Rock Da Breizh : la fin d’une ère rock ?

 

Ca y est, la valse des festivals a (enfin) commencé ! Le festival Art Rock, situé en plein cœur de Saint-Brieuc, mène la danse. C’est le premier festival de l’été et l’une des attractions phares de la ville. Pendant trois jours, tout Saint-Brieuc met le pied à l’étrier. La journée, la ville se transforme en une scène à taille urbaine. Au programme, spectacles de rue, expositions d’art numérique, concerts par les musiciens du métro et petit « village » aménagé. Et ce ne sont pas que les festivaliers qui en profitent, ce sont aussi les habitants. La journée, tous les concerts et expositions sont gratuits. Le blog lavierennaise s’est déjà penché sur l’expansion du Rock en France avec le livre de Brigitte Noble, « Initiales B.B ». Désormais, le blog s’intéresse plus précisément au Rock en Bretagne, terreau musical qui a fait germer une renommée « rock » à Rennes ainsi qu’à Brest. 

La projection du documentaire Rock Da Breizh s’est faite dans le Petit Théâtre de la Passerelle, à 11 heures, ce samedi. Le public a été peu nombreux à la déception de David Morvan, l’un des deux réalisateurs de ce documentaire. Malgré tout, on ne peut pas en vouloir aux personnes de profiter du soleil. Diffusion du documentaire ce jeudi à 21 heures et 23 heures sur TV Rennes et projection du documentaire actuellement un peu partout en Bretagne !

 

La Bretagne, territoire musical singulier

Le documentaire Rock Da Breizh est parti de l’idée de David Morvan et d’Erwan le Guillermic, deux amis qui ont voulu revenir dans leurs « souvenirs » de leurs vingt ans. Leur univers musical propre est très différent. David aime les musiques « noisy pop » et « indé » alors qu’Erwan est plutôt rap et reggae. Mais tous deux s’accordent sur un genre, l’univers de la techno et des « raves » qui ont marqués leur jeunesse. En replongeant dans les archives de l’INA (Institut National de l’Audiovisuel), dans leurs archives personnelles et celles des groupes qu’ils ont interviewé, Erwan le Guillermic et David Morvan ont réalisé un documentaire d’une cinquantaine de minutes sur la spécificité Rock et libertaire de la Bretagne. « Qui a-t-il en plus en Bretagne pour se différencier de la France ? » Telle est la question que se sont posés ces deux trentenaires.

Le Rock breton et les TransMusicales

De 1977 à aujourd’hui, le documentaire suit plusieurs groupes comme Marquis de Sade, les Beruriers Noirs ou encore Miossec et montre plusieurs étapes « rock » de la Bretagne, de Rennes à Brest. Philippe Pascal, chanteur de l’ancien groupe Rennais, Marquis de Sade, commence par parler du premier festival des TransMusicales, initié par Hervé Bordier. Ce festival est désormais une institution rennaise où il faut se produire pour se faire connaître du public. « On n’y connaissait rien mais on savait qu’on avait quelque chose à faire là-dedans », dit-il. A l’époque, dans les années 70-80, les groupes se formaient un jour et se séparaient le lendemain.

Vu comme des « fafs' », l’insulte suprême, et à contre-courant du mouvement « babs' », les rockeurs n’avaient pas de place, à Rennes dans les années 60. La ville, encore très imprégnée par la musique celtique, n’accueille au départ pas à bras ouverts ces groupes qui font hurler leurs guitares. L’Angleterre et les Etats-Unis, notamment New-York, ont été de très grandes sources d’influence avec des groupes tels que le Père Ubu, pour des groupes rennais comme Marquis de Sade ou encore Ubik. Si la Bretagne a été autant réceptive aux musiques rock, c’est grâce aux moyens de communication rapides jusqu’à l’Angleterre et à ses origines celtiques communes avec les pays anglo-saxons et l’Irlande. La compagnie Brittany Ferries se crée en 1975 et met de suite en place des bateaux réguliers de Saint Malo vers l’île anglaise.

Petit à petit, après le lancement des Trans’ en 1979 et l’émergence de quelques groupes, Rennes se trouve être « la ville qui bouge ». Pendant une dizaine d’années. En 1985, l’identité rock rennaise est déjà sur le déclin. Le rock va finir par éclater en plusieurs courants, le Punk et la pop. « Être rockeur, c’est plus une façon d’être qu’une musique définie », explique Loran, chanteur des groupes Les ramoneurs de menhirs et Bérurier Noir.

Brest, la ville bretonne rock

Brest est une ville fondamentalement rock si ce n’est la plus rock de toutes les villes bretonnes. Nombreux le pensent, Miossec le premier. La rivalité entre Rennes et Brest ne date pas d’aujourd’hui. Brest s’est toujours considéré comme une ville de prolétaires où le rock est beaucoup plus brutal. Dans le documentaire, on découvre le groupe de jeunesse de Christophe Miossec, Printemps Noir. Porteurs d’un message contestataire, des groupes de ce type comme les Collabos ou encore Coyote Pass ne se font connaître qu’à une échelle locale. « On voulait juste emmerder, faire parler », dit Miossec, sourire aux lèvres, dans le documentaire. « On s’amusait avec nos copains punk ». Le punk, mouvement d’origine anglaise contestataire arrivé dans les années 1975, est une branche du mouvement rock qui s’est petit à petit éteint.

Le punk, les rave : la fin de l’ère Rock ?

Toute une partie est consacrée à Loran et à ses deux groupes. Le premier, les Beruriers Noirs est un groupe emblème de la culture punk. Le punk a beaucoup attisé la curiosité des bretons. Ces derniers pouvaient faire des aller-retour en Angleterre et y voir bourgeonner ce nouveau mouvement. Et si cela a autant parlé aux Bretons, c’est pour l’insoumission. La Bretagne s’est toujours revendiquée libre. Elle a été un terrain favorable aux groupes libertaires. Mais ce mouvement ne dure, au final, que deux ans. Pour autant, les Béruriers Noirs se reproduisent aux TransMusicales en 2006 pour les vingt-cinq ans de la création du festival. Le groupe fait salle comble. Loran a crée un nouveau groupe la même année, les Ramoneurs de Menhirs, qui prouve bien que le Rock breton puise ses sources dans la musique celtique ainsi que dans son énergie. Pour le montrer, Louise Ebrel, chanteuse traditionnelle bretonne, intervient dans plusieurs morceaux.

Dans les années 90, le mouvement Rock ralentit. A la même période, l’électro et les « rave party » se démocratisent. Toujours dans cette même veine libertaire, ces soirées souvent éloignées de toute civilisation sont très bien accueillies en Bretagne. Mais ces fêtes où les mélanges de musiques, les rencontres et le partage ont été les maîtres mots pendant des années, ont fini par s’arrêter. Il n’y avait plus aucune entente. De plus, les « rave » étaient devenues « les fêtes à neuneu » comme les caricaturent David Morvan, réalisateur du documentaire Rock Da Breizh.

On considère que le Rock ne reprend que réellement en 2003 lors de la sortie de l’album des Strokes, Room in fire. A ce jour, à Rennes, on compte de nombreux groupes rock dont quelques-uns se détachent du lot, les Juvéniles, les Popopopop’s ou encore les Wankin’ Noodles. Désormais, le Rock ne concerne plus les chômeurs mais majoritairement une population étudiante. Si le documentaire s’est arrêté à 2006, c’est parce qu’il ne prétend pas dire l’Avenir du mouvement. De plus, pour David, ces trois groupes ne représentent pas une véritable nouvelle vague du Rock breton. « Qu’ils soient de Rennes ou d’ailleurs, c’est pareil. », dit-il. Ils n’ont pas de distinction musicale propre à la Bretagne. Mais c’est le phénomène Internet qui veut cela.

Pour savoir si la Bretagne conservera son identité musicale, rendez-vous dans une dizaine d’années ! Pour l’instant, « on peut prévoir qui va gagner aux Présidentielles plusieurs mois à l’avance mais on ne peut pas prévoir l’avenir du Rock ! », conclue David Morvan.

 

Prochaines diffusions : TV Rennes, jeudi 31 mai, à 21 heures et 23 heures

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2 réflexions au sujet de « Rock Da Breizh : la fin d’une ère rock ? »

  1. En effet ! 🙂 C’est contradictoire mais je voulais dire les festivals « à grande envergure ». Je ne sais pas si tu arrives ce que je veux dire et pour ne rien te cacher, c’est aussi une phrase toute faite !

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