Le premier EP, Sévigné, de Johannah’s High ou comment oublier la pluie en 6 chansons

En octobre, l’envie de se blottir devant un feu de cheminée est tentante. Surtout quand le temps n’est pas favorable pour profiter de l’extérieur. L’année dernière, à cette période, le blog lavierennaise avait rencontré le groupe Bertram Wooster pour la présentation de son premier album, Popetry. Cette année, c’est au tour de Johannah’s High de nous faire voyager pendant quelques instants, avec son EP, Sévigné. Rencontre avec Mathieu Rivalan, l’initiateur du projet.

 

Il y a quatre ans, Mathieu se met à la musique. Avec sa guitare, son synthétiseur et sa voix, il reprend des chansons et se filme, qu’il met ensuite sur la Toile. Daniele Visentini, poète italien, prend contact avec lui, pour l’encourager dans sa démarche. Ce dernier lui propose d’interpréter les poèmes qu’il écrit en anglais. C’est ainsi que le projet Johannah’s High est né, en 2008.

Le boulevard Sévigné, au centre de son inspiration

Depuis deux ans, Mathieu compose désormais les textes. Il a pris seul la relève. Influencé par la musique anglosaxonne, le jeune homme continue d’écrire dans la langue de Shakespeare. Pour la composition de ses textes, il s’inspire de son environnement proche, Rennes, à la façon du groupe Belle et Sebastian. « Ils [Belle & Sebastian] parlent de situations quotidiennes, ce que tu ressens quand tu prends le bus, par exemple », détaille ce chanteur aux multiples casquettes, « ils peignent la réalité pour guider vers les sentiments. » Le « théâtre de la ville », comme il le définit, l’inspire. Et le fait de vivre à Rennes depuis six ans lui donne matière à écrire. Le marché des Lices le samedi matin, les promenades dans les rues piétonnes du vieux Rennes et les ambiances des quartiers résidentiels sont autant d’éléments qui peuvent constituer une chanson, pour Mathieu.

Le nom de ce « grand EP », Sévigné, il le doit au boulevard éponyme de Rennes où le jeune homme de 25 ans habite depuis quelques années. En effet, c’est cet endroit qui lui a donné envie de composer un album. « C’est l’un des plus beaux quartiers de Rennes. On dirait un village, c’est une ambiance que j’aime bien », confesse-t-il. Mais écrire sur un quartier d’une ville, Mathieu n’en a pas eu l’idée seul. On lui a mis la puce à l’oreille. En effet, la démarche de Sufjan Stevens, compositeur et interprète américain, qui a eu envie de faire un album sur chaque Etat américain intitulé « le projet des 50 Etats », l’intéresse. Le premier album de Stevens, Michigan, est sorti en 2003. Illinois, en 2005. Mais comme on se le doute bien, ce projet -trop- titanesque s’est arrêté après le second album. Comme Sufjan Stevens, Mathieu a besoin de « vivre l’endroit » pour pouvoir en parler, le chanter.

L’écrit prime

« Dans les groupes que je préfère, je m’attarde beaucoup sur ce que racontent les paroles. […] En France, on a une culture des chansons à textes. » Sur cet EP, ses chansons font souvent référence à des histoires d’amour, « des textes qu’on peut trouver ‘naïfs’ et simples ». Calmes, douces, voire mélancoliques par moments, la musique de l’EP Sévigné est envoûtante : « c’est la conséquence de faire de la musique seul ». Moins l’envie de faire des morceaux qui bougent. Les bandes sons répétitives emmènent l’auditeur dans un univers onirique, propre à chacun.

Assis derrière son ordinateur, Mathieu alterne chant, synthé, batterie, basse et guitare qu’il réarrange via un logiciel de mixage. Pour ce premier EP, Mathieu a voulu faire quelque chose de « propre ». Cet EP, il l’a écrit en cinq mois et en a fait le mixage en deux. Les six chansons proposées sont sorties sur Internet, en septembre dernier.

Et c’est réussi. On met en boucle ces six chansons qui se mangent sans fin. C’est là que Johannah’s High fait penser à Bertram Wooster, musicalement parlant. Même si la démarche n’est pas la même. Contrairement à Olivier Le Blouch, meneur du projet Bertram Wooster, qui s’est prêté depuis au jeu de la scène, Mathieu Rivalan ne souhaite pas se produire en public. « C’est un projet assez solitaire », qu’il souhaite conserver avec lui. Alors, pour se consoler, Sévigné est à écouter via la plateforme Bandcamp et à télécharger gratuitement. En attendant le retour du beau temps.

 

Photographie : Sarah Colette
Visuel : Camille Floue

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