Le Tribunal de Papier, le 27 novembre, à l’ADEC : quand le réel et la fiction s’emmêlent

Mélange de fiction et de réalité, la première pièce de Sarah Marchais et d’Ines Benkhicham, étudiantes en licence de théâtre à l’université Rennes 2, Le Tribunal de Papier, fait réfléchir sur la Liberté humaine et sur la place importante qu’ont les personnages de roman dans notre inconscient collectif. Le projet est dense et complexe mais pas pour autant déclamatoire.

Leur pièce sera représentée pour la première fois pour cette saison scolaire, mardi 27 novembre prochain, à l’ADEC (Maison du théâtre amateur) à 21 heures. Pour comprendre leur démarche ainsi que la pièce, le blog lavierennaise a rencontré les deux initiatrices du projet, Sarah et Ines. Rencontre.

 

La filière Arts du spectacle de l’université de Haute Bretagne, surnommée « Rennes 2 », est sûrement l’une des branches qui pousse le plus les étudiant-es à prendre les devants et se lancer dans des projets. Et pour cause, le théâtre et le cinéma sont des arts vivants, chose que l’on a tendance à oublier sur les bancs de la fac. Sarah Marchais et Ines Benkhicham, désormais en troisième année de cette licence en option théâtre, ont mis la main à la patte en 2011 non sans mal avec leur première pièce de théâtre, le Tribunal de Papier.

Deux personnages jugés pour avoir commis un meurtre dans le Réel

L’envie de monter une pièce de théâtre ensemble s’est faite naturellement, par affinité. Quant au sujet, il a été lui aussi facile à trouver : « On est de grandes lectrices depuis toujours et on voulait parler de livres qu’on a bien aimé toutes les deux », dit Ines. « Parler des textes qui existent dans la littérature et d’un procès sur les grands personnages littéraires, les « archétypes », est venu assez rapidement », continue Sarah. Ces archétypes, l’un féminin et l’autre masculin, sont un mélange de différentes figures connues dans la littérature européenne : Don Quichotte, le Petit Prince et le personnage Shakespearien pour l’homme. La personne vertueuse et manipulatrice des Liaisons dangereuses et infanticide et folle de Médée ou Lady MacBeth, pour le rôle féminin. « Il n’y a pas besoin d’avoir lu les livres pour comprendre la pièce », rassure Sarah en souriant. Les traits de ces personnages sont accentués dans les deux rôles principaux de la pièce qui, eux, ont été inventés par les deux étudiantes. Motif du jugement de ces deux individus fictifs : l’assassinat du lecteur. Et pour parvenir à démêler le vrai du faux, tâche fastidieuse, les spectateurs sont de nombreuses fois pris à parti pendant la comédie.

Le Tribunal de Papier traite d’une séance au tribunal, « grand jeu du faux semblant » selon Ines, qui se déroule en trois actes. A chaque acte, les deux acteurs principaux changent. A chaque acte, le personnage se transforme en une autre personne, comme un caméléon en fonction des situations. Ressortira tantôt le côté romanesque de Don Quichotte, tantôt le côté innocent et doux du Petit Prince. Cela crée des situations comiques et farfelues que tout le monde peut comprendre : « Lors de notre toute première représentation l’année dernière [à Bourg l’Evesque], des enfants étaient venus et s’étaient beaucoup amusé », se rappelle Ines. Pour l’anecdote, le juge a une tête d’aigle. Clin d’œil aux fables de La Fontaine, bien entendu, mais aussi plus symboliquement à la justice car ce rapace « impose l’autorité », pour Sarah. Nombreuses sont les références dans cette oeuvre collective.

La sensualité du livre mise en avant

Cette pièce de théâtre aborde, au final, de grandes questions littéraires. Le narrateur manipule-t-il ses personnages ? etc. « Ce sont des personnages en révolte. Ils veulent être libres et donc aller dans la réalité, mais l’est-on vraiment nous-même ? », questionne Sarah, puis rajoute en plaisantant : « C’est un peu comme la petite sirène qui veut devenir une humaine. » Ines précise de suite après : « On ne veut pas tomber dans la réflexion intellectuelle. On se moque, par exemple, de nous-même dans la pièce, du langage précieux ainsi que de la psychologie, entre autres choses. »

Pour aérer l’écriture étoffée de l’œuvre -car elle a été écrite pour être lue et jouée-, les deux jeunes femmes ont beaucoup travaillé la mise en scène. La pièce était d’ailleurs destinée, dès le début, à devenir un spectacle : son écriture a été faite au fur et à mesure des premières répétitions de la troupe. En ce qui concerne le décor, la scène sera jonchée de feuilles de livres pour qu’il y ait aussi quelque chose de visuel. « Dans le Tribunal de papier, on voulait aussi avoir un rapport sensuel avec l’objet livre », explique Ines. C’est une ode aux bouquins que ces deux « livrovores » ont décidé de faire, en y consacrant une pièce de théâtre et en le mettant littéralement sous le feu des projecteurs. Pour continuer à en faire une star d’un soir, Ines et Sarah ont crée le collectif, Le Mot Nu Ment il y a peu pour pouvoir se produire dans des festivals régionaux et nationaux. La création de cette compagnie signifie beaucoup : « Désormais, il n’y a pas seulement deux visages pour le projet. C’est une œuvre collective où les comédiens sont autant investis que nous, » concluent-elles.

 

Avec Matthieu Lamour, Tiphaine Galinier, Teddy Mercier, Thibaut Madani, Glenn Corbel et Jessica Stephan  

Tarif réduit : 3 € Tarif normal : 5 €

Une réflexion au sujet de « Le Tribunal de Papier, le 27 novembre, à l’ADEC : quand le réel et la fiction s’emmêlent »

  1. BEAU spectacle.
    J’en aime la poésie et la réflexion qu’il suscite.
    MERCI, félicitations et bonne continuation aux dramaturges, à leurs acteurs et techniciens, et à
    l’ADEC.
    Peut-on se procurer le texte de la pièce ?

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