Bars en Trans 2012 : interview-fleuve de la Rose Noire

Le 19 octobre dernier, le nouveau groupe La Rose Noire monte pour la première fois sur scène au Jardin Moderne, très bien accueilli par le public venu nombreux. Mélange d’hip-hop, d’électro et de dubstep, ce projet est le résultat des influences des trois membres du groupe, Aïtken et Vicking au chant et Votan à la musique.

Sorti leur premier Ep, Hérétique, en octobre dernier sur internet, le groupe a déjà l’envie de sortir un album courant 2013. Leur prochaine date est le 7 décembre, au Mondo Bizarro pour les Bars en Trans. Le blog lavierennaise a rencontré Aïtken et a contacté Vicking par mail. Interview à leur image : très longue mais éclairante sur certains aspects de notre société actuelle.  

 

Blog lavierennaise : Bonjour Aïtken ! Peux-tu présenter ce qu’est la Rose Noire ?

Bonjour Manon ! La Rose Noire, c’est un projet électro, hip hop et dubstep qui est né à partir de l’idée de trois personnes. Il y a Votan aux machines, Vicking à la voix, qui était auparavant dans le groupe X Makeena, et moi à la voix également. Je fais aussi parti du groupe Vortex. En gros, on est parti sur une idée de formation qui fusionne plusieurs styles et inspirations, avec un fond et une forme assez sombres. On a décidé de monter La Rose Noire il y a un an…

Du coup, vous avez travaillé le projet pendant une année ?

Aïtken : C’est ça, oui. Les six premiers mois, on s’envoyait régulièrement les squelettes de morceaux. On les travaillait chacun chez soi et on se les renvoyait en fonction de ce qu’on avait bossé. Cet été, on a pris quatre ou cinq semaines à s’enfermer dans une maison de campagne pour travailler le set pour les concerts et enregistrer l’EP, que nous avons mis en écoute sur internet en octobre dernier. NiCö, ex-compositeur des X Makeena, l’a mixé pour nous, et Sebastien Lorho l’a masterisé au Passage à Niveaux, à Rennes.

Dans le groupe, vous êtes deux Mc’s (ndlr : maîtres de cérémonie). Comment se passe la composition des morceaux ? 

Aïtken : Généralement, on part de ce que fait Votan en instru’. Il nous envoie les premières ébauches et on écrit les textes, en maquettant les voix au fur et à mesure. On échafaude nos parties chacun de notre côté avec Vicking, après on se voit pour faire un point et trouver la cohésion. On repasse ensuite sur la mise en forme des textes selon les modifications qu’apporte Votan sur les instrus, par rapport à nos parties de voix.

C’est un travail collectif quand même.

Vicking : Oui. C’est sûr que cela ne ressemble pas au mode de création que l’on retrouve habituellement dans des groupes avec batterie, basse, guitares, qui sont naturellement enclins à travailler et répéter en commun. Même si on rejoint forcément cette étape dans un second temps, pour préparer le live. On fonctionne d’abord sur un mode d’allers-retours de fichiers numériques et d’idées, par correspondance. C’est rapide, efficace et c’est l’avantage de l’électro et des « home-studios ». Et puis cela ne nous empêche pas de communiquer entre nous sur l’élaboration des morceaux par téléphone, par mails et quand on le peut autour d’un bon whiskey… (Sourire)

Dans la chanson Hérésie de votre EP, Vicking tu écris que la Rose Noire est un « exutoire des traumas qu’on a trop mis de côté, qu’on a omis d’écouter ». Qu’est-ce que cela signifie ?

Copyright : Claire Ronsin

Vicking : Cela signifie qu’on aime se servir de ce projet pour essayer d’appuyer là où c’est douloureux, comme de mettre du sel sur une plaie béante. Identifier les traumatismes et mettre des mots dessus, extérioriser ses démons, pratiquer l’autocritique et la remise en question, tout ça c’est ce qui aide à avancer. Mais je trouve que c’est justement ce qui nous fait cruellement défaut, et là je parle de l’espèce humaine au sens large. Bon, c’est certain que ce n’est pas nouveau mais ça reste quand même flippant. On en arrive à des aberrations malsaines, à une vie collective camisolée et bâillonnée. C’est franchement préoccupant de voir le désert culturel, idéologique, social et écologique gagner du terrain partout. Donc voilà, nous on pense que ce n’est jamais inutile de remettre ça sur la table, qu’importe la forme.

Aïtken : On ne s’est pas mis de limites sur La Rose Noire. On s’est directement dit qu’on faisait ce qu’on voulait, tant pis si ce qu’on fait apparaît aussi noir et qu’importe ce qu’en pensent les gens. Dans nos morceaux, on parle de beaucoup de sujets pas faciles à aborder. Cela passe par le fond de l’âme. Par exemple, en ce moment, on compose un morceau introspectif qui traite de l’accompagnement d’une personne mourante, de la perte d’un être cher, c’est simple mais universel, on est tous confrontés à ça un jour ou l’autre. C’est l’exutoire des trucs qu’on a envie de cracher. En l’occurrence sur ce morceau, des mots qu’on a jamais eu le temps de dire à quelqu’un…

Vicking : Et puis sur d’autres, pour continuer les exemples, ça passe par la rage au ventre instinctive ou bien par l’utilisation de la fiction et de l’anticipation pour parler de ce à quoi on risque de s’exposer sous peu, nano-puces R.F.I.D (ndlr : radio frequency identification), dictatures aux formes diverses, chaos issu de la bêtise ambiante. Parfois on joue les rejetons du diable, bref, tout un florilège d’idées noires et de ressentis qu’on bouillonne de lâcher.

Dans l’interview donnée au webzine Alter1fo, Vicking tu disais que la Rose Noire est, pour vous, « surtout un bon prétexte pour mettre à mal les clichés et les sentiers battus. » Peux-tu expliquer ? 

Vicking : Oui mais je risque d’être un peu méchant (Sourire). En fait c’est surtout un prétexte pour faire ce qu’on aime comme musique. Mais pour nous, effectivement, ça induit naturellement de malmener avec délectation tout ce qui nous énerve d’un point de vue « artistique ». Enfin si on peut encore parler d’art dans certains cas ; que ce soit la soupe commerciale qu’on nous sert partout ou bien même ce que l’on nous présente parfois comme l’ « alternative » qui se résume souvent à des gens incapables d’aligner deux phrases cohérentes et qui travaillent plus leur image que leur son. Le « marché » de la musique et du spectacle en est rempli, il est à la fois triste et risible mais il est à l’image du monde… Donc comme beaucoup d’autres groupes ou artistes, nous on tente juste de prendre tout ça à contre-pied avec notre passion et nos petits moyens, pas obligatoirement de manière frontale, mais entre les lignes et entre deux grosses basses surtout !

Copyright : Claire Ronsin

Le nom de votre EP, cela a un rapport avec la religion ?

Aïtken : Hérétique ? Non, on aimait bien le mot et son sens. Cela collait bien avec l’ambiance des quatre morceaux et avec l’univers général du groupe. Tout simplement!

Avec votre mélange de genres musicaux dubstep, hip hop, électro, vous n’avez pas l’impression d’être un OVNI dans le milieu musical rennais ?

Aïtken : C’est marrant, cette question-là revient souvent dans les discussions ! Les gens font souvent ressortir le fait que ce soit nouveau. C’est vrai qu’on voulait se faire plaisir sur ce projet-là car c’est un mélange de tous les sons qu’on aime écouter. Le hip-hop, c’est la base du truc. J’ai écouté beaucoup de rock aussi, Vicking et Votan également. Il y a un esprit bourrin dans la Rose.
On a essayé de faire un mélange cohérent de tout ça. Après on verra si ça devient un OVNI ou pas, on ne sait pas ce que ça deviendra ! (Sourire) Si c’est le cas, c’est chouette. Sinon, ça ne nous empêchera pas de continuer dans la lignée de ce qu’on a commencé.

Vicking : Je trouve que le paysage musical rennais, et plus largement artistique, est un bon vivier depuis longtemps. On a cette chance là ici. Il y a beaucoup de choses positives qui en ressortent, et de nombreux OVNIs si on regarde bien, au final. C’est cool de sentir que dans cette ville et ses environs, il y a un réel brassage et toujours eu des projets variés et novateurs à émerger et fonctionner par la suite. Des choses de qualité en plus. Et ce qui est vraiment appréciable, c’est que ça touche pleins de styles et de domaines différents, musique, théâtre de rue, danse, arts plastiques, graff, vidéo. Le mélange de tout ça, surtout… ! Ainsi que dans la technique, c’est fou le nombre de techniciens du spectacle qu’il y a dans le coin. Tout ça est super motivant.

Aïtken, tu disais que vos textes étaient personnels, est-ce que cela a pour but de dénoncer aussi quelque chose ? 

Cela dépend des morceaux mais oui, à des moments on peut critiquer certaines choses, aborder des sujets épineux. Il y en a un que j’ai en tête, qui a été écrit dans la douleur parce que c’était une période creuse où cela n’allait pas spécialement. Mais il y a aussi des morceaux où on a envie de balancer des coups de gueule. Cela peut toucher plein de choses, sans s’attaquer à quelqu’un en particulier. Ce n’est pas le but non plus.

Vous parlez d’une réalité ?

Aïtken : On essaie d’être le plus franc possible donc oui, mais toujours en imageant nos propos. On a tendance à faire des textes longs et fournis qui ne sont pas forcément évidents à capter à la première écoute, en concert notamment. Mais ce n’est pas un défaut en soi.

Vicking : Oui et la mise à plat sur disque servira aussi à ça, à la compréhension des textes. En live, ce qui compte le plus, c’est l’énergie, si on comprend pas tout, c’est pas grave, séances de rattrapage sur disque ! (Sourire)

Dans l’interview d’Alter1fo, vous ne vous dites pas pessimistes…

Aïtken : Ah, pas du tout. Au contraire ! Notre musique n’est pas du tout euphorique, c’est clair mais le week-end, on est les premiers à faire la fête et prendre du bon temps. Bon, c’est vrai, parfois on a tendance à s’enfermer dans un manoir, sous l’orage, à écouter de la musique classique ! (Rires) 

Vicking : Comme tout le monde, on a plein de facettes et d’émotions différentes, On a juste eu l’envie d’en privilégier certaines dans ce projet dès le départ. Les plus sombres, c’est vrai. Mais ça reste un univers que l’on crée, ce n’est que de la musique. Rien de plus.

Copyright : Lou Newton

Votre première date de concert, c’était au Jardin Moderne le 19 octobre dernier qui, apparemment, a eu un très bon succès.

Aïtken : Oui, cela nous a touché et nous a fait très plaisir. On a pas fait tant de communication que ça sur cette date, à part sur Facebook. On se doutait qu’il y aurait des potes mais on ne pensait pas qu’il y aurait autant de gens à venir ! Sur les dates qui ont suivi celle du Jardin, il y a eu pas mal de monde aussi. Et puis, en plus on a la chance de bosser avec NiCö au son, ce qui est important. Il nous apporte plein de choses.
On a aussi Rémi qui est aux lumières et qui nous a mis à disposition une grosse partie de ce qui servait aux Makeena sur scène (ndlr : le groupe s’est séparé l’année dernière) en personnalisant le tout pour La Rose Noire, bien sûr ! C’est une nouvelle créa pour lui. Du coup, on a une grosse structure de lumières, des bras rétractables avec « lampes de chirurgiens » que l’on peut déplacer et des rétroprojecteurs aussi. On veut poser un univers sur scène, ce n’est pas juste les trois musiciens qui viennent et qui repartent. C’est une expérience en or de bosser avec ces gars-là.

Tu m’as dit, Aïtken, que ce mois-ci, vous alliez faire une pause. Votre prochaine date est les Bars en Trans, au Mondo Bizarro. Comment appréhendes-tu le concert ?

Impatient, c’est le 7 décembre prochain ! En mode rock’n’roll sans la déco de scène mais avec beaucoup de sueur, on espère ! (Sourire) On profite du mois de novembre pour régler tout ce qui nous reste à régler, avancer sur un teaser vidéo pour le live, avec la captation du Jardin Moderne notamment, faire un peu de com’ et créer notre association. On avance sur d’autres morceaux.. On est en train de voir pour faire un petit pressage CD de l’EP et commencer à démarcher.

Vous allez sortir un album courant 2013.

Aïtken : Oui, c’est ce qu’on aimerait en tout cas. Il est en cours d’écriture, il y aura certainement des morceaux qui étaient sur l’EP, qui seront ré-enregistrés, d’autres que l’on joue déjà sur scène et sûrement de nouvelles tracks qui verront le jour d’ici là. Pas mal d’invités sur un ou plusieurs morceaux aussi, on garde le suspense dessus mais ça risque être chouette !

Vicking : On compte prendre le temps de bien faire les choses, on vise 2013, oui, ça reste vague mais ça nous donne quand même une échéance. On verra aussi en fonction de l’évolution du groupe, de celle des morceaux en live et puis des opportunités qui se présenteront à nous. On ne se met pas trop la pression, juste ce qu’il faut, quoi.

Dernière question : sur votre EP, il y a un morceau entièrement instrumental, Otherside. Va-t-il y’en avoir d’autres sur l’album ?

Aïtken : Il y a de fortes chances, oui. C’est important de laisser de la place à Votan, seul, afin de faire respirer l’ensemble, ne pas surcharger le tout. Et puis ça permet aussi de proposer d’autres couleurs et d’autres ambiances au projet.

 

Ecouter l’Ep Hérétique sur SoundCloud ou Bandcamp

 

I’m from Rennes : la Finale a tenu ses promesses

Hier soir, la salle de la Cité a accueilli 5 groupes rennais, Manceau, Juveniles, The Popopopops, Wankin’ Noodles et Success. La raison ? Soirée de clôture, appelée Finale, à l’occasion de la première édition du festival, I’m from Rennes. La radio Canal B, l’association Fake Records et le groupe Success ont co-organisé une semaine musicale dans les café-concerts, appartements, etc. uniquement dédiés à des groupes rennais. Rennes a pu (re)voir entre autres Mermonte, Tiny Feet et les cinq groupes présents hier soir.

I’m from Rennes veut montrer que Rennes bouge en dehors des Transmusicales bien que les cinq groupes à l’affiche ont tous été révélés au public via ce festival. Jo, l’un des membres du groupe Success, le confie au Mensuel de Rennes : « A Paris, on a une vision très « Transmusicales » de Rennes. » David Morvan, réalisateur du documentaire Rock Da Breizh, expliquait au blog lavierennaise que pour lui, cette nouvelle génération rock à Rennes n’avait aucune distinction propre à la ville. Alors, Rennes a-t-elle une relève ? C’est ce qu’a voulu prouver I’m from Rennes et c’est en partie réussi : les cinq groupes ont enflammé la Cité pour une soirée mélangeant pop, rock et électro. Rennes n’est plus la ville rock d’antan mais se diversifie dans les genres, pour notre plus grand plaisir. Report sur quatre concerts de la soirée.

 

Manceau réveille en douceur les Rennais

19h45. Manceau a commencé depuis un quart d’heure pétantes. Le concert commence à l’heure. Dans la salle de la Cité, le public est dispersé mais bien présent pour accueillir le groupe. Être le premier dans un concert n’est jamais évident, surtout pour un groupe aux mélodies pop. « Il est un peu tôt mais on va essayer de vous faire groover sur la prochaine chanson », dit timidement Julien Vignon, chanteur du groupe. Leurs mélodies électro mélangées au bruit sec de la basse et de la guitare sont agréables à écouter. Life traffic jam, leur premier album sorti en juin dernier, est très calme et entraînant. Au milieu de leur prestation, ils jouent leur titre phare, Full time job. Quelques acclamations de la part du public connaisseur. Les autres écoutent, réceptifs. Les lumières donnent de la vie à cette musique quelque peu statique.

« Vous l’avez compris, le principe de cette soirée, c’est de réunir beaucoup de bons copains », explique Julien. Que ces cinq groupes se connaissaient bien, on le savait. Qu’ils aient réservé de jolies surprises au public pour ce concert, ça, on ne s’y attendait pas. Ce vendredi soir, chaque groupe a la sienne. Manceau a invité Florian Mona, multi-instrumentiste et parolier pour jouer le morceau, Le large, de son prochain album éponyme. Très belle surprise, Manceau et Florian Mona chantent en français pour un moment nostalgique mais très rock, qui ferait penser à Etienne Daho. Le dernier morceau de Manceau joué pour la Finale est About it, où le piano et la batterie se mélangent. Il s’accélère et monte en puissance jusqu’à la dernière note de piano. Le groupe a relevé le défi : passer en premier sans trop en faire, ni trop énergiques, ni trop immobiles durant leur show.

Juveniles : un set bien rodé, meilleure impression

Le blog lavierennaise avait vu les Juveniles en mars dernier avec les Total Warr et Sarah W. Papsun, au Point Ephémère, à Paris. Leur prestation n’avait pas vraiment été à la hauteur de leur image électro pop nationale. Il y avait un flagrant manque de communication avec le public. Mais pour la Finale, Jean-Sylvain Le Gouic et ses deux acolytes ont fait bien meilleure figure. Le trio aux claviers et à la batterie arrive sur scène et est déjà acclamé. Il en faut peu pour le public pour danser. Le temps de deux chansons, Ambitions, et la plus plébiscitée de leurs chansons, We Are Young, pour que tout devant, cela s’agite, cela remue les jambes. Jean-Sylvain troque le synthé pour une guitare et prend une goulée de whiskey Jack Daniel’s : « Santé ! », s’exclame-t-il. Quelques rires fusent. Christophe, derrière les platines, se déchaîne et danse de son côté au rythme de la batterie et des sons électro.

La spécificité du groupe, c’est de faire une courte pause en plein milieu de la chanson. Au moment où la chanson prend toute sa force, on croit que c’est la fin. Un peu brutale, certes. Alors les applaudissements et les cris commencent et la chanson reprend de plus belle. Une fois, deux fois, trois fois… Que les Rennais se sont fait avoir. Plusieurs fois, Christophe chantait et Jean-Sylvain, jouait au synthé. Ils ont souvent changé les rôles. Leur surprise a été d’inviter Julien Vignon sur scène, chanteur du groupe Manceau, pour une reprise d’une chanson du groupe rennais, O Safari. Ces derniers n’ont pas pu venir pour la Finale, « faute de temps », explique Jean-Sylvain. « C’est la première fois qu’on joue à Rennes depuis les Transmusicales et ce ne sont que des super souvenirs ! », termine Juveniles avant de se retirer. Ils ont réussi à mettre l’ambiance, dans la salle de la Cité. Le public n’a pas vraiment bougé comme il a pu le faire à Paris mais on le dit et le répète, les oreilles avisées de Rennes sont exigeantes. Mais satisfaites.

The Popopopops, les rois de la soirée : très belle surprise

On avait déjà vu les Popopopops, surnommé les Pops, sur scène en 2008 à l’occasion d’un concert caritatif. Et les voici en 2012, à la salle de la Cité faisant partie des groupes émergents rennais. En quatre ans, du chemin a été parcouru. Sur scène, ils paraissent moins « lycéens », plus pros. C’est en effet le mot qui caractérise tout leur set de ce soir, les Pops sont devenus des professionnels. Et leur renommée s’est nettement agrandie.

Fini le lycée Emile Zola, désormais les choses sérieuses ont commencé. Tout le public hurle, lève le bras droit, poing serré. « Cela va être rock’n’roll », prévient le chanteur avant d’enchaîner sur la chanson R’n’r. Sa voix grave et sensuelle donne de la puissance aux chansons de leur EP, My mind is old. De leur propre initiative, les spectateurs frappent dans leurs mains. « On a eu beaucoup de mal à choisir la chanson suivante car elle est ancienne. On a choisi Dance tonight qu’on souhaitait jouer pour la dernière fois, à Rennes », dit Victor Solf, le chanteur. Cette chanson avait entraîné les foules lors de leur show, en 2008. Et elle fait toujours autant le même effet, le public se met rapidement à danser dès les premières notes. Victor la joue plus rock et a une réelle prestance scénique. Le public rennais est conquis. Encore un peu plus de décibels : les Pops ont invité Jean-Sylvain de Juvéniles pour faire une reprise des Doors, Break on through to the other side. Le public est encouragé à chanter avec le groupe. Les Popopopops ont promis « plein d’exclus » et ont chanté pour la première fois sur scène, un morceau de leur prochain album, Text me, call me. Cerise sur le gâteau : le groupe a invité une autre personne pour son show, un trompettiste. Le set finit sur My Mind Is Old, pour le plus grand bonheur du public. Pour exciter le public, Victor lance : « Est-ce qu’on est une famille Rennes ? ». A méditer. Peut-être pas une famille mais en tout cas, une très bonne ambiance règne autant entre les groupes que dans la salle. On en redemande.

Le rock garage provoquant des Wankin’ Noodles enflamme la Cité

Les Wankin’ Noodles ont comme tous les groupes de la soirée, fait les Trans musicales et ont sorti leur album cette année. Les Wankin’ Noodles, on en entendait parler. On les savait en bons termes avec les Juveniles -l’ancien guitariste Jean-Sylvain Le Gouic étant l’actuel chanteur du groupe- et les Way Of Life. Mais sinon, pas plus. C’est donc avec grand étonnement qu’on trouve que les Wankin’ est un groupe rock déjanté. « Nous ne sommes pas morts et bien vivants », rugit Régis Thomas Pécheu, le chanteur. Ce dernier arrive en trombes. Le son est amplifié, la batterie plus forte mais cela donne plus envie d’être dans l’ambiance. Dès les premières chansons, le chanteur se met sur un ampli et félicite le public rennais par rapport à celui de Paris, moins énergique. Forcément, cela fait son petit effet.

Tous habillés en noir, le groupe est composé d’un guitariste, un bassiste et un batteur. Formation classique de groupe rock contrairement à Manceau, Juveniles et les Pop’s. Le rock explosif fait penser à certains moments à du Green Day : choeurs et guitare électrique. Régis va dans la fosse, s’étale sur le public. Une véritable pile électrique : « qu’est-ce que c’est bien d’être à Rennes ! » Ce qui fait la différence, leurs chansons sont majoritairement en français. Leur nouveau tube, Tu dormiras seule ce soir, « pour vous les filles », fait danser les Rennais. Et comme dans tout groupe de rock, c’est la gente féminine dont parle le plus souvent les Wankin’ Noodles (L’amour dans le noir, Tu dormiras seule ce soir, Tu veux danser avec moi). Pendant le concert, Régis enlève la cravate et déboutonne sa chemise, l’ambiance est bouillante. Il en perd même ses lunettes. Show impeccable, énergique et communicatif. Leur surprise à eux : un duo avec James Eleganz, chanteur de Success. Très réussi et rempli de complicité, les deux compères sont bras dessus bras dessous.

Le seul hic ? Les paroles en trop du chanteur lors du « moment téléthon », comme il l’a qualifié. Il a dénigré ses chansons écrites auparavant et a souhaité aux groupes rennais, la même réussite qu’eux. Qu’ils deviennent « les futur Wankin’ Noodles ». Pour cela, il a encouragé le public à se « bouger le cul pour aller dans les café-concerts » et aller applaudir, entre autres, The 1969 Club, The Way Of Life, Micronologie, Bikini Machine, Dj Marrtin, We Are Van Peebles, Cardinale et O Safari. Étonnant de la part du chanteur d’avoir de tels propos quand on sait que certains groupes cités font les Trans musicales cette année et que d’autres entament des tournées nationales voire internationales. Pour autant, la prestation est bonne et ces paroles ne voulaient dénigrer personne. Les Wankin’ Noodles n’ont pas failli à leur réputation, un nom à retenir.

Le blog lavierennaise n’est pas resté pour Success mais vu l’énergie qui ressortait du duo avec les Wankin’ Noodles, on ne doute pas de l’ambiance dans la salle de la Cité. Pour les plus courageux du public, une After était organisée à l’Ubu jusqu’au petit matin. Les cinq groupes étaient aux commandes. Et il y en a eu de très bons échos.

Avec la Finale d’I’m from Rennes, les groupes rennais se confirment sur scène. Oui, la relève musicale rennaise est assurée. Mais contrairement à ce qu’on pense, une relève pas seulement rock. Dans quelques années, on sera fier de dire « I’m from Rennes », à l’étranger.

 

Photographie : Pilougraphie.fr / Flickr d’Alter1fo.com et site

Mein sohn william, BRNS et Breton : concerts énergiques, soirée réussie

Accueillir Mein sohn william, groupe de noise rennais, BRNS, pop enragée belge, et Breton, révélation des Trans musicales et de la Route du Rock 2012, était un très beau cadeau offert par la salle de concerts, l’Antipode, à Rennes. C’était l’un des concerts les plus attendus dans le milieu rock de la programmation de cette salle de concerts. Pour dire, il affichait complet. Retour sur une soirée énergique et réussie, avec une bonne ambiance, qui fait oublier, l’histoire de quelques heures, le crachin breton, à l’extérieur.

 

Mein sohn william, véritable pile électrique

Le seul groupe rennais inaugure en premier la soirée. Dorian Taburet, désormais accompagné d’Antoine Bellanger, commence en grande pompe. On en entendait beaucoup parler. Ses passages dans les bars, La Bascule et le Oans Pub pour ne citer qu’eux, ont été remarqués (voir les reports sur Alter1fo). C’est une découverte ce soir pour le blog lavierennaise. Et elle a été déroutante. Les deux jeunes hommes arrivent, à la fois timides et très à l’aise. Cette contradiction se retrouve dans leur musique, tantôt douce, tantôt surexcitée. Our naked president plante le décor : Mein sohn william est un groupe complètement décalé, à la fois très drôle et subtile. Les deux compères sautent, dansent, hurlent et font même semblant de pleurer à gros sanglots. A l’aide de pédales de loop, les sons des synthétiseurs, de guitare électrique, voix et autres percussions, se mélangent pour former une ambiance noise. Le public se laisse porter par ce cocon de sons, où la voix n’a qu’une faible importance dans les chansons. Ce n’est pas une musique que l’on écoute, pour essayer de comprendre, mais que l’on ressent. Et on se laisse volontiers transporter, en leur compagnie.

« Bande de patates ! », lance Dorian, la tête pensante de ce projet, à la fin de la chanson Patate. Pas de réaction. Il faut dire que le public ne s’attendait pas à cela. Mein sohn william a tout donné, à la surprise générale. Dorian Taburet est connu pour faire des shows surchauffés, voire même un peu trop. Mais à deux, leur énergie est décuplée. Certains sont réticents et vont acheter quelques bières, histoire de passer le temps. D’autres déjà conquis, apprécient la prestation scénique du groupe, qu’ils trouvent plus fluide, carrée et propre depuis la formation du duo, il y a quelques mois. Quelques personnes dansent frénétiquement au rythme de leur musique. « Vous pourrez venir nous voir là-bas [dans l’autre salle de l’Antipode], on sera en train de dormir », conclue Antoine Bellanger. Et ils l’ont bien mérité. Mein sohn william a montré que le niveau était très élevé, ce jeudi. Belle découverte.

BRNS ne rate pas ses promesses

Un bon point pour la salle de l’Antipode, les changements de plateaux ne sont pas très longs. Vingt minutes grand maximum. Dix minutes de retard seulement sur la totalité du concert. 22 heures et des poussières, la salle pleine à craquer est prête à accueillir BRNS (à prononcer, Brains), groupe de rock belge. Le blog lavierennaise en avait entendu parler lors de leur premier passage en Bretagne, au festival Art Rock, en mai dernier. Malheureusement, on ne pouvait pas aller voir leur prestation. Les critiques musicales les louaient. Alors, nous aussi, on s’est fait notre propre avis. Ce groupe est, personnellement, le coup de coeur de la soirée.

BRNS, c’est une batterie, des guitares électriques et deux chanteurs : l’un guitariste, l’autre batteur. Cela change la façon de regarder un concert. Le batteur, situé à droite de la scène, est le chanteur principal. Le regard penche vers la droite, sans arrêt. Leur set commence très fort. Dès leur deuxième chanson, Here Dead He Lies, le public est transporté. Les deux voix suaves des chanteurs n’y sont pas pour rien. Rythme rapide de batterie, quelques notes de xylophone, un riff de guitare et leurs chansons deviennent obsédantes. Prestation impeccable pour ce jeune groupe. Le premier EP, Wounded, sorti il y a quatre mois, donne à voir la suite. A savoir : quelques titres joués sur scène sont inédits. Leurs chansons fonctionnent par vagues, elles posent une ambiance, puis deviennent plus rapides ou lentes pour prendre de l’ampleur à la fin. Même méthode sur scène. L’heure passe vite. Trop vite. Leurs deux derniers morceaux, dont fait partie Mexico, ont fait chanter le public de choeur avec BRNS. Dès la fin des dernières notes, la seule question que tout le monde a en tête est : « Vous revenez quand en Bretagne ? ».

Breton : « Rennes nous a inventés »

Mais même si les deux groupes, Mein sohn william et BRNS, ont régalé les oreilles des uns et des autres, la raison d’une telle affluence à l’Antipode était sans aucun doute, pour Breton. Découvert pendant les Trans musicales 2011, le groupe anglosaxon s’est retrouvé être le groupe à avoir pour tous les programmateurs de concerts. Un exemple, Breton était à la Route du Rock, en août dernier. Et ceux qui ont raté ces deux rendez-vous, ont eu la chance de se rattraper hier soir. Piqûre de rappel : le phénomène Breton est d’origine londonienne, formé de cinq membres. Ils ont sorti leur premier album cette année, Other’s People Problem. Ils ont commencé l’aventure par des réalisations de vidéos, ensuite mises en musique dans une ancienne banque de Londres, surnommée BretonLABS. (Source : Alter1fo)

Leur prestation scénique est tout à fait différente des deux autres groupes, de par la présence d’un projecteur. Deux ordinateurs sont disposés aux extrémités de la scène. Le public hurle et montre son envie de voir les anglais arriver le plus rapidement possible. L’Antipode est surchauffée lorsque le(s) Breton arrive(nt). Dès la première chanson, un clip commence, mélangeant science fiction, vie de tous les jours et expériences scientifiques. Pendant tout le show, le groupe est dans l’obscurité, pour laisser le public savourer les images. L’énergie donnée par le groupe se transpose sur le public. A côté du chanteur, l’un des guitaristes encapuchonné hoche la tête en fonction du rythme et récite à mi-voix les paroles des chansons psychédéliques entre électro et rock.

Roman Rappak, le chanteur du groupe, discute avec le public et parle dans un français impeccable. Leur ambiance très futuriste rend l’Antipode en transe. On ne sait plus où donner de la tête, regarder les clips ou profiter de l’ambiance ? Le chanteur aime à rappeler que ce sont les Trans musicales qui a révélé le groupe. « Rennes nous a inventés », répète-t-il plusieurs fois. Breton termine la soirée avec des morceaux exclusivement électros, pour faire danser les Rennais. Et cela fonctionne ! Toute la salle danse frénétiquement et chante. Leur musique expérimentale est très entraînante, le public ravi.

Mais il y a un couac. Pourtant il y a tous les ingrédients, un groupe et une salle déchaînés. Il manque quelque chose. Il manque LE petit plus. Question d’alchimie musicale. L’alchimie a mieux prise, personnellement, avec BRNS que Breton, ce jeudi soir. Mais on reste avec une très bonne impression d’ensemble. Le trio Mein sohn william, BRNS et Breton a été à la hauteur de toutes les attentes. On repart de l’Antipode fatigués et avec le sourire.  

The Wâll Factory sort son premier EP, le 19 octobre

Vendredi soir prochain, le 19 octobre, la salle du Crij, le 4Bis, accueille le groupe rennais The Wâll Factory pour la sortie de son premier EP, The Initiatory Road. Mais pas seulement. La soirée the wâll factory release party présente aussi l’exposition « Dessine moi une usine/un bison » et projection de clips.

Pour en savoir plus sur cette soirée étonnante, le blog lavierennaise est allé à la rencontre de Michaël, le créateur du projet et Misst1guett, que le grand public connaît grâce à l’affiche de l’édition 2012 de Quartiers d’été, graphiste et illustratrice qui a réalisé la pochette du CD.

 

L’adage dit que le phœnix renaît de ses cendres. Pour la musique aussi, cela fonctionne. The Wâll Factory est né après la fin du groupe, Lebowski, groupe de chansons françaises. Michaël, à la tête du projet du « mur de l’usine », en avait fait parti en tant que chanteur et accordéoniste. La formation s’est arrêté il y a deux ans pour différents « choix de vie », explique Michaël.

L’idée de créer un projet solitaire a germé dans la tête du jeune trentenaire un an plus tard. Depuis membre dans un autre groupe The Doods, le jeune homme avait aussi envie de créer quelque chose qui lui ressemble personnellement. Pour cela, il a réuni deux éléments qui lui sont chers : l’usine et le bison. Ces deux symboles se retrouvent très clairement sur la pochette du premier EP, The Initiatory Road (voir ci-dessus). Misst1guett, l’illustratrice de l’album, l’avoue : « C’était vraiment un projet personnel, c’est Michaël qui m’a dit quoi faire. J’ai juste eu l’idée de le dessiner en bison et cela lui a plu. (Sourire) »

Bison + usine = The Wâll Factory

« Le bison vient d’un voyage au Mexique », se souvient-il, « quand je l’avais vu, il m’avait fasciné. » Avec une touffe de cheveux encore plus volumineuse et un air agressif, la ressemblance entre lui et l’herbivore serait frappante. Ou presque. En ce qui concerne l’usine, cela fait un clin d’oeil à une industrie visible route de Lorient à Rennes, qui a une architecture psychédélique. « Je l’ai surnommé l’usine Pink Floyd », plaisante-t-il. Ce surnom n’a pas été donné au hasard. « Ce groupe fait parti de mes influences musicales », précise Michaël. Et ses influences, elles sont diverses et variées. Cela va de Nirvana à Beck en passant par des mélodies « plus rythmées, plus pop, moins grand public », ajoute-t-il, comme 31 Knot et Why ?.

Dans The Initiatory Road, le jeune homme a voulu joindre des « sons industriels » à ses morceaux. « Cela donne une rythmique différente de celle des groupes de rock. » Il y ajoute aussi des bandes son qu’il enregistre auparavant, avec différents instruments, synthé, guitare et accordéon. Cet EP, il l’a fait seul chez lui avec son ordinateur et quelques logiciels. Miguel Constantino, portuguais d’origine et quimperlois désormais, a produit ses chansons : « il est très reconnu dans le milieu indépendant musical. » D’ailleurs, la chanson Constantino lui est dédicacée.

The wâll factory release party

A la fin de l’enregistrement de son EP, Michaël veut donner une « vie aux réseaux sociaux » en lançant un concours en rapport avec l’album. Pierre deux coups. Cela a aussi montré une visibilité à son projet sur Internet. C’est ainsi que « Dessine-moi un bison/une usine », et non un mouton, est né. Les dessins ont afflué, « il y a eu des trucs vraiment pas mal », dit-il. Pour les remercier, une vingtaine de dessins sera accrochée pendant la soirée du 19 octobre, au 4Bis. Mais ce n’est pas tout ! Quelques-uns de ses anciens camarades de l’Esra (Ecole supérieure de cinéma et d’audiovisuel) de Rennes et amis ont réalisé pour l’occasion des clips inspirés de ses morceaux, selon leur sensibilité artistique. Par exemple, Misst1guett a crée un clip animé à partir de croquis qu’elle a faite. Trois sont finis et vont être visualisés avant le concert. Deux sont inédits. « Quand il y aura plus de matière, les clips seront peut-être projetés pendant les concerts », espère Michaël.

Ce vendredi, c’est aussi la première fois que The Wâll Factory ne se produira pas tout seul mais accompagné. Michaël a invité deux anciens membres du groupe Lebowski, le chanteur du groupe avec qui il joue The Doods, le chanteur du groupe Tahin ainsi que celui de Seeya. Toute cette troupe de musiciens sera présente pour jouer et chanter avec Michaël pendant ses différents morceaux. L’ultime chanson du concert les réunira tous. Cette soirée, au final, c’est Une route initiatique musicale qui rejoint le passé, Lebowski, le présent, The Doods, et le futur, The Wâll Factory, projet qui prend son envol à partir du 19 octobre.

 

Vendredi 19 octobre. 4Bis. 21 heures.
Prix d’entrée : 5€ Prix d’entrée + l’EP : 8€ 

Tinté Art’Rue : interview de LYS

Le groupe LYS, crée en 2007, commence à s’imposer sur la scène rock française. Voix suave, riffs bien rythmés et sensualité sur scène, les quatre membres d’origine breizh-illienne assurent le show. Largement inspiré de Placebo et de Radiohead, LYS se fait, au fil des années, remarquer avant même la sortie de leur premier album, prévue pour janvier 2013.

Lors de la dixième édition du festival gratuit Tinté’Art’Rue, situé à Tinténiac dans le nord de Rennes, les Rennais ont été programmés en tête d’affiche, ce samedi. Pour l’occasion, le blog lavierennaise a rencontré Nicolas, le fondateur et chanteur du groupe, Mathilde la bassiste, Maxime le batteur et Anthony le guitariste. Au programme : retour sur les débuts et leur fulgurante montée dans la « cour des Grands » ainsi que des projets futurs, et notamment, leur passage à l’Olympia le 24 septembre prochain.

Bonjour à tous les quatre ! Nicolas, tu es le fondateur du groupe LYS. Comment l’as-tu crée ?

Nicolas : Cela remonte à l’année 2006-2007. Je composais dans mon studio. Au bout d’un moment, j’avais le désir de faire de la scène. Dans le groupe, il y a eu plusieurs formations. J’avais fondé la première avec des amis d’enfance. Puis le groupe a évolué et d’autres musiciens ont participé au projet. La formation actuelle existe depuis août 2011, depuis l’arrivée du batteur.

Qu’est-ce que cela a changé dans le groupe cette nouvelle formation ?

Nicolas : L’état d’esprit a évolué. Ce qui a changé, c’est la détermination sur le projet.

Vous faites toujours des études en parallèle ?

Mathilde : Oui, on est encore deux à faire des études.

Maxime : Ah bah oui, on vit plus de la musique, c’est fini ça ! (Rires)

Anthony : Mais on y croit toujours, on est de beaux rêveurs.

Vous avez tout de même rencontré plein de pointures du rock comme Steve Hewitt, l’ex-batteur du groupe Placebo. Comment avez-vous réagi lorsqu’il s’est intéressé à votre projet ?

Nicolas : J’étais sur un petit nuage ! Cela faisait quelques temps que je l’avais en contact sur Facebook sans savoir si c’était son « vrai » Facebook. Il se trouve qu’un soir je l’ai invité à un concert à Londres car on a joué à Londres en avril 2010, lors de l’ancienne formation du groupe. Il est venu à notre concert à ma grande surprise et là, oui, j’avais les larmes aux yeux… (Sourire) Il a bien aimé notre projet et nous a proposé directement de produire l’album mais cela a mis du temps…

Lorsque vous êtes allé une semaine en studio avec lui l’année dernière, vous avez enregistré votre premier album ?

Nicolas : Oui, lui ainsi que Paul Corkett, l’ingénieur son des Cures entre autres. Il travaille avec Steve Hewitt et a donc été avec nous. Tout s’est déclenché à cette rencontre, il y a deux ans. Ensuite comme le groupe a changé, il a voulu le revoir et cela lui a encore plus plu !

Anthony : Il nous a proposé d’être la première partie de son concert à la Flèche d’Or, à Paris avec son nouveau groupe, Love Amongst Ruin.

Nicolas : Et ce soir, on est à Tinténiac…

Cela change ! (Rires) Vous alternez beaucoup des « petits » festivals et des grandes scènes comme à Paris, à Londres et dans deux mois, à l’Olympia.

Nicolas : On est à un stade où il faut tourner. C’est bien de changer, c’est marrant.

Maxime : On a joué sur des petites scènes d’abord et on est montés crescendo. Une expérience très formatrice. Cela me paraît logique au début de démarrer à « partir de rien » et puis, de faire évoluer le projet.

Vous donnez l’impression d’avoir été propulsé sous les projecteurs très rapidement.

Mathilde : Au final, cela s’est un peu fait sur la longueur.

Anthony : Cela fait pourtant quatre ans que le groupe existe.

Oui mais par rapport à d’autres qui ont du mal à trouver des salles pour se produire…

Mathilde : Je pense qu’on est un groupe assez constant. On a toujours eu de l’actualité régulièrement depuis le début du groupe. Et on évolue de plus en plus.

Nicolas : D’un œil extérieur c’est vrai qu’on dit souvent « ça cartonne votre groupe ! ». Quand t’es à l’intérieur, c’est différent.

Anthony : On a eu la chance de rencontrer du monde. Cela joue aussi.

Vous avez quand même joué assez rapidement à Londres et à Paris. Quand on recherche des informations sur LYS, on ne tombe pas tellement sur des informations locales, rennaises. C’est tout de suite les grandes salles.

Nicolas : Au début, si. Avec la première formation, on a fait toutes les salles de Rennes. L’Ubu, l’Antipode, Liberté, la Cité, etc. C’est vrai qu’on est peut-être moins médiatisés à Rennes qu’ailleurs.

Et vous ne le regrettez pas trop ?

Nicolas : Moi je m’y suis fait ! (Rires)

Mathilde : La chance nous sourit ailleurs alors pourquoi  dire non ?

Vous ne revendiquez même pas votre côté breton ? (Rires)

Mathilde : Ah si, bien sûr, on en est même très fiers !

Nicolas : Nul n’est prophète en son pays. Dans sa ville, en tout cas. Après je dis ça mais récemment, le Mensuel de Rennes nous a choisi pour le palmarès des internautes. Cette situation peut évoluer.

Maxime : Notre objectif est de s’exporter, d’aller à l’étranger.

Anthony : Notre style de musique va peut-être plaire en France mais…

Steve Hewitt dit quand même que vous êtes « la relève du rock français » !

Nicolas : C’est sympa, oui. Cela fait vraiment plaisir mais on reste les pieds sur terre. Il faut travailler.

Mathilde : Des professionnels nous ont vraiment tendu la main et ont confiance en nous. Cela nous motive d’autant plus pour aller toujours plus haut.

Maxime : Il faut mériter toute l’attention que plusieurs personnes ont montré à notre égard. On doit avoir le niveau pour répondre aux attentes qu’on nous donne.

Mathilde : Dès qu’on a quelque chose d’acquis, il y a toujours un nouveau challenge qui arrive. Là on a l’album qui va sortir en janvier 2013. Du coup, c’est quelque chose de nouveau qui commence et d’autant plus de pression. Plus on monte, moins on a le droit à l’erreur.

A ce propos, pouvez-vous me parler un peu de cet album à venir ? En préambule, vous avez déjà sorti récemment le single New Way Home.

Mathilde : L’album, on l’a enregistré il y a un an.

Nicolas : Il a été vraiment finalisé en 2011 mais ce sont des maquettes qui existent depuis quatre ans. C’est vraiment le résumé de quatre ans de travail de studio. Après Paul Corkett a repris des choses comme certaines prises.

Est-il dans la continuité de votre EP In My Mind ?

Nicolas : Oui, en effet. On y a mis un morceau acoustique qui annonce la suite.

Un deuxième album est déjà en prévision ?

Nicolas : Oui, on commence déjà à y penser et à travailler dessus. Parce que le premier cela fait longtemps qu’il marine. On déjà des morceaux du deuxième album en concert. Ce soir, on en joue deux pour la première fois.

Quels sont vos projets pour la fin de l’année ?

Nicolas : On va fêter Noël avec la famille ! (Rires)

Mathilde : Entre temps on va jouer à l’Olympia le 24 septembre.

Anthony : C’est vraiment quelque chose qu’on attend.

Nicolas : Steve Hewitt va jouer avec nous à la batterie à l’occasion d’une soirée caritative contre la leucémie pour l’association Laurette Fugain. Il y a plein d’artistes très connus, on est le seul groupe « émergent ». On va jouer nos deux singles In My Mind et New Way Home.

Vous n’avez pas prévu de faire une pause cette année de tournées en France et en Europe ?

Mathilde : On aime ça ! Mais après on va se concentrer sur la sortie de l’album et en faire la promotion.

Nicolas : Le défendre officiellement, en quelque sorte.  De toute façon, on ne voulait pas sortir un album que tu vends sous le manteau. Pour le premier album, on voulait que ce soit officiel, dans les bacs.

Merci beaucoup d’avoir répondu à mes questions !

 

Copyright : Caroline Cantin

 

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Nouveau groupe : Tropical Horses

Copyright Louise Quignon

Le blog lavierennaise a découvert un nouveau groupe Rennais, Tropical Horses. La semaine dernière, le groupe a sorti son premier EP, Stand On The Beach. Musique d’ambiance avec bruits de vague en arrière-fond, Stand On The Beach est l’EP qu’il vous faut pour cet été ! Rencontre avec Max-Antoine Le Corre, le seul et unique membre du groupe. 

Créer un groupe, c’est souvent l’envie de quelques amis qui s’entendent bien. Max-Antoine a déjà été dans plusieurs groupes avant de s’essayer à Tropical Horses. Toujours un peu décalés, ses groupes ont toujours été très éphémères. Un exemple : il jouait de la noise sur des amplis défectueux et tapait avec son coloc’ sur des guitares à l’aide de battes de baseball.

Il y a un an, dans sa chambre, chez ses parents, le jeune étudiant s’amuse et expérimente. A l’aide de pédales d’effets, Max-Antoine improvise. Il aime le principe des boucles qu’il superpose et crée des « couches ». La technique de musique assistée par ordinateur lui plaît, il peut jouer à sa guise, n’importe quand. Voilà comment naît les « chevaux des tropiques ».

« Projet (…) radical »

L’EP Stand On The Beach, sa « carte de visite », il le définit comme « surf et pop » car c’est ce qu’il en ressort le plus. Or n’y voyez aucune ressemblance avec Metronomy malgré les apparences, Tropical Horses puise ses inspirations dans des groupes punk-rock voire gothiques ou encore les musiques ambiantes et les groupes garage comme Wavves ou Thee Oh Sees. Adolescent, ce bidouilleur à l’oreille musicale lit Rock&Folk et écoute ses Cds fétiches, Unknown Pleasures de Joy Division, groupe fondateur de la musique gothique, White Blood Cells des White Stripes et, surtout, les chansons Frankie Teardrop du groupe Suicide et Ecstasy Symphony de Spacemen 3. Ces dernières l’ont énormément marqué. Dans le même esprit, Max-Antoine souhaite « déranger l’écoute des gens ». A l’échelle rennaise, Max-Antoine apprécie des groupes comme Mein Sohn William ou encore Cardinale et Doist !, qu’il trouve très « prometteurs ».

Principalement, « c’est l’ambiance que [les groupes créent] » qui l’intéresse et non la technique. « Il faut que le projet soit cohérent, radical surtout », explique le jeune connaisseur. Dans Stand On The Beach, cette cohérence, on la trouve dans les différentes boucles musicales. La même thématique : la plage. Mettre une étiquette « folk » ou « électro » sur Tropical Horses ne serait pas en raccord avec le personnage. Car Max-Antoine s’intéresse aussi bien aux musiques africaines et orientales que Daniel Johnston et des groupes underground américains. Toutes ces inspirations sont mélangées pour créer une mélodie « garage », ce qu’il recherche.

Les chansons, quant à elles, sont chantées dans plusieurs langues et leurs significations, complètement surréalistes. Les mélodies sont douces, le rythme est rapide comme on le retrouve dans la musique punk.

E.P volontairement lo-fi

Sur les six chansons mises en écoute sur Internet, le son est sale. Cela grince, grésille. « Je suis très attaché au lo-fi », dit-il. Cette mouvance des années 80, il ne l’a pas oublié. Il aime « l’esprit DIY ». Il joue chez lui, casque sur les oreilles, devant son ordinateur. Sa façon de faire est très « instinctive ». Il compose d’un jet et ne fait aucune retouche : « c’est plus ou moins improvisé ».

En concert, il va « directement à l’essentiel ». « C’est complètement différent ». Le spectacle Abstention 3 a lancé Max-Antoine véritablement dans le projet. Il a joué, plusieurs fois, dans des appartements. Le groupe est très mouvant. Tropical Horses a quelques chansons en réserve qui mèneront, sans doute, vers un autre projet avec une ou plusieurs autres personnes. D’ici là, les Rennais peuvent écouter Stand On The Beach en écoute libre sur Bandcamp !

 

Page Facebook E.P : Stand On The Beach

Copyright : Louise Quignon

Rock Da Breizh : la fin d’une ère rock ?

 

Ca y est, la valse des festivals a (enfin) commencé ! Le festival Art Rock, situé en plein cœur de Saint-Brieuc, mène la danse. C’est le premier festival de l’été et l’une des attractions phares de la ville. Pendant trois jours, tout Saint-Brieuc met le pied à l’étrier. La journée, la ville se transforme en une scène à taille urbaine. Au programme, spectacles de rue, expositions d’art numérique, concerts par les musiciens du métro et petit « village » aménagé. Et ce ne sont pas que les festivaliers qui en profitent, ce sont aussi les habitants. La journée, tous les concerts et expositions sont gratuits. Le blog lavierennaise s’est déjà penché sur l’expansion du Rock en France avec le livre de Brigitte Noble, « Initiales B.B ». Désormais, le blog s’intéresse plus précisément au Rock en Bretagne, terreau musical qui a fait germer une renommée « rock » à Rennes ainsi qu’à Brest. 

La projection du documentaire Rock Da Breizh s’est faite dans le Petit Théâtre de la Passerelle, à 11 heures, ce samedi. Le public a été peu nombreux à la déception de David Morvan, l’un des deux réalisateurs de ce documentaire. Malgré tout, on ne peut pas en vouloir aux personnes de profiter du soleil. Diffusion du documentaire ce jeudi à 21 heures et 23 heures sur TV Rennes et projection du documentaire actuellement un peu partout en Bretagne !

 

La Bretagne, territoire musical singulier

Le documentaire Rock Da Breizh est parti de l’idée de David Morvan et d’Erwan le Guillermic, deux amis qui ont voulu revenir dans leurs « souvenirs » de leurs vingt ans. Leur univers musical propre est très différent. David aime les musiques « noisy pop » et « indé » alors qu’Erwan est plutôt rap et reggae. Mais tous deux s’accordent sur un genre, l’univers de la techno et des « raves » qui ont marqués leur jeunesse. En replongeant dans les archives de l’INA (Institut National de l’Audiovisuel), dans leurs archives personnelles et celles des groupes qu’ils ont interviewé, Erwan le Guillermic et David Morvan ont réalisé un documentaire d’une cinquantaine de minutes sur la spécificité Rock et libertaire de la Bretagne. « Qui a-t-il en plus en Bretagne pour se différencier de la France ? » Telle est la question que se sont posés ces deux trentenaires.

Le Rock breton et les TransMusicales

De 1977 à aujourd’hui, le documentaire suit plusieurs groupes comme Marquis de Sade, les Beruriers Noirs ou encore Miossec et montre plusieurs étapes « rock » de la Bretagne, de Rennes à Brest. Philippe Pascal, chanteur de l’ancien groupe Rennais, Marquis de Sade, commence par parler du premier festival des TransMusicales, initié par Hervé Bordier. Ce festival est désormais une institution rennaise où il faut se produire pour se faire connaître du public. « On n’y connaissait rien mais on savait qu’on avait quelque chose à faire là-dedans », dit-il. A l’époque, dans les années 70-80, les groupes se formaient un jour et se séparaient le lendemain.

Vu comme des « fafs' », l’insulte suprême, et à contre-courant du mouvement « babs' », les rockeurs n’avaient pas de place, à Rennes dans les années 60. La ville, encore très imprégnée par la musique celtique, n’accueille au départ pas à bras ouverts ces groupes qui font hurler leurs guitares. L’Angleterre et les Etats-Unis, notamment New-York, ont été de très grandes sources d’influence avec des groupes tels que le Père Ubu, pour des groupes rennais comme Marquis de Sade ou encore Ubik. Si la Bretagne a été autant réceptive aux musiques rock, c’est grâce aux moyens de communication rapides jusqu’à l’Angleterre et à ses origines celtiques communes avec les pays anglo-saxons et l’Irlande. La compagnie Brittany Ferries se crée en 1975 et met de suite en place des bateaux réguliers de Saint Malo vers l’île anglaise.

Petit à petit, après le lancement des Trans’ en 1979 et l’émergence de quelques groupes, Rennes se trouve être « la ville qui bouge ». Pendant une dizaine d’années. En 1985, l’identité rock rennaise est déjà sur le déclin. Le rock va finir par éclater en plusieurs courants, le Punk et la pop. « Être rockeur, c’est plus une façon d’être qu’une musique définie », explique Loran, chanteur des groupes Les ramoneurs de menhirs et Bérurier Noir.

Brest, la ville bretonne rock

Brest est une ville fondamentalement rock si ce n’est la plus rock de toutes les villes bretonnes. Nombreux le pensent, Miossec le premier. La rivalité entre Rennes et Brest ne date pas d’aujourd’hui. Brest s’est toujours considéré comme une ville de prolétaires où le rock est beaucoup plus brutal. Dans le documentaire, on découvre le groupe de jeunesse de Christophe Miossec, Printemps Noir. Porteurs d’un message contestataire, des groupes de ce type comme les Collabos ou encore Coyote Pass ne se font connaître qu’à une échelle locale. « On voulait juste emmerder, faire parler », dit Miossec, sourire aux lèvres, dans le documentaire. « On s’amusait avec nos copains punk ». Le punk, mouvement d’origine anglaise contestataire arrivé dans les années 1975, est une branche du mouvement rock qui s’est petit à petit éteint.

Le punk, les rave : la fin de l’ère Rock ?

Toute une partie est consacrée à Loran et à ses deux groupes. Le premier, les Beruriers Noirs est un groupe emblème de la culture punk. Le punk a beaucoup attisé la curiosité des bretons. Ces derniers pouvaient faire des aller-retour en Angleterre et y voir bourgeonner ce nouveau mouvement. Et si cela a autant parlé aux Bretons, c’est pour l’insoumission. La Bretagne s’est toujours revendiquée libre. Elle a été un terrain favorable aux groupes libertaires. Mais ce mouvement ne dure, au final, que deux ans. Pour autant, les Béruriers Noirs se reproduisent aux TransMusicales en 2006 pour les vingt-cinq ans de la création du festival. Le groupe fait salle comble. Loran a crée un nouveau groupe la même année, les Ramoneurs de Menhirs, qui prouve bien que le Rock breton puise ses sources dans la musique celtique ainsi que dans son énergie. Pour le montrer, Louise Ebrel, chanteuse traditionnelle bretonne, intervient dans plusieurs morceaux.

Dans les années 90, le mouvement Rock ralentit. A la même période, l’électro et les « rave party » se démocratisent. Toujours dans cette même veine libertaire, ces soirées souvent éloignées de toute civilisation sont très bien accueillies en Bretagne. Mais ces fêtes où les mélanges de musiques, les rencontres et le partage ont été les maîtres mots pendant des années, ont fini par s’arrêter. Il n’y avait plus aucune entente. De plus, les « rave » étaient devenues « les fêtes à neuneu » comme les caricaturent David Morvan, réalisateur du documentaire Rock Da Breizh.

On considère que le Rock ne reprend que réellement en 2003 lors de la sortie de l’album des Strokes, Room in fire. A ce jour, à Rennes, on compte de nombreux groupes rock dont quelques-uns se détachent du lot, les Juvéniles, les Popopopop’s ou encore les Wankin’ Noodles. Désormais, le Rock ne concerne plus les chômeurs mais majoritairement une population étudiante. Si le documentaire s’est arrêté à 2006, c’est parce qu’il ne prétend pas dire l’Avenir du mouvement. De plus, pour David, ces trois groupes ne représentent pas une véritable nouvelle vague du Rock breton. « Qu’ils soient de Rennes ou d’ailleurs, c’est pareil. », dit-il. Ils n’ont pas de distinction musicale propre à la Bretagne. Mais c’est le phénomène Internet qui veut cela.

Pour savoir si la Bretagne conservera son identité musicale, rendez-vous dans une dizaine d’années ! Pour l’instant, « on peut prévoir qui va gagner aux Présidentielles plusieurs mois à l’avance mais on ne peut pas prévoir l’avenir du Rock ! », conclue David Morvan.

 

Prochaines diffusions : TV Rennes, jeudi 31 mai, à 21 heures et 23 heures

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Rock’n’Solex : historique et programmation

Alors que la quarante-cinquième édition du festival étudiant, Rock’n’Solex, commence ce soir, le blog lavierennaise revient sur l’histoire de ce festival, depuis toujours situé à Beaulieu, et la programmation de cette édition qui est un melting-pot des « groupes de l’été » et des jeunes talents Rennais.

 

Ouvert le 8 mai dernier, le site histoire.rocknsolex.fr souhaite expliquer toute l’histoire du festival étudiant « le plus vieux de France ». Au départ une petite rubrique, désormais un site, histoire.rocknsolex permet de revoir les photographies et les programmations de chaque année, depuis 2007. On peut aussi naviguer sur le site pour y voir la « programmation » de l’année 2012, les résultats des gagnants des courses de Rock’n’solex sans oublier un petit topo sur les valeurs citoyennes et participatives de Rock’n’solex.

Festival par les étudiants pour les étudiants

Depuis 1967, les étudiants de l’INSA (Institut National de Sciences Appliquées) organisent, sur une durée de trois jours, un festival, le temps d’un week-end, animé, les après-midi, par des courses de vélos solex, vélo hybride, et le soir, par des concerts. Entouré par des organisateurs, les étudiants organisent tout de a à z.

Le festival a deux facettes. L’après-midi, il se transforme en village avec des chapiteaux étalés sur la pelouse de l’INSA. Il réunit un public familial grâce aux courses de solex, des animations comme des jeux de sociétés gérées par le Bus des Jeux et des sensibilisations sur l’alcool au volant, le souci écologique et citoyen. Le soir, le public est massivement étudiant car ce festival a été crée par des étudiants pour des étudiants, pour pouvoir se réunir autour de causes fédératrices. Ce festival signe aussi la fin des examens pour une majorité d’étudiants, une dernière occasion de se retrouver pour partir dans les domiciles parentaux !

Le Solex et le Rock : « Rock’n’Solex »

Mis en vente en 1946, le vélosolex a été un succès dans les années 70. (Source : Wikipédia) Très pratiqué par les adolescents, le festival a été crée grâce à ce vélo très à la mode, à l’époque, et qui reste encore un « passage obligé » des garçons de quatorze, quinze ans, de nos jours. Dans les années 80, le festival se transforme en festival musical « rock », d’où la dénomination Rock and Solex. A cette période, le Rock prend son essor dans les pays anglophones et commence à se faire une place dans le quotidien des étudiants français. (Voir critique Initiales B.B de Brigitte Noble)

Par exemple, en 1989, les Négresses Vertes, groupe de rock-punk, se produit à Rock’n’solex. Depuis, la programmation est beaucoup plus éclectique et propose autant du pop-rock que du reggae ou rap. Les programmations de Rock’n’solex contiennent plusieurs têtes d’affiche mais, généralement, propose des groupes en marge des autres festivals de la région. Cette année, des groupes comme Aeroplane, Les Petits Pilous ou Skip The Use, The Inspector Cluzo se produisent sur scène. Le festival promue aussi les « jeunes talents Rennais » par le biais d’un Tremplin qui a lieu quelques mois avant le festival, lors d’une soirée Dazibao. Le 17 mai prochain, le public Rennais aura l’occasion de voir se produire les Gordon Booze, groupe de hip-hop, gagnant du tremplin Rock’n’Solex 2012, en première partie.

A chaque veille du festival Rock’n’solex, un fest-noz est organisé pour « diffuser la musique bretonne et réunir passionnés », comme il est écrit sur le site histoire.rocknsolex.

 

Mercredi 16 mai : Fest-noz

Jeudi 17 mai : Gordon Booze – Hollie Cook – Max Romeo – Deluxe – The Inspector Cluzo

Vendredi 18 mai : La Fine Equipe – A State of Mind – Skip The Use – Yuksek – Tha Trickaz

Samedi 19 mai : Hyphen Hyphen – Lemaître – Rizzle Kicks – Aeroplane – Les Petits Pilous – Netsky

 

Billetterie 

 

Interview de Korkoj

Pour la sortie de leur (presque) premier album début 2012, Tranche finale, et de leur concert jeudi 10 mai pour l’ESRA party à l’Ubu, le blog lavierennaise a interviewé vendredi dernier, le groupe Korkoj (à prononcer Korkoï). Jeudi prochain, ils seront accompagnés de trois autres groupes rock, Black Eastern, In A Nutshell et le groupe électro Splash Wave.

Korkoj compte trois membres avec une formation classique basse-batterie-guitare. Ronan est le bassiste, Frédéric, le guitariste et, des fois, pianiste et Matthieu, le batteur. Ils ont tous les trois d’autres activités professionnelles à côté même si Ronan aimerait que Korkoj devienne un projet plus « sérieux ». Ronan est intermittent du spectacle. Matthieu, membre de trois autres groupes, Mermonte, « le meilleur groupe pop du monde » comme l’avait surnommé Alter1fo, Fago.Sepia et Mantys, a aussi une activité professionnelle à côté. Mais le futur de Mermonte semble très prometteur… Matthieu ne « va pas avoir le choix » quant à arrêter sa profession. Frédéric, lui, est professeur.

En France, on a tendance à coller des étiquettes pour tout type de groupes. Korkoj serait donc du « rock instrumental », mélange de math rock et de sons noisy. Le public, lui, qualifierait cela de « musique d’ambiance » à l’écoute de l’album alors que la racine rock du groupe prouve le contraire. L’album Tranche finale mélange un peu de tout ça. Sons bruts de guitares, mélodies de piano avec une rythmique plus ou moins prononcée, Tranche finale est déroutant de par ces mélanges musicaux mais l’accueil du public en concerts a été bon. Et ce côté pas ou peu « easy listening » du disque, les membres du groupe le reconnaissent amplement. 

Dans l’interview, Ronan, Matthieu et Frédéric parlent de la genèse de Korkoj, le groupe Olgoj Korkoj. Cela permet de mieux comprendre le fonctionnement du groupe et la forte complicité qui les lie depuis six ans. Musique rock, place de la culture à Rennes avec beaucoup de bonne humeur et de passion, voilà ce que vous trouverez dans l’interview.

* * *

Olgoj Korkoj

EN RÉSUMÉ : En 2006, Frédéric, le guitariste-pianiste, a envie de monter un groupe avec son ami d’enfance et la copine de son ami. A eux trois, il y avait deux guitaristes et une chanteuse « à la voix un peu à la Björk très puissante » me dit Matthieu. Ils ont choisi Matthieu, le batteur, et Ronan, le bassiste par connaissances et par volonté d’avoir de bons musiciens avec eux. Voilà la création du groupe Olgoj Korkoj. De personnalités toutes très fortes et différentes, les cinq membres du groupe étaient rarement d’accord. Et c’était cela le moteur de création, réussir à ce que tout le monde soit satisfait du travail. Morceaux travaillés et techniques avec une chanteuse qui réussissait à rendre les morceaux « écoutables » d’un large public, Olgoj Korkoj commençait à se faire connaître. Les deux membres fondateurs du groupe sont partis en Angleterre pour des raisons personnelles. Et la suite, Frédéric, Matthieu et Ronan la racontent dans l’interview.

Frédéric : On s’est dits « Bon, on arrête Olgoj Korkoj » mais on ne pouvait pas se séparer. On avait commencé à créer des choses ensemble et on s’est rendus qu’on pouvait aussi créer des choses tous les trois et que cela fonctionnait. Et vite, très vite, bizarrement. On avait peur de ça au début, on se disait « Si on n’a pas les ronchons à côté, est-ce qu’on va pouvoir créer ? ». Finalement, oui, on peut créer mais différemment. On s’est trouvés un nouveau moteur qui fonctionne pas mal, qu’est peut-être plus axé sur le travail.

(Ronan et Matthieu désapprouvent en souriant et se moquent gentiment de Fréderic.)

Frederic à Ronan : T’es pas d’accord ?

Ronan (rit et reprend son sérieux) : Si, si y’a un côté « aller plus à l’essentiel ». On fait en sorte de ne pas s’éloigner de cette ligne de conduite-là. Quand on compose ensemble, ça peut vite partir dans tous les sens. Du coup, dès que y’a des moments de flottements, quand t’es dans des phases où t’as pas de concerts, où ça s’endort un peu, je trouve qu’on réussit à redonner un coup de collier.

Matthieu : En fait, je ne viens pas à la répet’ et ils font plein de trucs et je leur dis « On fait comme ça, comme ça et comme ça ». Ca fonctionne bien comme cela.

Frederic : Je suis le mec chiant qui structure.

Matthieu : ça fonctionne vachement ce genre de truc. Du coup, voilà, c’est comme ça que ça a commencé Korkoj. Korkoj, c’est nous à Rennes et Olgoj, c’est les deux autres à Londres.

Blog lavierennaise : Et qu’est-ce que ça veut dire ?

Ronan et Matthieu ensemble : Intestins de vache.

Matthieu : En mongol.

Frederic : Enfin, c’est du mongol traduit en tchèque. On ne sait pas trop en fait. Ça se prononce « Olgoj Korkoj » mais ça ne s’écrit pas du tout comme ça en mongole ni en tchèque.

Matthieu : C’est nous qui l’avons changé.

De gauche à droite : Frédéric, Ronan, Matthieu Copyright Audrey Moraux

Frederic : Olgoj, c’est une légende. Cela parle d’un animal mythique qui habite dans le désert du Gobi, désert asiatique. Personne ne l’a jamais vu. Cet animal aurait le pouvoir de tuer par sa pensée ou d’envoyer des gazs nocifs qui tueraient toute vie à trois cents mètres à la ronde. Pourquoi on a choisi ce nom là ? Je ne sais pas.

Ronan : Il y avait un côté un peu décalé avec la musique, une sorte de rencontre aussi de gens d’horizons différents. Du coup, ce qui en sortait de tout ça de la musique, c’est un côté un peu …

Matthieu : ça nous a tous plu. On a trouvé cela un peu musical et puis la légende, ça a …

Frederic : Cela a un côté Lovecraft avec des mots un peu étranges. Cela a l’air de venir du fond du temps.

Blog lavierennaise : Les influences de Korkoj, c’est votre ancien groupe Olgoj Korkoj ?

Matthieu : Pas vraiment. Seulement au début.

Ronan : On s’est détachés de l’ambiance d’Olgoj Korkoj assez vite. Quand on leur a proposé des choses, ça collait plus. On a vraiment crée notre patte. Comme c’était les deux personnes parties à Londres qui étaient porteuses du projet, elles avaient une vision assez  précise de ce qu’elles voulaient. Nous, ça nous a vraiment ouvert vers d’autres horizons. Du coup, quand on s’est retrouvés tous les trois, au niveau de l’émulation de la musique, c’était plus les même. La musique a complètement changé aussi. Parce qu’on n’ a pas la même culture musicale. On s’est « recentrés ». Il n’y avait plus que trois cerveaux au lieu de cinq. Matt’ fait de la batterie, est plus dans son métal avec ses rythmiques, il vient de là. Fred, des choses un peu math rock, rythmique très déstructurée. C’est vraiment ce que t’apportes. Moi, à la basse, c’est plutôt des choses post-rock dans la dynamique. Des riffs qui tournent. On a mélangé tout ça, une bonne base rock.

Frédéric : Et à la longue de mélanger des choses qui n’allaient pas ensemble, on a aussi mélangé des riffs qui n’allaient pas ensemble. Cela a été notre univers, de mélanger des choses qui ne devraient pas l’être.

Ronan : Ce qui est assez marrant, c’est que quand quelqu’un nous propose une idée, en général, et ça c’était vrai pour Olgoj et c’est ce qui nous plaisait, on est toujours surpris. Si Fred amène une guitare ou du piano, c’est toujours un peu déstabilisant pour Matthieu et pour moi. Et moi c’est pareil, quand j’apporte une ligne de basse, je ne m’attends pas à ce que Fred ponde un riff complètement « débile ». Je me dis « Mais non, c’est pas joli ! ».

Frédéric : On a chacun notre rôle dans le groupe. Il y a des aller-retour. Indépendamment, cela ne fonctionnerait peut-être pas mais j’essaye de déstabiliser les morceaux et Ronan arrive toujours à rétablir les morceaux. C’est assez criant pour le projet jazz, je fais des trucs un peu étrange et Ronan arrive toujours à donner de la mélodie et de la cohérence aux morceaux. Matt’ donne une cohérence rythmique.

Ronan : C’est normal, il fait la batterie (Rires) !

Frédéric : Vous êtes des garde-fous pour moi.

Matthieu : Ah bah c’est vrai que si toi on te laissait partir… (Sifflement) Mais qu’est-ce qu’il fait ?!

Ronan : S’il y avait trois Fred dans le groupe, ce serait un groupe de free-jazz, d’improvisation perpétuelle. Y’aurait rien d’écrit. L’idée, c’est de pouvoir construire quelque chose. Ce que je trouve intéressant, c’est ça. Tu racontes quelque chose. A un moment donné, tu racontes quelque chose qui te parle et t’en fais un album. Après l’album il a la vie qu’il a. Moi j’ai vraiment besoin de ça et après, on avance…

Blog lavierennaise : Justement, votre album Tranche finale, sorti en début d’année 2012, c’est votre premier album ?

Matthieu : Oui.

Ronan : Non.

Blog lavierennaise : Vous êtes tout le temps en contradiction, en fait… (Rires)

Matthieu : Voilà, c’est ça. On s’aime pas en fait ! (Rires)

Frédéric : Cet album est parti juste d’un morceau qu’on a envoyé pour Olgoj Korkoj. On voulait créer un nouveau morceau dans notre premier set. Et ce morceau-là, au début, il faisait trois minutes, quatre minutes, cinq minutes et puis on a continué car on s’ennuyait en fait.

Matthieu : Et puis, eux, ils aimaient pas. On a quand même voulu le continuer. Et c’est de là que c’est parti Korkoj !

Ronan : Ce morceau, il est devenu de plus en plus long, plus consistant. On remplaçait le début, on le modifiait. Cela faisait cinq minutes, six minutes, dix minutes et,  à un moment donné, on a eu un déclic de se dire « On fait un seul morceau ».

Frédéric : Quand on a dépassé les vingt minutes…

Ronan : Donc, là, du coup, on voulait pas s’arrêter là.

Frédéric : C’est le déclic  « moitié d’album ». Tu dépasses le temps d’une moitié d’album…

Ronan : …Et tu te dis, on va faire un concert avec un morceau.  On a fait une maquette auto-produite et on est passés en studio très rapidement, en 2009. On a posé cette première tranche intitulée Tranche bancale. Cela a été enregistré en une heure et demie pour cinquante minutes de morceau. C’était « one shot ». Le son n’était pas inintéressant, on a fait un mix rapide, on a masterisé et on a sorti un exemplaire qu’on a déjà diffusé. Cela nous a permis de nous faire connaître un petit peu et, deux ans plus tard, en 2011, on a reposé les bases de ce même morceau qui, du coup en deux ans de temps, a évolué ainsi qu’au niveau du son. On a joué ensemble. Ce que moi j’appelle notre premier album parce que c’est vraiment abouti.

Blog lavierennaise : Cet unique morceau, dans votre album, il y a des moments rock et d’autres plus calmes, c’est de l’improvisation ou pas ?

Frederic : Non, tout est écrit.

Matthieu : Des fois, au niveau rythmique. On ne compte pas.

Ronan : Il y a des zones de liberté. On sait, partout dans le morceau, où sont nos zones …

Frédéric : De moins en moins.

Ronan : Les choses sont figées effectivement mais  chaque concert est différent. On s’ennuierait.

Frédéric : Il y a toujours des choses qui changent. A chaque concert, il y a au moins une minute de morceau qui change à chaque fois. Depuis qu’on a composé l’album, ça commence à devenir très stable. Du coup, on va s’ennuyer.

Blog lavierennaise : Va falloir faire un nouvel album !

Ronan : On a déjà commencé à enregistrer de nouveaux morceaux, on est déjà passés en studio.

Frédéric : Sur un projet complètement différent.

Ronan : Y’a plus de guitare mais c’est le trio clavier-batterie-basse.

Korkoj à l'UBU Copyright Gwendal Le Flem

Blog lavierennaise : Vous avez parlé d’un projet jazz. C’est en parallèle avec votre album ?

Ronan : C’est justement ce nouveau projet. Effectivement, on avance. Ça nous permet nous d’avancer sur deux tableaux. De proposer aussi aux gens un set rock et quand notre set jazz sera bien en place, pouvoir proposer aux gens ce set-là. De faire découvrir un autre aspect de ce qu’on peut faire.

Frédéric : Ce sont deux univers complètement différents. Peut-être qu’on en viendra à un troisième projet…

Ronan : Disons qu’on avait besoin d’une respiration. On avait envie de ça, vraiment une envie de passer par le jazz. Enlever les bouchons d’oreille et puis jouer. D’ailleurs, on a fait deux concerts comme cela et c’était plutôt …

Matthieu : Mais là, on revient au rock. C’est un cycle.

Frédéric : En même temps, c’était intéressant de passer par le projet jazz. On est passés par des ambiances très calmes, cela nous a permis de jouer vraiment dans la subtilité mélodique. De regonfler après, cela n’en prend que plus d’ampleur.

Ronan : On s’est rendus compte d’une chose, c’est qu’on s’est appropriés cet set-là. On se l’est appropriés même physiquement. On a enlevé les chaises, on s’est mis debout. C’est l’état d’esprit général. On s’est dits « voilà, on va rentrer dedans ».

Matthieu : On joue de matière plus naturelle, plus à notre manière.

Fréderic : Avec plus d’énergie.

Blog lavierennaise : Du coup, votre prochain concert, jeudi prochain, à l’Ubu, ça va être rock ou jazz ?

Ronan, Matthieu ensemble : Rock.

Matthieu : Ah oui pour l’Ubu, faut que ça envoie !

Blog lavierennaise : Et quels sont vos prochains concerts à part celui-ci ?

Ronan : Le 16 juin dans les Côtes d’Armor, à Callac. Peut-être le 22 juin à Thorigné-Fouillard pour la Fête de la Musique.

Blog lavierennaise : Sur votre album, il y a des moments plus ou moins doux. C’est une musique d’ambiance sans l’être vraiment…

Matthieu : Oui, faut vraiment voir ça en concert. Des fois, ça part dans tous les sens. Y’a des moments où on joue tellement peu fort que tu entends le silence de la salle. Les gens te suivent vraiment et sont complètement dedans. Là, t’entends rien. Y’a rien dans la salle. T’as capté le public vraiment. Et je pense que de voir ça en concert, c’est vraiment intéressant.

Frédéric : Dès nos premières dates, il y a eu ce phénomène un peu étrange où les gens s’asseyaient. C’était assez rigolo.

Blog lavierennaise : L’Ubu, c’est une bonne salle pour ce genre de choses…

Matthieu : C’est une bonne salle tout court.

Ronan : C’est un lieu mythique, t’es content de jouer à l’Ubu !

Blog lavierenaise : De quel groupe rennais vous sentez-vous le plus proche ?

Ronan : Musicalement, je trouve que sur Rennes y’a une espèce d’effervescence de groupes vachement biens ! Une dynamique de concerts, il y a des trucs qui se passent. Mermonte, évidemment, ça a boosté. Korkoj, il y a eu de bons retours. We Are Van Peebles aussi.

Blog lavierennaise : Oui, ils ont gagné le tremplin Label Mozaïc, jeudi dernier, en plus.

Ronan : Il y a une bonne énergie. Il y a d’autres choses, j’ai pas les noms en tête…

Matthieu : La Terre tremble !!!, tout ça, c’est vachement bien. On a joué avec Patriotic Sunday à Nantes, il y a pas longtemps. Ils jouent bien les gars. Il y a pas mal de trucs sur Rennes, plein de choses. Pour les Jeunes Charrues, sur le Pays de Rennes, il y a eu 108 groupes inscrits. C’est énorme ! lls avaient jamais passés la barre des 100 groupes.

Frédéric : Ça a toujours été, de toute façon, à Rennes.

Blog lavierennaise : Sinon, par rapport à ce qu’il se passe à Rennes en ce moment, les cafés-concerts qui sont de moins en moins autorisés, etc, qu’en pensez-vous ?

Ronan : Par rapport aux lieux ?

Blog lavierennaise : Ce que met en place Rennes…

Ronan : Bah rien, en fait. Il y a quelques salles de concerts où il est possible de jouer.

Matthieu : ça a toujours été comme ça, à Rennes. Toujours été une aventure pour trouver une salle où jouer.

Frédéric : Non, ça n’a pas toujours été le cas.

Matthieu : Va à Nantes ! A Nantes, c’est de la folie.

Ronan : Il y a eu une aversion pour Nantes. Il y a quelques années, il y avait une offre culturelle à Rennes beaucoup plus importante qu’à Nantes. Et là, ça s’est inversé. Nantes, ça cartonne à tous les niveaux. Au niveau de la danse, du théâtre, etc. Tu as une offre incroyable, tu peux voir des choses à Nantes que tu n’auras jamais la chance de voir à Rennes.

Frédéric : Ils ont tué la culture à Rennes.

Blog lavierennaise : Pourtant, on dirait que Rennes favorise la culture mais au final…

Frédéric : Si, ils favorisent une certaine culture…

Ronan : Une culture de masse. On va jouer sur certains noms aussi. Cela ne veut pas dire qu’il y a des choses mauvaises. Je prends l’exemple du TNB, il y a des pointures programmées. Il y a des choses très biens mais après, c’est toujours pareil. C’est la répartition…

Frédéric : C’est pas du développement local. Sur Rennes, ce n’en est plus.

Matthieu : Après, comparé à Nantes, au niveau qualité de groupes, on est au dessus.

Korkoj à l'UBU Copyright Gwendal Le Flem

Ronan : C’est différent, peut-être plus pointu à Rennes. Sur l’aspect rock’n’roll. Après le problème, c’est toujours pareil, il y a tellement de groupes… Le truc, c’est qu’il faut faire le tri des choses chouettes ou pas. Et puis, effectivement, accompagner les groupes sur le long terme, c’est pas évident. Le Jardin Moderne travaille dans ce sens-là. C’est vachement bien. Ça, c’est un lieu alternatif. Tous les ans, c’est remis en cause. Les mecs se battent et se bougent le derrière. Ils proposent des choses mais il faut aller plus loin. Ce qui m’énerve un peu dans tout ça, mais c’est comme ça que ça marche dans le spectacle en général, ce sont les réseaux. Et si tu n’appartiens pas à tel réseau, si tu connais pas telle personne qui connaît toutes les personnes qui tiennent les salles de concerts dans toutes les autres salles de France, et bah tu ne joueras pas. Et ça, ça m’énerve vraiment. Ça fait des années. Je me suis déjà brassé à cause de ça.

Blog lavierennaise :  Un groupe comme Korkoj, vous arrivez à trouver des salles pour jouer ?

Matthieu : Bah, on cherche pas (rires). On n’est pas des commerciaux.

Frédéric : On n’a pas envie de boire des coups avec des personnes pour avoir des salles. Et ça marche comme ça.

Ronan : On est pas des opportunistes. On va pas chapparder tout ce qu’on peut. Il faut avoir une ligne de conduite, être fidèle à soi-même et, évidemment, pas se fermer des portes. Là, on a sorti un CD qui tient la route. On commence à faire de la communication, il faut continuer et, à partir d’un moment, si les gens sont intéressés, dommage pour nous et dommage pour eux. C’est tout.

Frédéric : Surtout dommage pour nous (Rires) !

Ronan : Ce qu’on propose n’est pas un truc standard, de post-rock classique. C’est intéressant d’ouvrir vers d’autres horizons. Même s’il y a des passages dans l’album, caricaturaux.

Frédéric : Ce que je trouve intéressant dans l’album, c’est quand je le fais écouter à des personnes avec une écoute plus neutre, elles me disent  « Olala ! J’arrive pas à accrocher à ton truc. »

Matthieu : C’est normal.

Frédéric : Par contre, dès qu’ils viennent en concerts, « en fait c’est bien », ils me disent.

Matthieu : Parce que t’as une attention quand tu vas voir un concert que tu n’as pas forcément quand tu écoutes un CD. C’est aussi simple que ça.

Ronan : Ce que tu donnes sur un CD, tu t’appliques pour que ce soit propre et écoutable un minimum. Après sur scène, c’est du rock’n’roll. A un moment donné, ce qui compte, c’est le jeu mais c’est aussi l’énergie. Ce qui passe avec les gens, c’est de partager quelque chose. Même si c’est partager un mauvais concert, c’est le vivre ensemble.  Si ce projet a du mal à se diffuser, c’est parce qu’il n’est pas facile à écouter. Ça appuie pas sur le même bouton, nous le truc c’est l’aspect physique.

Matthieu : Il faut faire passer un truc.

Blog lavierennaise : Merci à vous trois d’avoir répondu à mes questions !

 

Après l’interview,  Ronan m’a recontacté pour compléter leurs réponses aux deux dernières questions que je leur ai posées. Ils se sentent proches de deux groupes, le groupe Trunks, « groupe de noise rock, qui, dans un autre style, propose de la musique de passionnés » écrit-il, ainsi que 13th Hole.

Pour la question de la culture à Rennes et ce que met en place la ville, ce serait d’acheter des lieux de répétition et les prêter à une association qui fera tourner la machine en échange d’une participation de la part des musiciens. « Le lieu de création reste évidemment un lieu primordial et ce n’est jamais évident de s’organiser pour trouver des lieux pas trop chers », écrit Ronan.