à la seconde approche. Telle chose fait penser à une autre et on peut rester longtemps à fixer un détail. Tout le monde s’y retrouve car au final, « dans le fond, on est tous des Kidults !», conclue Juliette.

 

Jusqu’au 28 octobre. De 14 à 18 heures. Gratuit.  

Le premier EP, Sévigné, de Johannah’s High ou comment oublier la pluie en 6 chansons

En octobre, l’envie de se blottir devant un feu de cheminée est tentante. Surtout quand le temps n’est pas favorable pour profiter de l’extérieur. L’année dernière, à cette période, le blog lavierennaise avait rencontré le groupe Bertram Wooster pour la présentation de son premier album, Popetry. Cette année, c’est au tour de Johannah’s High de nous faire voyager pendant quelques instants, avec son EP, Sévigné. Rencontre avec Mathieu Rivalan, l’initiateur du projet.

 

Il y a quatre ans, Mathieu se met à la musique. Avec sa guitare, son synthétiseur et sa voix, il reprend des chansons et se filme, qu’il met ensuite sur la Toile. Daniele Visentini, poète italien, prend contact avec lui, pour l’encourager dans sa démarche. Ce dernier lui propose d’interpréter les poèmes qu’il écrit en anglais. C’est ainsi que le projet Johannah’s High est né, en 2008.

Le boulevard Sévigné, au centre de son inspiration

Depuis deux ans, Mathieu compose désormais les textes. Il a pris seul la relève. Influencé par la musique anglosaxonne, le jeune homme continue d’écrire dans la langue de Shakespeare. Pour la composition de ses textes, il s’inspire de son environnement proche, Rennes, à la façon du groupe Belle et Sebastian. « Ils [Belle & Sebastian] parlent de situations quotidiennes, ce que tu ressens quand tu prends le bus, par exemple », détaille ce chanteur aux multiples casquettes, « ils peignent la réalité pour guider vers les sentiments. » Le « théâtre de la ville », comme il le définit, l’inspire. Et le fait de vivre à Rennes depuis six ans lui donne matière à écrire. Le marché des Lices le samedi matin, les promenades dans les rues piétonnes du vieux Rennes et les ambiances des quartiers résidentiels sont autant d’éléments qui peuvent constituer une chanson, pour Mathieu.

Le nom de ce « grand EP », Sévigné, il le doit au boulevard éponyme de Rennes où le jeune homme de 25 ans habite depuis quelques années. En effet, c’est cet endroit qui lui a donné envie de composer un album. « C’est l’un des plus beaux quartiers de Rennes. On dirait un village, c’est une ambiance que j’aime bien », confesse-t-il. Mais écrire sur un quartier d’une ville, Mathieu n’en a pas eu l’idée seul. On lui a mis la puce à l’oreille. En effet, la démarche de Sufjan Stevens, compositeur et interprète américain, qui a eu envie de faire un album sur chaque Etat américain intitulé « le projet des 50 Etats », l’intéresse. Le premier album de Stevens, Michigan, est sorti en 2003. Illinois, en 2005. Mais comme on se le doute bien, ce projet -trop- titanesque s’est arrêté après le second album. Comme Sufjan Stevens, Mathieu a besoin de « vivre l’endroit » pour pouvoir en parler, le chanter.

L’écrit prime

« Dans les groupes que je préfère, je m’attarde beaucoup sur ce que racontent les paroles. […] En France, on a une culture des chansons à textes. » Sur cet EP, ses chansons font souvent référence à des histoires d’amour, « des textes qu’on peut trouver ‘naïfs’ et simples ». Calmes, douces, voire mélancoliques par moments, la musique de l’EP Sévigné est envoûtante : « c’est la conséquence de faire de la musique seul ». Moins l’envie de faire des morceaux qui bougent. Les bandes sons répétitives emmènent l’auditeur dans un univers onirique, propre à chacun.

Assis derrière son ordinateur, Mathieu alterne chant, synthé, batterie, basse et guitare qu’il réarrange via un logiciel de mixage. Pour ce premier EP, Mathieu a voulu faire quelque chose de « propre ». Cet EP, il l’a écrit en cinq mois et en a fait le mixage en deux. Les six chansons proposées sont sorties sur Internet, en septembre dernier.

Et c’est réussi. On met en boucle ces six chansons qui se mangent sans fin. C’est là que Johannah’s High fait penser à Bertram Wooster, musicalement parlant. Même si la démarche n’est pas la même. Contrairement à Olivier Le Blouch, meneur du projet Bertram Wooster, qui s’est prêté depuis au jeu de la scène, Mathieu Rivalan ne souhaite pas se produire en public. « C’est un projet assez solitaire », qu’il souhaite conserver avec lui. Alors, pour se consoler, Sévigné est à écouter via la plateforme Bandcamp et à télécharger gratuitement. En attendant le retour du beau temps.

 

Photographie : Sarah Colette
Visuel : Camille Floue

Focus sur un blog Rennais #12 : Nouvelles perspectives

Toutes les semaines, le blog lavierennaise vous fait découvrir un blog à travers une interview du créateur ou de la créatrice.

Musique, littérature, cuisine, politique, bande-dessinée, le blog lavierennaise ne ferme aucune porte ! Et si cela vous intéresse, vous pouvez me contacter en remplissant le formulaire ‘Contact’ ci-dessus.

Aujourd’hui, le blog lavierennaise vous propose de découvrir le blog, Nouvelles perspectives, de Thibaud Denolle, l’un des fondateurs de Fastcook et étudiant à l’université de Rennes 1. On y parle éducation, économie et nouvelles technologies.

Blog lavierennaise : Bonjour Thibaud ! Peux-tu te présenter s’il te plaît ?

Thibaud Denolle, 28 ans et titulaire d’une licence de science économiques obtenue en juin dernier. Je suis entrepreneur, on a monté avec des amis le concept fastcook : un restaurant rapide avec prise de commandes sur iPads. J’ai travaillé 5 ans pour McDonald’s comme directeur de restaurant. Je suis passionné de sports de glisse et d’économie.

Tu as crée ton blog en mars dernier, qu’est-ce qui t’a poussé à te lancer dans la blogosphère ?

J’ai ouvert un premier blog très politisé en 2009 que j’ai fermé en 2011 quand on a lancé le projet. J’en ai ouvert un nouveau cette année moins politisé, qui traite encore d’économie mais aussi des nouvelles technologies.

Un rapport avec l’ouverture de Fastcook, dont tu es l’un des fondateurs ?

Non absolument aucun. Je parle de sujets qui m’intéressent quand ça me chante, alors que le premier était plus soutenu. Je me tenais à au moins 2 publications par semaine. Les articles étaient travaillés, je cherchais mes chiffres sur les sites de l’OCDE (NDLR : Organisation de coopération et de développement économique) et de la banque mondiale. Je structurais bien ma pensée et j’en faisais des tartines. Aujourd’hui j’écris ça en quelques minutes sur un coup de tête. C’est plus léger.

Sur la description de ton blog, tu expliques ta démarche : « Je tiens ce blog pour donner mon sentiment sur l’actualité. Je suis politiquement révolté (…) ». C’est une démarche citoyenne, pour toi, ce blog ?

En quelque sorte. Je défends des idées qui ne sont pas du tout « mainstream » (NDLR : de l’avis de tout le monde). Ce blog est mon humble contribution à leur propagation. La technologie a mis à la portée de presque tout le monde la possibilité de donner son avis sur un peu tout et n’importe quoi… pour le meilleur et pour le pire.

Dans ton blog, quand tu parles d’économie, tu fais principalement référence à la marque Apple et au réseau social Facebook. Tu es aussi auto-entrepreneur du restaurant Fastcook qui concilie les deux, à la fois Apple pour les appareils nouvelle technologie et Facebook, pour le design et le jeu de mots avec Fastcook. Tu as une affinité particulière pour eux ?

J’étais l’un des nombreux détracteurs de l’hystérie autour de la marque à la pomme… jusqu’à ce que je touche un iPad. Une semaine plus tard j’avais un iPhone… Une autre semaine plus tard l’idée de fastcook était lancée et je suis devenu aujourd’hui l’un des plus fervent défenseur de cette secte (Rires) !

Tu te dis faire parti du mouvement libertarien. Concrètement, qu’est-ce que cela change par rapport au libéralisme ?

C’est à peu près la même chose. C’est une sorte d’anarchisme qui reconnaît le droit de propriété. Le droit de propriété, c’est juste le prolongement de la liberté de disposer de son corps. Un exemple, je décide avec mon cerveau que mon corps va plus ou moins travailler. Avec les fruits de mon travail, je vais m’acheter un jean, un iPhone, une maison, etc. Tout cela, c’est la même chose. Nous pensons que l’Etat, qui détient le « monopole légal de la violence », (NDLR : référence à Thomas Hobbes, philosophe anglais) n’a pas à nous expliquer quels vêtements on doit porter, si il ne doit y avoir qu’un seul ou dix opérateurs téléphoniques, où j’ai le droit de construire ma maison, est ce que je peux monter mon entreprise, etc. Comme les citoyens ont donné à l’Etat le droit de les priver de leur liberté, il faut être méfiant vis à vis des pouvoirs qu’on lui accorde en lui en donnant le moins possible. Contrairement à ce que 99% de la population pense, les vrais libéraux et les libertariens fustigent la connivence qui existe entre les hommes politiques et les patrons du CAC40 (NDLR : bourse française) qui sortent souvent des cabinets ministériels et de l’ENA (Ecole Nationale de l’Administration). Nous sommes contre le sauvetage des banques, qui comme toute entreprise, devraient pouvoir faire faillite.

A ce sujet, tu as écrit un article sur le rôle de l’éducation dans le recueil Libres, édité par La Main Invisible en juillet dernier. Peux-tu en dire plus sur ton article ?

J’explique dans cet article que l’éducation devrait être repensé à la lumière du principe de subsidiarité. C’est-à-dire que la responsabilité d’une action publique, lorsqu’elle est nécessaire, doit être allouée à la plus petite entité capable de résoudre le problème d’elle-même. Le meilleur moyen de contrôler un peuple, c’est de lui faire rentrer dans la tête des idées toutes faites jusqu’à ce qu’il en vienne à aimer son propre bourreau. J’avais évoqué dans un article un syndrome de stockholm scolaire : des jeunes font des blocages pour que le système éducatif ne change pas alors que ce même système éducatif les brime et ne les aide pas toujours à trouver un travail. Pour moi, chaque établissement devrait pouvoir tester de nouvelles méthodes éducatives, choisir ses programmes, son équipe pédagogique… pour qu’on apprenne enfin aux jeunes à penser par eux même, à travailler en groupe et à savoir où trouver l’information au lieu de privilégier le par coeur individuel.

Pourquoi as-tu choisi ce sujet ?

J’ai choisi ce sujet car je suis révolté de voir à quel point les principaux intéressés, les étudiants, sont aveugles sur ces questions. Ils se battent pour sauvegarder un système qui les a opprimé. Quel est aujourd’hui le Graal de la réussite scolaire? Être doué en math jusqu’à 18 ans, aller en prépa dans une logique de sélection intensive. Si vous passez cette sélection, une fois qu’on vous a bien trainé par terre psychologiquement avec des notes les plus basses possibles, vous intégrez une belle école et le jour de la rentrée, on vous explique que vous être désormais l’élite de la nation, amenée à diriger les moutons. Ce n’est pas parce que vous n’êtes pas doué à l’école ou en math qu’en vous humiliant, on va vous aider. Il faut installer un nouveau logiciel beaucoup plus décentralisé qui permette l’expérimentation. Qui permette aux responsables d’établissements de composer leur équipe pédagogique, de réorienter les « mauvais » profs dans une autre voie qui leur correspondra mieux, et de récompenser ceux qui font bien leur travail.

Est-ce facile d’être à la fois un pied dans l’entreprise et un pied à la faculté d’économie ?

C’est beaucoup de travail mais c’est très enrichissant. Je n’imagine pas une seule seconde arrêter de me former un jour. Ça permet de découvrir de nouvelles choses, de les mettre en pratique en entreprise et de voir d’un oeil beaucoup plus concret pleins de théories vues en cours.

Alors, qu’est-ce que ça fait d’avoir des idées de « droite » dans une ville dite « de gauche », quand on est jeune ?

En bon libértarien, je suis favorable à l’union entre des personnes de même sexe, à la légalisation de toutes les drogues, pas juste la dépénalisation, et l’ouverture totale des frontières. Je ne me sens pas donc pas spécialement de droite. C’est juste que je ne vois pas comment on peut intellectuellement justifier qu’il faille être libre dans certains domaines, mais que dans d’autres une autorité centrale devrait avoir le contrôle. Ceci étant dit, Rennes reste une ville remplie de bohémiens et de hippies mais ça fait partie de son charme ! (Sourire)

Tu es aussi mordu des nouvelles technologies et cela se voit. Penses-tu qu’à Rennes, cela se développe de façon pertinente ? La Cantine Numérique rennaise remporte un franc succès, ces derniers temps alors qu’elle a été ouverte il y a deux ans. Autre exemple actuel : le Star lance un nouveau service, les codes 2D à l’arrêt des bus pour consulter les horaires.

Rennes est une métropole très dynamique à côté de beaucoup d’autres en France. Après, j’ai l’impression que culturellement, certains français restent très réfractaires aux nouvelles technologies. Ce n’est pas l’ambiance de la sillicon valley (NDLR : Aux Etats-Unis, dans le désert ouest américain) mais ce n’est pas le pire endroit non plus pour innover.

Quelle est l’actualité économique ou politique, qui t’a le plus marqué en septembre, à l’échelle internationale, nationale et locale ?

Je suis de très prêt la campagne électorale américaine. Je suis un fervent supporter de Ron Paul qui n’a malheureusement pas été nommé pour représenter le parti républicain. J’espère que Barack Obama sera battu… Sa politique économique est catastrophique, il n’a pas fermé la prison de Guantanamo, il a continué les guerres en Irak et en Afganhistan. Ce qui est drôle pour un prix Nobel de la paix. Au niveau national, j’ai été désagréablement surpris par la perte de confiance en François Hollande. Une telle baisse indique qu’il y a une bonne partie de la population qui était convaincu que le ciel serait plus bleu après le 6 mai… Localement… j’ai eu très très peu de temps pour sortir en septembre. Je ne sais donc pratiquement pas ce qui se passe autour de moi.

Cela sera-t-il sujet à des articles ?

La campagne américaine très certainement, la politique économique du gouvernement peut-être. Pour le niveau local je ne vois pas comment je pourrais concurrencer ton blog ! (Rires)

Ton blog, est-ce une façon d’expliquer vulgairement l’économie aux étudiants ou simplement de le garder pour soi ?

Il y a un peu des deux. J’aimerais pousser un jour l’idée de vulgariser l’économie qui est un domaine beaucoup trop obscur aux yeux des français.

Le 11 mai dernier, tu as écrit l’article « Quand tu ne sais pas où tu vas, regarde d’où tu viens », où tu expliques la mondialisation souffre d’un consensus français. A l’époque où le local est prôné et où la mondialisation est blâmée par certains politiques -on dit qu’après la fin du communisme, c’est désormais la fin du libéralisme-, penses-tu que le libéralisme tire à sa fin ?

La fin de l’Europe peut-être… La fin du libéralisme? Impossible. Les recettes libérales permettent à de très nombreux pays de sortir du sous-développement. Les pays autrefois communistes savent les désastres qu’il a produit. Ils libéralisent leurs économies et en peu de temps, leurs niveaux de vie augmentent. L’Europe, par peur du déclin, se repliera-t-elle sur elle même ? C’est possible mais je ne le souhaite pas… Je souhaite vivre dans un monde ouvert où les gens comprennent que les Chinois ne sont pas nos ennemis. Qu’on ne peut pas d’un côté être indigné par la pauvreté dans le monde et de l’autre empêcher qu’ils se développent et nous rattrapent.

D’autres perspectives sont-elles envisageables, pour toi ?

Ce serait très poétique de dire à la nouvelle génération que c’est à elle de penser un nouveau monde harmonieux. La réalité, c’est que nous parlons d’outils: les marchés, la finance, un état plannificateur… Une hache peut servir à couper des arbres et construire des maisons. Elle peut aussi tuer des hommes. On n’accuse pas une hache d’un meurtre. Pour ces outils, c’est la même chose. On leur attribue des maux dont il ne s’agit que de la nature humaine. Et même sous la torture et avec des lavages de cerveaux, il ne me semble pas que ceux qui ont essayé de changer la nature humaine aient réussi à l’infléchir.

Merci Thibaud d’avoir répondu à mes questions !

Mein sohn william, BRNS et Breton : concerts énergiques, soirée réussie

Accueillir Mein sohn william, groupe de noise rennais, BRNS, pop enragée belge, et Breton, révélation des Trans musicales et de la Route du Rock 2012, était un très beau cadeau offert par la salle de concerts, l’Antipode, à Rennes. C’était l’un des concerts les plus attendus dans le milieu rock de la programmation de cette salle de concerts. Pour dire, il affichait complet. Retour sur une soirée énergique et réussie, avec une bonne ambiance, qui fait oublier, l’histoire de quelques heures, le crachin breton, à l’extérieur.

 

Mein sohn william, véritable pile électrique

Le seul groupe rennais inaugure en premier la soirée. Dorian Taburet, désormais accompagné d’Antoine Bellanger, commence en grande pompe. On en entendait beaucoup parler. Ses passages dans les bars, La Bascule et le Oans Pub pour ne citer qu’eux, ont été remarqués (voir les reports sur Alter1fo). C’est une découverte ce soir pour le blog lavierennaise. Et elle a été déroutante. Les deux jeunes hommes arrivent, à la fois timides et très à l’aise. Cette contradiction se retrouve dans leur musique, tantôt douce, tantôt surexcitée. Our naked president plante le décor : Mein sohn william est un groupe complètement décalé, à la fois très drôle et subtile. Les deux compères sautent, dansent, hurlent et font même semblant de pleurer à gros sanglots. A l’aide de pédales de loop, les sons des synthétiseurs, de guitare électrique, voix et autres percussions, se mélangent pour former une ambiance noise. Le public se laisse porter par ce cocon de sons, où la voix n’a qu’une faible importance dans les chansons. Ce n’est pas une musique que l’on écoute, pour essayer de comprendre, mais que l’on ressent. Et on se laisse volontiers transporter, en leur compagnie.

« Bande de patates ! », lance Dorian, la tête pensante de ce projet, à la fin de la chanson Patate. Pas de réaction. Il faut dire que le public ne s’attendait pas à cela. Mein sohn william a tout donné, à la surprise générale. Dorian Taburet est connu pour faire des shows surchauffés, voire même un peu trop. Mais à deux, leur énergie est décuplée. Certains sont réticents et vont acheter quelques bières, histoire de passer le temps. D’autres déjà conquis, apprécient la prestation scénique du groupe, qu’ils trouvent plus fluide, carrée et propre depuis la formation du duo, il y a quelques mois. Quelques personnes dansent frénétiquement au rythme de leur musique. « Vous pourrez venir nous voir là-bas [dans l’autre salle de l’Antipode], on sera en train de dormir », conclue Antoine Bellanger. Et ils l’ont bien mérité. Mein sohn william a montré que le niveau était très élevé, ce jeudi. Belle découverte.

BRNS ne rate pas ses promesses

Un bon point pour la salle de l’Antipode, les changements de plateaux ne sont pas très longs. Vingt minutes grand maximum. Dix minutes de retard seulement sur la totalité du concert. 22 heures et des poussières, la salle pleine à craquer est prête à accueillir BRNS (à prononcer, Brains), groupe de rock belge. Le blog lavierennaise en avait entendu parler lors de leur premier passage en Bretagne, au festival Art Rock, en mai dernier. Malheureusement, on ne pouvait pas aller voir leur prestation. Les critiques musicales les louaient. Alors, nous aussi, on s’est fait notre propre avis. Ce groupe est, personnellement, le coup de coeur de la soirée.

BRNS, c’est une batterie, des guitares électriques et deux chanteurs : l’un guitariste, l’autre batteur. Cela change la façon de regarder un concert. Le batteur, situé à droite de la scène, est le chanteur principal. Le regard penche vers la droite, sans arrêt. Leur set commence très fort. Dès leur deuxième chanson, Here Dead He Lies, le public est transporté. Les deux voix suaves des chanteurs n’y sont pas pour rien. Rythme rapide de batterie, quelques notes de xylophone, un riff de guitare et leurs chansons deviennent obsédantes. Prestation impeccable pour ce jeune groupe. Le premier EP, Wounded, sorti il y a quatre mois, donne à voir la suite. A savoir : quelques titres joués sur scène sont inédits. Leurs chansons fonctionnent par vagues, elles posent une ambiance, puis deviennent plus rapides ou lentes pour prendre de l’ampleur à la fin. Même méthode sur scène. L’heure passe vite. Trop vite. Leurs deux derniers morceaux, dont fait partie Mexico, ont fait chanter le public de choeur avec BRNS. Dès la fin des dernières notes, la seule question que tout le monde a en tête est : « Vous revenez quand en Bretagne ? ».

Breton : « Rennes nous a inventés »

Mais même si les deux groupes, Mein sohn william et BRNS, ont régalé les oreilles des uns et des autres, la raison d’une telle affluence à l’Antipode était sans aucun doute, pour Breton. Découvert pendant les Trans musicales 2011, le groupe anglosaxon s’est retrouvé être le groupe à avoir pour tous les programmateurs de concerts. Un exemple, Breton était à la Route du Rock, en août dernier. Et ceux qui ont raté ces deux rendez-vous, ont eu la chance de se rattraper hier soir. Piqûre de rappel : le phénomène Breton est d’origine londonienne, formé de cinq membres. Ils ont sorti leur premier album cette année, Other’s People Problem. Ils ont commencé l’aventure par des réalisations de vidéos, ensuite mises en musique dans une ancienne banque de Londres, surnommée BretonLABS. (Source : Alter1fo)

Leur prestation scénique est tout à fait différente des deux autres groupes, de par la présence d’un projecteur. Deux ordinateurs sont disposés aux extrémités de la scène. Le public hurle et montre son envie de voir les anglais arriver le plus rapidement possible. L’Antipode est surchauffée lorsque le(s) Breton arrive(nt). Dès la première chanson, un clip commence, mélangeant science fiction, vie de tous les jours et expériences scientifiques. Pendant tout le show, le groupe est dans l’obscurité, pour laisser le public savourer les images. L’énergie donnée par le groupe se transpose sur le public. A côté du chanteur, l’un des guitaristes encapuchonné hoche la tête en fonction du rythme et récite à mi-voix les paroles des chansons psychédéliques entre électro et rock.

Roman Rappak, le chanteur du groupe, discute avec le public et parle dans un français impeccable. Leur ambiance très futuriste rend l’Antipode en transe. On ne sait plus où donner de la tête, regarder les clips ou profiter de l’ambiance ? Le chanteur aime à rappeler que ce sont les Trans musicales qui a révélé le groupe. « Rennes nous a inventés », répète-t-il plusieurs fois. Breton termine la soirée avec des morceaux exclusivement électros, pour faire danser les Rennais. Et cela fonctionne ! Toute la salle danse frénétiquement et chante. Leur musique expérimentale est très entraînante, le public ravi.

Mais il y a un couac. Pourtant il y a tous les ingrédients, un groupe et une salle déchaînés. Il manque quelque chose. Il manque LE petit plus. Question d’alchimie musicale. L’alchimie a mieux prise, personnellement, avec BRNS que Breton, ce jeudi soir. Mais on reste avec une très bonne impression d’ensemble. Le trio Mein sohn william, BRNS et Breton a été à la hauteur de toutes les attentes. On repart de l’Antipode fatigués et avec le sourire.  

Les études supérieures décryptées par … #1 : Leïla, étudiante en droit

Copyright : Ouest-France

La ville de Rennes est l’un des pôles estudiantins les plus importants de France.  La capitale bretonne comptabilise en tout, environ 60 000 étudiants. Mais après l’obtention du baccalauréat, les lycéens rennais ont peu d’informations.

Explications sommaires, pas de pôle d’orientation, les étudiants n’arrivent pas à se rendre compte véritablement vers quoi ils se dirigent : les études supérieures. A partir de l’idée d’une lectrice, Claudie Trégouët, le blog lavierennaise a décidé d’ouvrir une nouvelle rubrique, les Etudes supérieures décryptées par … . Le but ? A travers un témoignage subjectif, un-e étudiant-e parle de ses études, de son adaptation du lycée à la première année, des  attentes de la filière, de l’ambiance et surtout (vous) conseille. 

Pour l’ouverture de cette nouvelle rubrique, le blog a rencontré Leïla, 24 ans, en troisième année de faculté de droit qui a choisi le parcours Droit international. Elle livre ici son avis sur sa licence et compare l’université de Rennes 1 à celles où elle a été auparavant, à Aix-en-Provence et Vannes.

 

L’adaptation du lycée à la faculté de droit ?  « Je ne savais pas à quoi m’attendre. Dans mon lycée français qui se trouvait à l’étranger nous n’avions pas de visites de la faculté comme elles sont organisées aujourd’hui, c’était un univers inconnu. Il y avait des conseillers d’orientation mais on ne nous en disait pas plus. C’est aussi pour cela que je veux témoigner. Au départ, j’étais un peu perdue. Heureusement, lors de la journée de pré-rentrée, Rennes 1 met  à disposition différents outils. Ils t’apprennent la méthodologie, la rigueur, et même l’orthographe. Les profs sont très sévères à ce sujet car on est amenés à beaucoup rédiger. »

Les différentes matières ? « En première année, les matières principales que l’on appelle les  « majeures »  sont le droit civil, le droit constitutionnel et l’histoire du droit. Pour approfondir ces trois matières, on a des travaux dirigés (TD), qui sont l’application concrète des cours magistraux (CM). On apprend notamment à faire des commentaires d’arrêts : exercice essentiel en droit. Ce que les étudiants digèrent le moins en général, c’est tout ce qui est lié au droit public et l’histoire du droit. En deuxième année, il y a l’apparition d’une matière essentielle pour la formation, le droit des obligations. Elle te suit durant tout ton parcours de droit. Au concours d’avocat, il y a une épreuve spéciale « droit des obligations ». En droit, on te propose de choisir entre plusieurs parcours : parcours standardéco-gestion, droit franco-allemand et parcours environnement. En troisième année on se spécialise davantage, on choisit nos matières. Plus d’étudiants choisissent le droit privé. J’ai choisi, pour ma part, le droit international public. »

Le suivi de la formation ? « En première année, il y a un système de tutorats. En fait, au bout d’un mois de cours, il y a un examen d’introduction au droit. Cela va montrer si tu es confronté à des difficultés en droit. Si tu as moins de 10, tu vas en tutorat, aide proposée aux étudiants. Une conférence est également organisée dans laquelle des professionnels nous présentent leur métier. Ils donnent des conseils et nous enlèvent les préjugés qu’on peut avoir sur différentes professions comme les huissiers de justice. Ils nous montrent aussi que tous les chemins mènent à Rome et qu’il existe plusieurs passerelles pour arriver au même métier. En travaux dirigés, les professeurs sont parfois des avocats. C’est un plus ! Ils sont sur le terrain, ils nous apportent leur expérience. »

Bons côtés ? « L’avantage principal est la culture générale. Des matières comme l’Histoire du droit nous en apportent beaucoup et nous servent dans la vie de tous les jours.  Le Droit est présent partout. On peut désormais comprendre nos relations avec notre propriétaire, si on est locataires par exemple. Cette formation ouvre une réflexion sur le monde. Beaucoup de conférences, colloques sont organisés. Et nous devons assister à des procès. La formation de droit incite aussi à bien savoir rédiger. »

Mauvais côtés ?  « Il y a beaucoup de travail. A chaque semestre, les étudiants passent des galops d’essai pour chaque matière principale. C’est-à-dire des examens préparatoires aux partiels. Puis des travaux nous sont exigés pour s’entraîner. C’est pour notre bien évidemment mais c’est beaucoup d’efforts à fournir. Les vacances au cours de l’année on les passe à réviser. La fac de Rennes 1 est très bien réputée mais elle fait un peu trop « usine », comparé à la faculté de Vannes où j’ai étudié un an. Il y avait une proximité avec les profs qu’on ne retrouve pas à Rennes, on échangeait davantage avec eux. Il y a une forte sélection durant les deux premières années. Ce sont les plus dures. C’est un écrémage intensif. En troisième année, nous sommes moins nombreux, il y a donc une plus grande solidarité entre nous car la sélection a déjà été faite. On échange désormais nos cours via les réseaux sociaux et on s’entraide. A la faculté, ce qui manque c’est les stages, la pratique. En deuxième année, j’ai eu la chance de pouvoir faire un stage d’une semaine car j’avais intégré le parcours éco-gestion. Nous étions les seuls. »

Tes conseils pour réussir en droit ?  « Ne pas se décourager devant le travail qu’il y a à fournir. Surtout pas. Il ne faut pas oublier qu’à la fac, la liberté n’est pas entière et totale. Les deux premières années nécessitent beaucoup de travail. Il faut apprendre à se maîtriser, à s’organiser. Mais si on aime le droit, il ne faut pas lâcher prise ! Personnellement, j’ai fait des erreurs qui m’ont fait perdre du temps, je ne travaillais pas assez. Mais si on veut pouvoir choisir notre master 2, année sélective, mieux vaut avoir un bon dossier et bien travailler tout au long du cursus. »

 

D’accord ? Pas d’accord ? Réagissez à ce témoignage par commentaires  !

The Wâll Factory sort son premier EP, le 19 octobre

Vendredi soir prochain, le 19 octobre, la salle du Crij, le 4Bis, accueille le groupe rennais The Wâll Factory pour la sortie de son premier EP, The Initiatory Road. Mais pas seulement. La soirée the wâll factory release party présente aussi l’exposition « Dessine moi une usine/un bison » et projection de clips.

Pour en savoir plus sur cette soirée étonnante, le blog lavierennaise est allé à la rencontre de Michaël, le créateur du projet et Misst1guett, que le grand public connaît grâce à l’affiche de l’édition 2012 de Quartiers d’été, graphiste et illustratrice qui a réalisé la pochette du CD.

 

L’adage dit que le phœnix renaît de ses cendres. Pour la musique aussi, cela fonctionne. The Wâll Factory est né après la fin du groupe, Lebowski, groupe de chansons françaises. Michaël, à la tête du projet du « mur de l’usine », en avait fait parti en tant que chanteur et accordéoniste. La formation s’est arrêté il y a deux ans pour différents « choix de vie », explique Michaël.

L’idée de créer un projet solitaire a germé dans la tête du jeune trentenaire un an plus tard. Depuis membre dans un autre groupe The Doods, le jeune homme avait aussi envie de créer quelque chose qui lui ressemble personnellement. Pour cela, il a réuni deux éléments qui lui sont chers : l’usine et le bison. Ces deux symboles se retrouvent très clairement sur la pochette du premier EP, The Initiatory Road (voir ci-dessus). Misst1guett, l’illustratrice de l’album, l’avoue : « C’était vraiment un projet personnel, c’est Michaël qui m’a dit quoi faire. J’ai juste eu l’idée de le dessiner en bison et cela lui a plu. (Sourire) »

Bison + usine = The Wâll Factory

« Le bison vient d’un voyage au Mexique », se souvient-il, « quand je l’avais vu, il m’avait fasciné. » Avec une touffe de cheveux encore plus volumineuse et un air agressif, la ressemblance entre lui et l’herbivore serait frappante. Ou presque. En ce qui concerne l’usine, cela fait un clin d’oeil à une industrie visible route de Lorient à Rennes, qui a une architecture psychédélique. « Je l’ai surnommé l’usine Pink Floyd », plaisante-t-il. Ce surnom n’a pas été donné au hasard. « Ce groupe fait parti de mes influences musicales », précise Michaël. Et ses influences, elles sont diverses et variées. Cela va de Nirvana à Beck en passant par des mélodies « plus rythmées, plus pop, moins grand public », ajoute-t-il, comme 31 Knot et Why ?.

Dans The Initiatory Road, le jeune homme a voulu joindre des « sons industriels » à ses morceaux. « Cela donne une rythmique différente de celle des groupes de rock. » Il y ajoute aussi des bandes son qu’il enregistre auparavant, avec différents instruments, synthé, guitare et accordéon. Cet EP, il l’a fait seul chez lui avec son ordinateur et quelques logiciels. Miguel Constantino, portuguais d’origine et quimperlois désormais, a produit ses chansons : « il est très reconnu dans le milieu indépendant musical. » D’ailleurs, la chanson Constantino lui est dédicacée.

The wâll factory release party

A la fin de l’enregistrement de son EP, Michaël veut donner une « vie aux réseaux sociaux » en lançant un concours en rapport avec l’album. Pierre deux coups. Cela a aussi montré une visibilité à son projet sur Internet. C’est ainsi que « Dessine-moi un bison/une usine », et non un mouton, est né. Les dessins ont afflué, « il y a eu des trucs vraiment pas mal », dit-il. Pour les remercier, une vingtaine de dessins sera accrochée pendant la soirée du 19 octobre, au 4Bis. Mais ce n’est pas tout ! Quelques-uns de ses anciens camarades de l’Esra (Ecole supérieure de cinéma et d’audiovisuel) de Rennes et amis ont réalisé pour l’occasion des clips inspirés de ses morceaux, selon leur sensibilité artistique. Par exemple, Misst1guett a crée un clip animé à partir de croquis qu’elle a faite. Trois sont finis et vont être visualisés avant le concert. Deux sont inédits. « Quand il y aura plus de matière, les clips seront peut-être projetés pendant les concerts », espère Michaël.

Ce vendredi, c’est aussi la première fois que The Wâll Factory ne se produira pas tout seul mais accompagné. Michaël a invité deux anciens membres du groupe Lebowski, le chanteur du groupe avec qui il joue The Doods, le chanteur du groupe Tahin ainsi que celui de Seeya. Toute cette troupe de musiciens sera présente pour jouer et chanter avec Michaël pendant ses différents morceaux. L’ultime chanson du concert les réunira tous. Cette soirée, au final, c’est Une route initiatique musicale qui rejoint le passé, Lebowski, le présent, The Doods, et le futur, The Wâll Factory, projet qui prend son envol à partir du 19 octobre.

 

Vendredi 19 octobre. 4Bis. 21 heures.
Prix d’entrée : 5€ Prix d’entrée + l’EP : 8€ 

Cultures Electroni[K] – Point Over : interview de Justin Bihan et Ivan Murit

La douzième édition de Cultures Electroni[K] a commencé ce lundi et dure jusqu’au 14 octobre. Âge de la « déraison » comme l’appelle Anne Burlot-Thomas, l’une des organisatrices du festival, cette édition propose nuits électroniques, expériences entre nouvelle technologie et musique et projets artistiques innovants. Cela paraît un peu abstrait présenté comme cela mais ce festival est avant tout, « un bricolage ». « Si tu as des yeux et des oreilles, c’est un bon départ [pour appréhender Cultures Electroni[K]] », plaisante l’organisatrice.

Les deux organisateurs, Gaétan Naël et Anne Burlot-Thomas, mettent en avant les projets étudiants dans ce festival. Apporter toute sorte de public sur toute sorte de lieu : « amener le grand public sur les campus [étudiants] ». Ivan Murit et Justin Bihan, étudiants en troisième année de l’Ecole européenne supérieure d’art de Bretagne (EESAB), vont présenter un projet expérimental Point Over, ce jeudi, à l’occasion de la troisième édition de la nuit Art et Sciences, au Diapason. Point Over, c’est quoi ? C’est mettre des images sur du son. Rencontre.

 

Blog lavierennaise : Bonjour Justin et Ivan ! Vous êtes tous les deux étudiants à l’EESAB. Pouvez-vous présenter, tout d’abord ?

Ivan Murit et Justin Bihan : On a tous les deux un « background » scientifique, on s’intéresse à des concepts mathématiques. Plus scientifique que littéraire, à la base. Mais on dessine beaucoup. Après avoir fait tous les deux un BTS communication visuelle, on est rentrés aux Beaux-Arts pour s’orienter dans la même branche. On a tous les deux des atouts différents. Ivan s’intéresse sur la place des technologies dans la vie de tous les jours et Justin, au graphisme. A côté, Justin joue du piano depuis une dizaine d’années ainsi que dans un groupe de musique bretonne. On s’est rencontrés, il y a un an. Pour le projet Point Over proposé au festival Electroni[K], c’est vraiment un travail d’équipe sur toute la ligne. Au niveau de l’échange et de l’apport des idées, on a pu tout faire ensemble. Chacun avait un regard sur ce que l’autre faisait. Ivan, sur la musique. Justin, sur le graphisme. Ce qui a influencé ce projet, c’était une idée personnelle de Justin : associer des notes de musique avec des sonorités qu’on prononce. Essayer de mettre en relation la musique et la parole ou les couleurs. A côté de ça, Ivan a réalisé un programme qui faisait exactement l’inverse. Cela transformait la couleur en son. L’année dernière, au début de notre collaboration, on a réalisé un programme qui dessinait en fonction de l’intensité de la voix. Pour Electroni[K], on a voulu se lancer dans une connexion plus prolifique graphiquement, mais qui soit toujours entre musique et graphisme.

C’était un projet personnel ?

Oui, totalement. En deuxième année aux Beaux-Arts, il n’y a pas de cours de son. On s’est débrouillés seuls même si on a montré aux professeurs nos projets.

Point-Over a été réalisé l’année dernière ?

Non, il y a trois mois et ce n’est toujours pas fini (Rires) ! En fait, on savait qu’on allait le présenter avant de l’avoir fait. Notre projet n’était pas arrêté sur Point-Over. Le président d’Electroni[K] nous a appelé car il avait entendu parler de nos différents projets. Il nous a dit en avril dernier, « Si cela vous intéresse, vous présentez un projet dans la même vaine, ce que vous voulez ! Il faut un rapport avec le visuel et la musique. » Comme un peu tout ce qui est présenté durant le festival. Notre projet rentrait pile poil dans les cordes ! On a accepté. On a voulu relier le piano à l’ordinateur, pour jouer à partir de cet instrument. Il a fallu savoir comment un ordinateur reconnaît la note jouée, etc. Il y a 88 notes sur le piano et chaque note correspond à un chiffre, que la machine reconnaît. Nous, on a plus qu’à dire : « Si tu joues la note 50, tu fais apparaître telle forme. »

Vous avez mis en place un programme via le logiciel Processing, comment avez-vous réussi à créer tout cela ?

Nous avons tous les deux appris sur le tas, sur internet. Ivan a fait un BTS communication visuelle et avait déjà fait un peu de programmation. Pour Point-Over, c’est un langage très simplifié. Cela n’a rien à voir avec les autres langages informatiques qui ont une plus grande complexité. Processing, c’est juste un traitement de texte sauf qu’il y a un bouton marche et un bouton arrêt. Quand on écrit telle ou telle chose, il doit se passer la chose qu’on a dite à l’écran. Le logiciel lit les informations qu’on écrit de manière brute. On enchaîne des fonctions. La caractéristique de cette expérience est qu’Ivan utilise aussi un contrôleur MIDI. Cela permet de contrôler telle variable : la taille des points, etc.

Et Ivan, tu fais ça en direct lors de la performance ?

Oui, je joue là-dessus, je peux activer ou désactiver des modes mais cela, je le fais en fonction de ce que Justin joue. Il y a aussi une interaction à ce niveau-là. On improvise tous les deux. Justin fait apparaître les formes et je les modifie.

Comment avez-vous travaillé le côté visuel qui apparaîtra sur grand écran lors de la Nuit Arts & Sciences ?

Ensemble. On l’a développé avec le code. Pour l’instant, on joue avec des formes simples. Peut-être que plus tard, cela changera. Cela évoluera. Une complexité va se former. Sur le contrôleur, il y a différents modes, faire des points, les relier par des lignes, etc. On peut combiner tout cela en même temps, en mettre que deux à la fois, par exemple. Il y a beaucoup de choses possibles ! Pour jeudi, il ne va pas y avoir que du piano. Des nappes ont été rajoutées par-dessus, comme par exemple des vibrations. Pour ne pas que cela soit gratuit, on souhaitait que cela réveille des sensations. Utiliser des basses fréquences et des ultra-sons, des bruits qui sont insupportables pour l’oreille humaine. Mais on va le faire très doucement et le faire arriver petit à petit. Ces vibrations, on ne les entend pas mais on les ressent. A des moments, le spectateur va voir des choses à l’écran, entendre le piano et aussi ressentir quelque chose de plus corporel.

Vous disiez que Point-Over était un work in progress.

Oui. Déjà, c’est du live donc c’est de l’improvisation, et le jeu au piano et le visuel. Même si on a établi un programme qui nous a pris du temps, on va réagir sur le moment. Des choses vont nous faire réagir d’une certaine manière parce qu’on est dans tel endroit, parce que le public réagit de telle ou telle façon. On va s’adapter à cela.

Dans vos études, il y a un rapport entre l’art et le scientifique. Mais qu’est-ce qui vous intéresse entre l’art et la musique ?

Par rapport à l’art, moi [Ivan] je n’ai pas du tout une approche conceptuelle mais beaucoup plus sensorielle. Ce qui va m’intéresser dans un musée, c’est l’approche directe plutôt que les œuvres qui utilisent des concepts flous. Les œuvres sensitives m’intéressent beaucoup plus. Quand on a une telle approche de l’art, la musique c’est totalement ça ! Quelque chose de l’instant. L’exploration de nos sens, surtout. Et pour ma part [Justin], tout simplement, des fois on a envie de mettre des mots sur ce qu’on ressent, moi j’ai envie de mettre des images sur ce que j’entends. Aujourd’hui, l’art et la musique sont liés. On fait corps avec la technologie.

Vous savez si Point-Over va être installé dans d’autres endroits que le Diapason ?

On a envie de faire continuer le projet ! C’est pratiquement le début. Réaliser ce projet pour Electroni[K], cela nous a donné un tremplin pour démarrer. On a de l’inertie et il faut qu’on fasse prolonger le truc. Ivan a emprunté un grand câble électrique, un vidéo-projecteur à l’école et pourquoi pas, proposer pendant les soirées de faire des piano-projections dans la rue. Lors d’un concert, on ne voit pas le visuel associé à ce que joue le groupe. Cela pourrait aussi être l’occasion de jouer avec d’autres musiciens !

D’autres projets de prévu ensemble pour cette année ?

Oui, c’est sûr ! (Rires) Déjà des idées. Lundi dernier, on a été à l’ouverture du festival à l’aéroport (NDLR : restitution de la carte sonore de Robert Henke). En revenant dans la voiture, on disait « Ah, j’ai eu plein d’idées pendant que j’écoutais la performance ! ». Il nous a plongé dans un univers qui nous a inspiré.
Jeudi 11 octobre, de 21 heures à 21 heures 30. Entrée gratuite. Hall du Diapason.

Focus sur un blog Rennais #11 : Faunerie

Pour la rentrée, le blog lavierennaise continue la rubrique « Focus sur un blog Rennais », rubrique qui a remporté un succès non négligeable dès le début de sa création, en avril dernier. Toutes les semaines, le blog lavierennaise vous fait découvrir un blog à travers une interview du créateur ou de la créatrice.

Musique, littérature, cuisine, politique, bande-dessinée, le blog lavierennaise ne ferme aucune porte ! Et si cela vous intéresse, vous pouvez me contacter en remplissant le formulaire ‘Contact’ ci-dessus.

Aujourd’hui, le blog lavierennaise vous propose de découvrir le site littéraire et artistique Faunerie de Fanny, étudiante en Lettres à l’université Rennes 2.

 

Bonjour Fanny ! Peux-tu te présenter s’il te plaît ?

J’ai 22 ans et je suis en première année de master enseignement à Rennes 2 pour devenir professeure de Français.

Tu es la chef d’orchestre du webzine Faunerie, qu’est-ce qui t’a donné envie de le créer ?

J’écris depuis longtemps, dans un genre qui est très mal représenté, peu lu et où il est encore très dur de se faire publier : la poésie ! Je me suis dit qu’il fallait prendre les choses en main : j’ai décidé de créer un webzine, qui permettrait de rendre plus visible ceux qui, comme moi, écrivent anonymement. De plus, comme je m’intéresse à la peinture, la photographie, aux arts en général, j’ai trouvé que ce serait bien de créer une plateforme qui rassemble tout ceci.

Magazine littéraire, il a une ligne éditoriale tout à fait différente de celles qu’on trouve d’habitude : «  vitrine d’idées et d’idéaux « vintage » vouant une adoration au Beau et au Bizarre ». Le Beau fait référence à Baudelaire qui est cité à la première page du site et le Bizarre fait référence au fantastique, à la mythologie. Le mélange des deux, ça donne quoi ?

Question difficile ! Le mélange donne ce que nous avons sur le site. Des textes poétiques souvent avec un regain classique inspirés de la nature, la mythologie, des saisons, ou très sentimentaux et des articles photographiques, c’est à dire sur des photographes ayant un univers oniriques assez marqué. Il y a aussi des découvertes picturales, dans lesquelles le Préraphaélisme (NDLR : mouvement artistique né au Royaume-Uni fin XIXè siècle) est très apprécié. Le Bizarre se retrouve dans certains textes, à la fois beaux et grotesques, ou dans les illustrations, qui peuvent être assez inquiétantes.

D’ailleurs, es-tu déjà allée au cabinet des Curiosités de Robien qui a réouvert il y a quelques mois, à Rennes ?

Oui, j’y suis allée et je n’ai pas été emballée plus que ça. Ce n’est pas assez « magique » à mon goût. Il n’y a même pas de fœtus dans du formol, pas drôle ! (Rires)

Chroniques littéraires, artistiques, photographies, interviews, Faunerie traite de beaucoup de choses. Est-ce facile de trouver des idées d’articles sur un thème peu développé de nos jours ?

Oui plutôt, il y a beaucoup d’artistes qui entrent dans nos critères, et à passer beaucoup de temps sur le net, on en découvre des choses…

Votre rubrique la plus active est celle consacrée à la poésie. Mais est-ce vraiment « vintage » comme tu l’as dit dans la description ? La poésie est toujours présente mais n’est juste pas mise en avant…

Le vintage n’est pas forcément dans la poésie. Ce sont surtout les idées et les inspirations qui font assez surannées. Je défends une poésie plus mystérieuse que celle que je peux lire de temps en temps, très ancrée sur le quotidien et comme détachée d’une certaine musique… La poésie est toujours présente, mais bien moins représentée, nuance.

Ce n’est pas que littéraire mais aussi très artistique. Sur le site, on y voit beaucoup de photographies et de photographies de tableaux. Démarche intéressante pour un webzine. D’où te vient ce goût pour l’art ?

Cela fait environ 5 ans que je m’intéresse de très près à l’art, surtout la peinture. Depuis la découverte de The Lady of Shalott de Waterhouse à Londres, à mes 17 ans. Depuis, je n’ai plus cessé de découvrir des nouvelles choses. Ça m’inspire, me permet de rêver, et dans un monde plutôt recouvert de béton et d’idéaux consuméristes et tristes, l’art est une bouffée d’air.

Nouveauté de la rentrée : les dossiers. Le premier est de saison ! En effet, il est consacré à l’automne. Peux-tu en dire plus ?

Il s’agit simplement de quelques articles que je mettrai en ligne tout au long de la saison, contenant un peu de poésie connue ou non, de tableaux et de photographies, axés sur l’automne ! Cela permet de découvrir tranquillement de belles choses, ou de s’en rappeler.

Cinq autres personnes, toutes étudiantes, se sont associées à toi. Cela montre un contraste avec le fait que les jeunes ne lisent et ne s’intéressent plus. Qu’en penses-tu ?

Nous ne sommes que six, ce n’est tout de même pas beaucoup ! (Sourire) C’est évidemment une minorité mais grâce au net, les gens se remettent à lire et à découvrir. L’accès aux œuvres devient gratuit donc je ne sais pas si c’est une réalité, que moins de gens lisent. Peut-être que les « jeunes » ne lisent plus mais ils reprendront peut-être plus tard…

Dans ton magazine, tu as une démarche de faire découvrir les jeunes talents. Est-ce que tu souhaites aussi adresser Faunerie à un public étudiant ?

Oui bien sûr, Faunerie est tout spécialement indiqué pour les étudiants. Je comptais d’ailleurs imprimer des affiches et les coller dans toute l’université Rennes 2 pour faire découvrir le site.

Une publication trimestrielle est prévue des « meilleurs » articles du site, s’il fonctionne bien. Et comment cela se passe depuis la création ?

Pour l’instant, je développe simplement le site, ce qui n’est pas facile. Je ne peux pas encore commencer la publication papier, il n’y aurait pas assez de lecteurs, surtout que je ne ferai pas cela gratuitement. Il y aura, si le projet s’installe bien, des articles du site ainsi que des inédits, sinon cela ne servirait à rien.

Tu es très ambitieuse. Il n’y a pas que le magazine que tu as monté toute seule. Il y a aussi la maison d’édition Les Editions du Faune, qui compte publier uniquement poésie et nouvelles illustrées. Comment cela t’est venu à l’idée ?

La poésie et la nouvelle ne sont pas assez représentées et j’aimerais qu’elles le soient davantage. Je n’ai pas l’ambition d’être le nouvel Albin Michel, simplement de pouvoir faire quelques petits tirages. Pour l’instant c’est en stand by, il faut des fonds pour cela !

Comment comptes-tu développer ton activité ?

D’abord en publiant davantage d’articles, pour cela j’aimerais bien deux autre chroniqueurs motivés. Et davantage de lecteurs prêts à donner un peu pour l’achat futur des magazines papiers. Et si tout cela marche bien, que je récolte suffisamment de fonds, je commence l’édition. Évidemment, il y aura beaucoup de démarches administratives, ça me fait déjà froid dans le dos ! Mais il y a le temps de toute façon.

Que penses-tu de la situation des maisons d’édition et librairies indépendantes à Rennes ?

J’avoue que je ne me suis pas trop renseigné, je me concentre d’abord sur mes études et mon webzine. Mais je devine que ça ne doit pas être facile tous les jours…

Cultures Electroni[K] – Muages : interview de Savannah Lemonnier

La douzième édition de Cultures Electroni[K] a commencé ce lundi et dure jusqu’au 14 octobre. Âge de la « déraison » comme l’appelle Anne Burlot-Thomas, l’une des organisatrices du festival, cette édition propose nuits électroniques, expériences entre nouvelle technologie et musique et projets artistiques innovants. Cela paraît un peu abstrait présenté comme cela mais ce festival est avant tout, « un bricolage ». « Si tu as des yeux et des oreilles, c’est un bon départ [pour appréhender Cultures Electroni[K]] », plaisante l’organisatrice.

Les deux organisateurs, Gaétan Naël et Anne Burlot-Thomas, mettent en avant les projets étudiants dans ce festival. Apporter toute sorte de public sur toute sorte de lieu : « amener le grand public sur les campus [étudiants] ». Savannah Lemonnier fait partie des projets qui ont été sélectionnés, cette année. Tout juste diplômée de l’Ecole européenne supérieure d’art de Bretagne (EESAB), la jeune rennaise a été choisie pour présenter son projet Muages, ce jeudi, à l’occasion de la troisième édition de la nuit Art et Sciences, au Diapason. Entretien avec cette jeune femme pleine de projets. Ses propos ont été recueillis par téléphone.

 

Bonjour Savannah ! Tu viens d’être diplômée en expression plastique, qu’est-ce que c’est exactement ?

Savannah Lemonnier : Oui, j’ai eu récemment mon diplôme de design à l’EESAB de Rennes. En cinquième année, mon travail était concentré sur la scénographie, les objets lumineux essentiellement. Pendant mes années d’études, je me suis  focalisée sur la respiration et le monde sensible. J’ai réalisé un prototype de Muages pour mon diplôme, objet avec lequel je souhaitais déclencher l’évasion. Julien Josse, ancien étudiant de l’ISEA à Rennes, m’a aidé à réaliser tout le côté ingénierie.

Qu’est-ce que cela veut dire Muage ?

Au départ, l’archétype s’appelait Nuage. La forme du nuage m’intéressait de par son côté aérien et léger. Muage est la combinaison du mot nuage et de mouvement. J’ai remplacé la première lettre par un m. Le mouvement représente la respiration: les Muages produisent des respirations lumineuses en fonction d’un rythme déterminé. Ce dernier a plusieurs variantes, il réalise de manière autonome des scénarios lumineux. Il interagit aussi, grâce à des capteurs, avec les personnes présentes placées en dessous et change son scénario en fonction.

Tu as dit que cela représentait un nuage…

L’idée première était de ramener la forme à l’imaginaire. Comme avec un nuage, dans le Muage, chacun y voit ce qu’il souhaite. Cela se forme, se déforme. C’est aussi un travail sur la matière que j’ai fait. Cela se rapproche aussi de la respiration avec les mouvements binaires de la cage thoracique : un Muage n’aura jamais la même forme. Pour les créer, j’utilise des plaques de mousse qui donnent du volume. Je les joins en les cousant. Je crée de manière spontanée, je ne donne pas de forme définie même si je l’oriente dans telle ou telle direction, cela se construit au fur et à mesure. Au final, il garde toujours une part de décision.

Sa confection, c’est un peu comme son fonctionnement même, non ? Interagir avec l’autre tout en gardant une part d’autonomie. 

Oui, je pense que la matière a une propre vie. Le métier de designer, c’est de la guider. Cette autonomie, ma réalisation l’a grâce au circuit imprimé Arduino. Cela permet de programmer de manière aléatoire différents scénarios, comme des « battements » de lumière. Trois paramètres sont à prendre en compte pour en créer de nouveaux : la rapidité, l’intensité et la durée. Cela modifie chaque nouvelle respiration du Muage. C’est dû notamment, à la quantité de monde en-dessous du luminaire et de leurs interactions.

Tu as dit que tu avais crée un premier Muage, lors de ta cinquième année d’étude. Mais ce projet, c’était une commande du festival Cultures Electroni[K] ou tu l’avais déjà réalisé auparavant ?

Lors du salon du jeu à Brest en mars dernier, j’exposais mon prototype. Une connaissance à moi, qui travaille dans l’ingénierie, a parlé de mon projet à Cyril Guillory (NDLR : de l’association Electroni[K]) qui a été intéressé. Ensuite, l’association m’a passé commande de trois Muages que j’ai réalisé pour le festival, dans le cadre d’une scénographie dans le hall du Diapason (NDLR : scène culturelle de l’université Rennes 1).

Dans l’idée de Muages, tu explores notamment le sensoriel, l’un de tes domaines d’études. Qu’est-ce qui t’intéresse dans cette démarche ?

C’est tout d’abord un goût personnel. J’ai toujours aimé la matière, que ce soit de la matière froide comme la céramique ou chaude, comme la mousse. Dans la société actuelle, on est peu sollicités par le toucher, l’odorat. Tout est un peu aseptisé. Je voulais qu’on retrouve un contact privilégié avec la matière, que quelque chose se crée entre le spectateur et l’objet, que les deux soient impliqués. Je privilégie l’expérience au côté fonctionnel.

L’espace est aussi l’un de tes axes de réflexion.

Le fonctionnement du Muage découle de l’espace. Je souhaitais amener vers une expérience sensible. Un objet ne peut pas être appréhendé sans sa dimension spatiale. Cela révèle ou non son existence. A chaque endroit où l’on se trouve, nous y sommes connectés.

Tu as crée un collectif les Gallinulles avec Marine Le Moal, diplômée de l’EESAB Rennes, elle aussi. Toutes les deux, vous prônez un « engagement plastique partagé », notamment, dans l’écologie.

Avec Marine, j’ai réalisé les abris pour les canards au Parc Oberthür ainsi que les Lombricomposteurs primés au salon Jardin jardin. On fait aussi en parallèle nos travaux personnels. Marine est plus spécialiste pour savoir comment mettre l’urbain dans un milieu naturel et moi, plutôt de tout ce qui relève de l’univers sensible. En collaborant toutes les deux, nos projets sont plus fonctionnels et ont plus un impact comportemental. En ce qui concerne l’écologie, je pense qu’elle est inhérente au design. Cette notion doit être digérée avant même de se lancer dans un projet. Le design peut traiter de certaines questions, notamment, comme celui de l’engagement écologique.

Y en a-t-il un dans Muages ?

Ils sont composés de lumières LED et cela consomme peu d’électricité. Je me suis aussi beaucoup inspirée de la Nature mais la mousse que j’ai utilisé est synthétique. On ne peut pas dire que ce soit un objet écologique, ce serait tiré par les cheveux.

Quel impact souhaites tu avoir sur le public ?

Tout d’abord, ressentir le plaisir de regarder les choses sans comprendre quoi que ce soit. J’espère activer l’imaginaire des personnes.

As-tu des projets à venir ?

Je suis actuellement en stage et je travaille avec le Studio Massaud ainsi que le designer Vincent Dupont Rougier. Avec le collectif Gallinulles, on expose aussi cette semaine le lombricomposteur lors de la Biennale Déco et Création, à Pantin. D’ici quelques mois, on espère pouvoir l’éditer. Je vais aussi continuer à passer des concours avec Marine. On forme une équipe. Mais pour l’instant, pas de projet prévu d’ici décembre. Je suis sur plusieurs fronts professionnels.

Jeudi 11 octobre, de 20 heures à 1 heure. Entrée gratuite. Diapason.