Dans sa dernière exposition, l’artiste Tr.Kaos malmène l’argent

En octobre 2011, le blog lavierennaise a rencontré l’artiste franco-autrichienne et ancienne psychologue dans le centre psychiatrique Guillaume Régnier de Rennes, Tr.Kaos lors du vernissage de son exposition, Machine à fabriquer des fous ?. Personne révoltée et surtout passionnée, sa rencontre avait été marquante et éclairante sur le sujet de l’Art et sa relation avec la maladie mentale.

L’aliénation humaine, Tr.Kaos alias Traudi, gravite toujours autour de ce sujet. En 2011, la folie et cette année, l’argent. Les dollars et les pièces de monnaie sont omniprésents dans cette exposition. Provocante et dérangeante, comme à chaque fois, le thème et le travail de l’artiste ne laissent pas indifférent. La galerie de l’Orangerie du Thabor accueille ses travaux, qui seront peut-être les derniers exposés en France, jusqu’au dimanche 25 novembre.

 

Photographies de femmes et de poupées entourées de dollars au thème gothique, le message de cette troisième exposition de Tr.Kaos, artiste française d’origine autrichienne, est on ne peut plus clair. L’argent est, selon elle, partout : sur les vêtements, dans les bouches et dans les abysses ou encore sur la croix de Jésus. « Je fais des expositions par révolte. Dans mes expositions, je traite toujours de quelque chose qui me préoccupe, » pose l’artiste et ancienne psychologue dans les centres psychiatriques. « Le monde contemporain ne fonctionne que par l’argent. Cela m’écœure. » « L’argent, c’est très dur d’en parler, » continue sa fille, Yuna Blum. « Cela peut facilement tomber dans le cliché car des centaines de choses existent sur l’argent. C’est même à la mode en ce moment. Dans les magasins, beaucoup de gadgets représentent des dollars. »

« J’aime l’art contemporain et [cet art] est très cruel »

« C’est l’une des expositions de Tr.Kaos qui est la plus explicite. Il n’y a pas besoin d’explications sur ce que l’on voit, contrairement à la précédente, Machine à fabriquer des fous ?, » explique Yuna. Ces motifs interrogent, mettent à mal notre moyen de paiement principal, l’argent. Pour traiter d’un tel sujet, l’artiste a voulu montrer les choses de façon cru : « Je n’aime que l’art contemporain. Et il est très cruel. Il y a du sexe, du sang et de la violence. C’est comme ça qu’est notre société actuelle. » Sur les deux pans de mur blanc amovibles sont mises en scène des personnes qui jouent avec des dollars jonchés sur le sol. Cette performance artistique a été faite dans le cadre de cette exposition. Tr.Kaos l’explique : « J’aime les performances, il faut jouer dans l’Art. »

Anciennement peintre qui considère que la peinture est du « journalisme noble », elle change désormais de cap et se met à la photographie. « J’ai de moins en moins envie de peindre. Désormais, il existe les vidéos et les photos qui sont un recommencement dans l’art. (…) Tout le monde en fait, alors pourquoi pas moi ? » Et en effet, à part une installation, la galerie ne contient que des photographies. Une vidéo a été faite par sa fille et Eva Branellec, vidéaste, pour le vernissage, The Money Race : un personnage androgyne prend son envol à l’aide d’un billet et dégringole aussi vite de ce voyage. Les interprétations sont multiples et Yuna Blum souhaite que chacun ait un propre avis sur le sujet. Comme pour le travail de sa mère lui-même. « Les gens ont plein de choses à dire sur le sujet. Ils ont souvent envie de râler, cela donne à réfléchir. Les réactions sont drôles », s’amuse l’artiste autrichienne.

Mêler l’Art à la maladie : une passion depuis toujours

L’art fantastique qu’elle crée, largement inspiré de la demeure du Chaos, n’aurait pas la patte de Traudi si cela n’avait pas de rapport avec son ancien métier. Il y un an, elle expliquait au blog lavierennaise que « la seule différence entre les malades mentaux et les artistes, c’est que les malades subissent cette folie et les artistes la contrôle ». Fondatrice des ateliers artistiques dans le centre psychiatrique rennais, Tr.Kaos a toujours accordé une grande place pour ses patients, dans sa vie et dans ses lieux d’exposition. « C’est là-bas que j’ai mes plus beaux souvenirs », confesse-t-elle, sourire aux lèvres.

Ainsi, elle laisse à chaque fois une place pour des œuvres réalisées par des malades, autistes principalement. Cette année, elle a épaulé Marc-Antoine pour travailler autour du dollar. Elle avait trouvé ses croquis bons et lui a demandé d’en faire quelques uns pour l’exposition. Tr.Kaos a aussi accroché une illustration sur le thème de l’argent en hommage réalisé par un patient décédé. Michael, lui, a réalisé la bande son qui accompagne l’exposition jusqu’à dimanche à l’Orangerie du Thabor, où pièces de monnaie et froissement des billets s’entrechoquent.

 

Entrée gratuite. Ouverte de 14 à 18 heures.
Le week-end : 10-12 heures et 14-18 heures 

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