Interview de Korkoj

Pour la sortie de leur (presque) premier album début 2012, Tranche finale, et de leur concert jeudi 10 mai pour l’ESRA party à l’Ubu, le blog lavierennaise a interviewé vendredi dernier, le groupe Korkoj (à prononcer Korkoï). Jeudi prochain, ils seront accompagnés de trois autres groupes rock, Black Eastern, In A Nutshell et le groupe électro Splash Wave.

Korkoj compte trois membres avec une formation classique basse-batterie-guitare. Ronan est le bassiste, Frédéric, le guitariste et, des fois, pianiste et Matthieu, le batteur. Ils ont tous les trois d’autres activités professionnelles à côté même si Ronan aimerait que Korkoj devienne un projet plus « sérieux ». Ronan est intermittent du spectacle. Matthieu, membre de trois autres groupes, Mermonte, « le meilleur groupe pop du monde » comme l’avait surnommé Alter1fo, Fago.Sepia et Mantys, a aussi une activité professionnelle à côté. Mais le futur de Mermonte semble très prometteur… Matthieu ne « va pas avoir le choix » quant à arrêter sa profession. Frédéric, lui, est professeur.

En France, on a tendance à coller des étiquettes pour tout type de groupes. Korkoj serait donc du « rock instrumental », mélange de math rock et de sons noisy. Le public, lui, qualifierait cela de « musique d’ambiance » à l’écoute de l’album alors que la racine rock du groupe prouve le contraire. L’album Tranche finale mélange un peu de tout ça. Sons bruts de guitares, mélodies de piano avec une rythmique plus ou moins prononcée, Tranche finale est déroutant de par ces mélanges musicaux mais l’accueil du public en concerts a été bon. Et ce côté pas ou peu « easy listening » du disque, les membres du groupe le reconnaissent amplement. 

Dans l’interview, Ronan, Matthieu et Frédéric parlent de la genèse de Korkoj, le groupe Olgoj Korkoj. Cela permet de mieux comprendre le fonctionnement du groupe et la forte complicité qui les lie depuis six ans. Musique rock, place de la culture à Rennes avec beaucoup de bonne humeur et de passion, voilà ce que vous trouverez dans l’interview.

* * *

Olgoj Korkoj

EN RÉSUMÉ : En 2006, Frédéric, le guitariste-pianiste, a envie de monter un groupe avec son ami d’enfance et la copine de son ami. A eux trois, il y avait deux guitaristes et une chanteuse « à la voix un peu à la Björk très puissante » me dit Matthieu. Ils ont choisi Matthieu, le batteur, et Ronan, le bassiste par connaissances et par volonté d’avoir de bons musiciens avec eux. Voilà la création du groupe Olgoj Korkoj. De personnalités toutes très fortes et différentes, les cinq membres du groupe étaient rarement d’accord. Et c’était cela le moteur de création, réussir à ce que tout le monde soit satisfait du travail. Morceaux travaillés et techniques avec une chanteuse qui réussissait à rendre les morceaux « écoutables » d’un large public, Olgoj Korkoj commençait à se faire connaître. Les deux membres fondateurs du groupe sont partis en Angleterre pour des raisons personnelles. Et la suite, Frédéric, Matthieu et Ronan la racontent dans l’interview.

Frédéric : On s’est dits « Bon, on arrête Olgoj Korkoj » mais on ne pouvait pas se séparer. On avait commencé à créer des choses ensemble et on s’est rendus qu’on pouvait aussi créer des choses tous les trois et que cela fonctionnait. Et vite, très vite, bizarrement. On avait peur de ça au début, on se disait « Si on n’a pas les ronchons à côté, est-ce qu’on va pouvoir créer ? ». Finalement, oui, on peut créer mais différemment. On s’est trouvés un nouveau moteur qui fonctionne pas mal, qu’est peut-être plus axé sur le travail.

(Ronan et Matthieu désapprouvent en souriant et se moquent gentiment de Fréderic.)

Frederic à Ronan : T’es pas d’accord ?

Ronan (rit et reprend son sérieux) : Si, si y’a un côté « aller plus à l’essentiel ». On fait en sorte de ne pas s’éloigner de cette ligne de conduite-là. Quand on compose ensemble, ça peut vite partir dans tous les sens. Du coup, dès que y’a des moments de flottements, quand t’es dans des phases où t’as pas de concerts, où ça s’endort un peu, je trouve qu’on réussit à redonner un coup de collier.

Matthieu : En fait, je ne viens pas à la répet’ et ils font plein de trucs et je leur dis « On fait comme ça, comme ça et comme ça ». Ca fonctionne bien comme cela.

Frederic : Je suis le mec chiant qui structure.

Matthieu : ça fonctionne vachement ce genre de truc. Du coup, voilà, c’est comme ça que ça a commencé Korkoj. Korkoj, c’est nous à Rennes et Olgoj, c’est les deux autres à Londres.

Blog lavierennaise : Et qu’est-ce que ça veut dire ?

Ronan et Matthieu ensemble : Intestins de vache.

Matthieu : En mongol.

Frederic : Enfin, c’est du mongol traduit en tchèque. On ne sait pas trop en fait. Ça se prononce « Olgoj Korkoj » mais ça ne s’écrit pas du tout comme ça en mongole ni en tchèque.

Matthieu : C’est nous qui l’avons changé.

De gauche à droite : Frédéric, Ronan, Matthieu Copyright Audrey Moraux

Frederic : Olgoj, c’est une légende. Cela parle d’un animal mythique qui habite dans le désert du Gobi, désert asiatique. Personne ne l’a jamais vu. Cet animal aurait le pouvoir de tuer par sa pensée ou d’envoyer des gazs nocifs qui tueraient toute vie à trois cents mètres à la ronde. Pourquoi on a choisi ce nom là ? Je ne sais pas.

Ronan : Il y avait un côté un peu décalé avec la musique, une sorte de rencontre aussi de gens d’horizons différents. Du coup, ce qui en sortait de tout ça de la musique, c’est un côté un peu …

Matthieu : ça nous a tous plu. On a trouvé cela un peu musical et puis la légende, ça a …

Frederic : Cela a un côté Lovecraft avec des mots un peu étranges. Cela a l’air de venir du fond du temps.

Blog lavierennaise : Les influences de Korkoj, c’est votre ancien groupe Olgoj Korkoj ?

Matthieu : Pas vraiment. Seulement au début.

Ronan : On s’est détachés de l’ambiance d’Olgoj Korkoj assez vite. Quand on leur a proposé des choses, ça collait plus. On a vraiment crée notre patte. Comme c’était les deux personnes parties à Londres qui étaient porteuses du projet, elles avaient une vision assez  précise de ce qu’elles voulaient. Nous, ça nous a vraiment ouvert vers d’autres horizons. Du coup, quand on s’est retrouvés tous les trois, au niveau de l’émulation de la musique, c’était plus les même. La musique a complètement changé aussi. Parce qu’on n’ a pas la même culture musicale. On s’est « recentrés ». Il n’y avait plus que trois cerveaux au lieu de cinq. Matt’ fait de la batterie, est plus dans son métal avec ses rythmiques, il vient de là. Fred, des choses un peu math rock, rythmique très déstructurée. C’est vraiment ce que t’apportes. Moi, à la basse, c’est plutôt des choses post-rock dans la dynamique. Des riffs qui tournent. On a mélangé tout ça, une bonne base rock.

Frédéric : Et à la longue de mélanger des choses qui n’allaient pas ensemble, on a aussi mélangé des riffs qui n’allaient pas ensemble. Cela a été notre univers, de mélanger des choses qui ne devraient pas l’être.

Ronan : Ce qui est assez marrant, c’est que quand quelqu’un nous propose une idée, en général, et ça c’était vrai pour Olgoj et c’est ce qui nous plaisait, on est toujours surpris. Si Fred amène une guitare ou du piano, c’est toujours un peu déstabilisant pour Matthieu et pour moi. Et moi c’est pareil, quand j’apporte une ligne de basse, je ne m’attends pas à ce que Fred ponde un riff complètement « débile ». Je me dis « Mais non, c’est pas joli ! ».

Frédéric : On a chacun notre rôle dans le groupe. Il y a des aller-retour. Indépendamment, cela ne fonctionnerait peut-être pas mais j’essaye de déstabiliser les morceaux et Ronan arrive toujours à rétablir les morceaux. C’est assez criant pour le projet jazz, je fais des trucs un peu étrange et Ronan arrive toujours à donner de la mélodie et de la cohérence aux morceaux. Matt’ donne une cohérence rythmique.

Ronan : C’est normal, il fait la batterie (Rires) !

Frédéric : Vous êtes des garde-fous pour moi.

Matthieu : Ah bah c’est vrai que si toi on te laissait partir… (Sifflement) Mais qu’est-ce qu’il fait ?!

Ronan : S’il y avait trois Fred dans le groupe, ce serait un groupe de free-jazz, d’improvisation perpétuelle. Y’aurait rien d’écrit. L’idée, c’est de pouvoir construire quelque chose. Ce que je trouve intéressant, c’est ça. Tu racontes quelque chose. A un moment donné, tu racontes quelque chose qui te parle et t’en fais un album. Après l’album il a la vie qu’il a. Moi j’ai vraiment besoin de ça et après, on avance…

Blog lavierennaise : Justement, votre album Tranche finale, sorti en début d’année 2012, c’est votre premier album ?

Matthieu : Oui.

Ronan : Non.

Blog lavierennaise : Vous êtes tout le temps en contradiction, en fait… (Rires)

Matthieu : Voilà, c’est ça. On s’aime pas en fait ! (Rires)

Frédéric : Cet album est parti juste d’un morceau qu’on a envoyé pour Olgoj Korkoj. On voulait créer un nouveau morceau dans notre premier set. Et ce morceau-là, au début, il faisait trois minutes, quatre minutes, cinq minutes et puis on a continué car on s’ennuyait en fait.

Matthieu : Et puis, eux, ils aimaient pas. On a quand même voulu le continuer. Et c’est de là que c’est parti Korkoj !

Ronan : Ce morceau, il est devenu de plus en plus long, plus consistant. On remplaçait le début, on le modifiait. Cela faisait cinq minutes, six minutes, dix minutes et,  à un moment donné, on a eu un déclic de se dire « On fait un seul morceau ».

Frédéric : Quand on a dépassé les vingt minutes…

Ronan : Donc, là, du coup, on voulait pas s’arrêter là.

Frédéric : C’est le déclic  « moitié d’album ». Tu dépasses le temps d’une moitié d’album…

Ronan : …Et tu te dis, on va faire un concert avec un morceau.  On a fait une maquette auto-produite et on est passés en studio très rapidement, en 2009. On a posé cette première tranche intitulée Tranche bancale. Cela a été enregistré en une heure et demie pour cinquante minutes de morceau. C’était « one shot ». Le son n’était pas inintéressant, on a fait un mix rapide, on a masterisé et on a sorti un exemplaire qu’on a déjà diffusé. Cela nous a permis de nous faire connaître un petit peu et, deux ans plus tard, en 2011, on a reposé les bases de ce même morceau qui, du coup en deux ans de temps, a évolué ainsi qu’au niveau du son. On a joué ensemble. Ce que moi j’appelle notre premier album parce que c’est vraiment abouti.

Blog lavierennaise : Cet unique morceau, dans votre album, il y a des moments rock et d’autres plus calmes, c’est de l’improvisation ou pas ?

Frederic : Non, tout est écrit.

Matthieu : Des fois, au niveau rythmique. On ne compte pas.

Ronan : Il y a des zones de liberté. On sait, partout dans le morceau, où sont nos zones …

Frédéric : De moins en moins.

Ronan : Les choses sont figées effectivement mais  chaque concert est différent. On s’ennuierait.

Frédéric : Il y a toujours des choses qui changent. A chaque concert, il y a au moins une minute de morceau qui change à chaque fois. Depuis qu’on a composé l’album, ça commence à devenir très stable. Du coup, on va s’ennuyer.

Blog lavierennaise : Va falloir faire un nouvel album !

Ronan : On a déjà commencé à enregistrer de nouveaux morceaux, on est déjà passés en studio.

Frédéric : Sur un projet complètement différent.

Ronan : Y’a plus de guitare mais c’est le trio clavier-batterie-basse.

Korkoj à l'UBU Copyright Gwendal Le Flem

Blog lavierennaise : Vous avez parlé d’un projet jazz. C’est en parallèle avec votre album ?

Ronan : C’est justement ce nouveau projet. Effectivement, on avance. Ça nous permet nous d’avancer sur deux tableaux. De proposer aussi aux gens un set rock et quand notre set jazz sera bien en place, pouvoir proposer aux gens ce set-là. De faire découvrir un autre aspect de ce qu’on peut faire.

Frédéric : Ce sont deux univers complètement différents. Peut-être qu’on en viendra à un troisième projet…

Ronan : Disons qu’on avait besoin d’une respiration. On avait envie de ça, vraiment une envie de passer par le jazz. Enlever les bouchons d’oreille et puis jouer. D’ailleurs, on a fait deux concerts comme cela et c’était plutôt …

Matthieu : Mais là, on revient au rock. C’est un cycle.

Frédéric : En même temps, c’était intéressant de passer par le projet jazz. On est passés par des ambiances très calmes, cela nous a permis de jouer vraiment dans la subtilité mélodique. De regonfler après, cela n’en prend que plus d’ampleur.

Ronan : On s’est rendus compte d’une chose, c’est qu’on s’est appropriés cet set-là. On se l’est appropriés même physiquement. On a enlevé les chaises, on s’est mis debout. C’est l’état d’esprit général. On s’est dits « voilà, on va rentrer dedans ».

Matthieu : On joue de matière plus naturelle, plus à notre manière.

Fréderic : Avec plus d’énergie.

Blog lavierennaise : Du coup, votre prochain concert, jeudi prochain, à l’Ubu, ça va être rock ou jazz ?

Ronan, Matthieu ensemble : Rock.

Matthieu : Ah oui pour l’Ubu, faut que ça envoie !

Blog lavierennaise : Et quels sont vos prochains concerts à part celui-ci ?

Ronan : Le 16 juin dans les Côtes d’Armor, à Callac. Peut-être le 22 juin à Thorigné-Fouillard pour la Fête de la Musique.

Blog lavierennaise : Sur votre album, il y a des moments plus ou moins doux. C’est une musique d’ambiance sans l’être vraiment…

Matthieu : Oui, faut vraiment voir ça en concert. Des fois, ça part dans tous les sens. Y’a des moments où on joue tellement peu fort que tu entends le silence de la salle. Les gens te suivent vraiment et sont complètement dedans. Là, t’entends rien. Y’a rien dans la salle. T’as capté le public vraiment. Et je pense que de voir ça en concert, c’est vraiment intéressant.

Frédéric : Dès nos premières dates, il y a eu ce phénomène un peu étrange où les gens s’asseyaient. C’était assez rigolo.

Blog lavierennaise : L’Ubu, c’est une bonne salle pour ce genre de choses…

Matthieu : C’est une bonne salle tout court.

Ronan : C’est un lieu mythique, t’es content de jouer à l’Ubu !

Blog lavierenaise : De quel groupe rennais vous sentez-vous le plus proche ?

Ronan : Musicalement, je trouve que sur Rennes y’a une espèce d’effervescence de groupes vachement biens ! Une dynamique de concerts, il y a des trucs qui se passent. Mermonte, évidemment, ça a boosté. Korkoj, il y a eu de bons retours. We Are Van Peebles aussi.

Blog lavierennaise : Oui, ils ont gagné le tremplin Label Mozaïc, jeudi dernier, en plus.

Ronan : Il y a une bonne énergie. Il y a d’autres choses, j’ai pas les noms en tête…

Matthieu : La Terre tremble !!!, tout ça, c’est vachement bien. On a joué avec Patriotic Sunday à Nantes, il y a pas longtemps. Ils jouent bien les gars. Il y a pas mal de trucs sur Rennes, plein de choses. Pour les Jeunes Charrues, sur le Pays de Rennes, il y a eu 108 groupes inscrits. C’est énorme ! lls avaient jamais passés la barre des 100 groupes.

Frédéric : Ça a toujours été, de toute façon, à Rennes.

Blog lavierennaise : Sinon, par rapport à ce qu’il se passe à Rennes en ce moment, les cafés-concerts qui sont de moins en moins autorisés, etc, qu’en pensez-vous ?

Ronan : Par rapport aux lieux ?

Blog lavierennaise : Ce que met en place Rennes…

Ronan : Bah rien, en fait. Il y a quelques salles de concerts où il est possible de jouer.

Matthieu : ça a toujours été comme ça, à Rennes. Toujours été une aventure pour trouver une salle où jouer.

Frédéric : Non, ça n’a pas toujours été le cas.

Matthieu : Va à Nantes ! A Nantes, c’est de la folie.

Ronan : Il y a eu une aversion pour Nantes. Il y a quelques années, il y avait une offre culturelle à Rennes beaucoup plus importante qu’à Nantes. Et là, ça s’est inversé. Nantes, ça cartonne à tous les niveaux. Au niveau de la danse, du théâtre, etc. Tu as une offre incroyable, tu peux voir des choses à Nantes que tu n’auras jamais la chance de voir à Rennes.

Frédéric : Ils ont tué la culture à Rennes.

Blog lavierennaise : Pourtant, on dirait que Rennes favorise la culture mais au final…

Frédéric : Si, ils favorisent une certaine culture…

Ronan : Une culture de masse. On va jouer sur certains noms aussi. Cela ne veut pas dire qu’il y a des choses mauvaises. Je prends l’exemple du TNB, il y a des pointures programmées. Il y a des choses très biens mais après, c’est toujours pareil. C’est la répartition…

Frédéric : C’est pas du développement local. Sur Rennes, ce n’en est plus.

Matthieu : Après, comparé à Nantes, au niveau qualité de groupes, on est au dessus.

Korkoj à l'UBU Copyright Gwendal Le Flem

Ronan : C’est différent, peut-être plus pointu à Rennes. Sur l’aspect rock’n’roll. Après le problème, c’est toujours pareil, il y a tellement de groupes… Le truc, c’est qu’il faut faire le tri des choses chouettes ou pas. Et puis, effectivement, accompagner les groupes sur le long terme, c’est pas évident. Le Jardin Moderne travaille dans ce sens-là. C’est vachement bien. Ça, c’est un lieu alternatif. Tous les ans, c’est remis en cause. Les mecs se battent et se bougent le derrière. Ils proposent des choses mais il faut aller plus loin. Ce qui m’énerve un peu dans tout ça, mais c’est comme ça que ça marche dans le spectacle en général, ce sont les réseaux. Et si tu n’appartiens pas à tel réseau, si tu connais pas telle personne qui connaît toutes les personnes qui tiennent les salles de concerts dans toutes les autres salles de France, et bah tu ne joueras pas. Et ça, ça m’énerve vraiment. Ça fait des années. Je me suis déjà brassé à cause de ça.

Blog lavierennaise :  Un groupe comme Korkoj, vous arrivez à trouver des salles pour jouer ?

Matthieu : Bah, on cherche pas (rires). On n’est pas des commerciaux.

Frédéric : On n’a pas envie de boire des coups avec des personnes pour avoir des salles. Et ça marche comme ça.

Ronan : On est pas des opportunistes. On va pas chapparder tout ce qu’on peut. Il faut avoir une ligne de conduite, être fidèle à soi-même et, évidemment, pas se fermer des portes. Là, on a sorti un CD qui tient la route. On commence à faire de la communication, il faut continuer et, à partir d’un moment, si les gens sont intéressés, dommage pour nous et dommage pour eux. C’est tout.

Frédéric : Surtout dommage pour nous (Rires) !

Ronan : Ce qu’on propose n’est pas un truc standard, de post-rock classique. C’est intéressant d’ouvrir vers d’autres horizons. Même s’il y a des passages dans l’album, caricaturaux.

Frédéric : Ce que je trouve intéressant dans l’album, c’est quand je le fais écouter à des personnes avec une écoute plus neutre, elles me disent  « Olala ! J’arrive pas à accrocher à ton truc. »

Matthieu : C’est normal.

Frédéric : Par contre, dès qu’ils viennent en concerts, « en fait c’est bien », ils me disent.

Matthieu : Parce que t’as une attention quand tu vas voir un concert que tu n’as pas forcément quand tu écoutes un CD. C’est aussi simple que ça.

Ronan : Ce que tu donnes sur un CD, tu t’appliques pour que ce soit propre et écoutable un minimum. Après sur scène, c’est du rock’n’roll. A un moment donné, ce qui compte, c’est le jeu mais c’est aussi l’énergie. Ce qui passe avec les gens, c’est de partager quelque chose. Même si c’est partager un mauvais concert, c’est le vivre ensemble.  Si ce projet a du mal à se diffuser, c’est parce qu’il n’est pas facile à écouter. Ça appuie pas sur le même bouton, nous le truc c’est l’aspect physique.

Matthieu : Il faut faire passer un truc.

Blog lavierennaise : Merci à vous trois d’avoir répondu à mes questions !

 

Après l’interview,  Ronan m’a recontacté pour compléter leurs réponses aux deux dernières questions que je leur ai posées. Ils se sentent proches de deux groupes, le groupe Trunks, « groupe de noise rock, qui, dans un autre style, propose de la musique de passionnés » écrit-il, ainsi que 13th Hole.

Pour la question de la culture à Rennes et ce que met en place la ville, ce serait d’acheter des lieux de répétition et les prêter à une association qui fera tourner la machine en échange d’une participation de la part des musiciens. « Le lieu de création reste évidemment un lieu primordial et ce n’est jamais évident de s’organiser pour trouver des lieux pas trop chers », écrit Ronan. 

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