Focus sur un blog Rennais #18 : Culture Extensive

Toutes les semaines, le blog lavierennaise vous fait découvrir un blog à travers une interview du créateur ou de la créatrice.

Musique, littérature, cuisine, politique, bande-dessinée, le blog lavierennaise ne ferme aucune porte ! Et si cela vous intéresse, vous pouvez me contacter en remplissant le formulaire ‘Contact’ ci-dessus.

Aujourd’hui, le blog lavierennaise vous propose de découvrir le blog Culture Extensive, tenu par une dizaine d’anciens étudiants en Master 2 Médiation du Patrimoine, à l’Université Rennes 2 Haute Bretagne. Le fest-noz au patrimoine immatériel de l’Unesco, le flop de la Biennale à Rennes ou encore le rôle d’être médiateur culturel, tels sont les thèmes abordés avec Fanny et Elodie, deux des rédactrices rennaises de ce blog national qui cherche à donner envie de s’intéresser à ce domaine vaste qu’est la culture.

 

Bonjour ! Est-ce que vous pouvez vous présenter s’il te plaît ?

Fanny Kerrien et Elodie Pigeon : Nous nous appelons Fanny Kerrien et Elodie Pigeon, avons respectivement 24 ans et 27 ans, et sortons d’un master à l’université Rennes 2 en médiation du patrimoine.

Quelle était l’idée du blog Culture Extensive ?

Fanny : A la base, on est partis à Berlin avec notre classe et on avait crée un blog sur notre périple. Cela a duré une semaine. Quand on a terminé nos études de master, tout le monde repartait chez soi, dans sa région. On n’était pas nombreux à venir de Bretagne. Le blog, c’était en partie pour garder contact et être au courant de ce qu’il se passait dans les autres endroits de France.

Elodie : Au cours de notre année scolaire, on a pas eu le temps d’en créer un et quand on a fini notre Master, Amélie une camarade de classe a impulsé l’idée.

En tout, il y a une dizaine de personnes de votre promotion qui écrivent des articles sur Culture Extensive. Est-ce que c’est facile de gérer cela ?

Fanny : C’est vrai que comme on ne fait pas de réunions, il n’y a pas de ligne éditoriale précise.

Elodie : Il y a des personnes qui écrivent à plusieurs mains : hier (ndlr : mardi 8 janvier), Marine et Nathalie qui ont écrit à quatre mains et des fois, à six. Mais cela reste tout de même assez rare.

Fanny : C’est pour cela qu’il y a un petit peu de toutes les pattes, de tous les styles d’écriture et de tous les sujets, que chacun aime. On veut que ce soit quelque chose de libre, pas de censure.

Toujours dans le domaine assez vaste de la culture…

Elodie : Oui, c’est ça. Dans notre promo’, cela va de 24 à 30 ans. Il y a vraiment des profils différents, cela se ressent dans les articles.

Comment rédigez-vous vos articles ? Vous vous dites « Tiens, je vais écrire sur ça ! » ?

Fanny : Oui, on se dit « Tiens, ce chanteur j’ai envie d’écrire dessus » ou encore « J’ai vu telle exposition et si je faisais un article pour en parler aux autres ? »

Au final, c’est un blog national plutôt que rennais spécifiquement.

Fanny : Comme on est dans toutes les régions, oui même si à la base, c’était breton.

Est-ce que d’une manière générale les blogs culture manquent ?

Fanny : Non, je ne pense pas. A Rennes, cela bouge beaucoup niveau blog. Entre les blogs culinaires, culturels, etc., c’est très présent sur les réseaux sociaux. Les agences de communication se tournent vers les blogs parce que c’est là qu’il y a de l’émulation.

« Les gens ne vont pas d’eux même vers la culture. »

Votre blog dénombre 15 catégories différentes qui parlent autant du patrimoine que de l’opéra. Est-ce que c’est un moyen de donner à votre lectorat les clés pour découvrir sa ville ?

Elodie : A mon avis, notre blog est géré avec notre regard de médiateur. Quand on va voir une exposition ou un artiste, je trouve qu’on ne prend pas parti. En terme général, on essaye de rester objectifs et vulgariser le plus possible. Car les gens ne vont pas d’eux même vers la culture.

Fanny : Notre blog tend à donner envie de s’y intéresser, en tout cas je l’espère ! (Sourire) Culture Extensive a à peine un an, la ligne éditoriale va se former au fur et à mesure. On prévoit sûrement d’accueillir des personnes de la dernière promotion du Master. On a beaucoup de projets, cela s’est vite développé !

En septembre dernier, j’avais rencontré Anne-Isabelle Gendrot de Balades Armoricaines. Elle m’avait dit que les Rennais redécouvraient leur patrimoine. Est-ce que vous êtes d’accord ?

Fanny : Partout, il y a un nouvel intérêt pour son patrimoine. En témoigne le succès des journées du Patrimoine ! Récemment, Ouest-France a édité le Guide secret de Rennes et de ses environs, écrit par Gilles Brohan. Apparemment, cela a fait un carton !

Elodie : Je pense qu’Anne-Isabelle parlait des gens qui passaient devant les bâtiments sans les voir auparavant. Sans y prêter attention.

Justement les greeters arrivent à Rennes. Ce sont des bénévoles qui font découvrir leur ville de façon personnelle, à leur manière.

Fanny : Cela intéresse, oui ! Les gens ont besoin de se tourner sur eux même, voir d’où est-ce qu’ils viennent. Un sentiment d’appartenance qui est très fort en Bretagne. Les bretons sont très attachés à leur patrimoine. Et pas seulement les personnes d’un certain âge ! Il y a une différente approche actuellement : on se tourne plus vers les jeunes pour créer de l’animation du patrimoine, de la création artistique.

L’un de tes derniers articles Fanny parlait des rencontres du patrimoine immatériel à Brest. Qu’est-ce que cela englobe, au juste ? 

Fanny : Je ne suis pas d’accord avec cette notion car patrimoine matériel et immatériel sont très liés. Patrimoine immatériel, on va dire que cela groupe tout ce qui n’est pas du touchable, de la création de la musique, les danses, les contes. Mais c’est tellement lié au matériel parce qu’il y a les instruments de musique, les pas de danse. C’est dur à déterminer. Au colloque à Brest, personne n’a sur en donner une définition claire et nette. Le patrimoine immatériel est nouveau comme concept, difficile à « conserver ». Je ne sais pas ce que cela implique l’inscription du fest-noz dans le patrimoine mondial de l’Unesco par rapport à un élément du patrimoine bâti… Je ne sais pas ce que cela peut apporter.

Elodie : C’est une sorte de fierté, de reconnaissance.

« Comment savoir faire du beurre fait parti du patrimoine »

Grande question : qu’est-ce que c’est le patrimoine ?

Elodie : Si on va au cœur du mot, patrie c’est l’héritage du père. En gros, c’est l’héritage du passé et du présent qu’on conserve. Ce dont on est garants et qu’on doit transmettre aux futures générations. Cela implique énormément de choses, même ce dont on ne s’attend pas. Il y a le patrimoine gastronomique par exemple, comment faire du beurre. Cela va du beurre à la cathédrale de Metz !

Et quel est votre rôle de médiateur par rapport à ce patrimoine ?

Fanny : C’est tout ce qui va se situer entre l’objet (musique, savoir-faire, patrimoine matériel et immatériel) et le public. On joue le rôle de lien, on donne les clés de compréhension pour aider à appréhender le patrimoine.

A quoi mène votre Master Médiation du patrimoine ?

Fanny : A la conception d’expositions, chargé de communication, guide conférencier, ateliers pédagogiques, etc.

Dans le même article sur le patrimoine immatériel, il y avait écrit quelques lignes en breton. Tu parles breton ?

Fanny : Non, je commence à apprendre mais je ne parle pas breton. J’avais juste recopié les quelques mots. (…) Aujourd’hui, dans plein d’offres d’emploi, il faut parler breton ! C’est une revalorisation de la langue.

Que pensez-vous de la culture à Rennes ?

Fanny : On est chanceux, surtout pour ce qui est de la musique, des festivals à des prix abordables.

Elodie : Il y en a limite trop car tu ne sais pas où aller !

Votre blog aussi en témoigne –même si il ne traite pas que de Rennes-, il y a plein de choses !

Fanny : Pour le cinéma, oui comme le festival Travelling, l’Arvor, le Ciné TNB.

Quel est le dernier événement culturel que vous avez vu et que vous conseillez ?

Fanny : Le Louvre Lens, je le conseille (ndlr : et cela commence déjà à faire polémique, voir ici). C’est une antenne du musée du Louvre de Paris qui s’est déporté à Lens, dans un but de démocratiser la culture. Des œuvres du Louvre sont prêtées au Louvre Lens. Déjà le bâtiment est magnifique en lui-même, crée par de grands architectes japonais. C’est une conception muséographique complètement différente. On a l’habitude dans les musées d’avoir plusieurs salles par époques, par peintres flamants, etc. Là, c’est une énorme salle, un grand hangar. Toutes les œuvres sont alignées. Le parcours va de 300 avant Jésus Christ jusqu’à 1800 et quelque. Tu avances dans le temps et tu voyages de continent en continent. Du Maghreb avec les arts de l’islam aux pays du Nord.

Elodie : Le parcours est assez atypique.

Fanny : C’est abordable au niveau des œuvres mais pas au niveau du prix. Les Lensois, eux, ont une politique tarifaire différente.

Elodie : Moi c’était la Frac (Fonds régional d’art contemporain), lors de la dernière Biennale.

« Le problème de l’art contemporain est de ne pas aller vers les autres »

Ah oui ? Pourtant d’après le Mensuel de Rennes et Alter1fo, cela n’a pas marché du tout…

Elodie : Je suis art contemporain à certaines périodes et certains mouvements. J’ai été assez sceptique quand même par rapport à cette exposition. Le problème de l’art contemporain, c’est de ne pas aller vers les autres. Je trouve ça très élitiste.  Nous en tant que médiatrices, on est censées connaître le domaine et on arrive devant une œuvre et on se demande ce que c’est. Si nous, « professionnelles » de la culture, on ne comprend pas la démarche de l’artiste, forcément le public ne va pas forcément accrocher.

Fanny : Après il y avait des choses très bien aussi avec des messages politiques.

Elodie : C’est une vraie démarche mais il faut savoir la mener aussi. Soit tu t’adresses à un public large, soit tu t’adresses à un public spécifique. Là, cela a été raté pour le public large. C’était tout de même intéressant de découvrir les artistes et de se faire une opinion.

Ce mois-ci, le Mensuel de Rennes a fait un dossier spécial « Pourquoi les Rennais adorent (ou pas) Rennes ». Je voulais savoir quelles étaient vos raisons d’aimer ou ne pas aimer Rennes ?

Elodie : Comment on peut ne pas aimer Rennes ? (Rires)

Fanny : C’est une ville qui bouge tout le temps, sauf l’été. Il y a toujours un concert dans un bar, quelque chose à faire, à voir. Il y a plusieurs cinémas d’art et essai. Cela reste une ville à taille humaine. Tu marches cinq minutes et tu es à la campagne.

Elodie : Pour faire un petit comparatif, Fanny et moi on est parties six mois à Bruxelles, et tu me disais que les cinémas te manquaient.

Ah ? Pourtant le cinéma n’est pas très développé à Rennes, c’est ce dont se plaignent beaucoup de gens.

Elodie : C’est vrai mais au niveau politique tarifaire, à Rennes, c’est très avantageux. A Bruxelles, c’est cher et le seul bon cinéma d’art et essai est menacé. Même si ce n’est pas beaucoup développé, nos petits cinémas résistent.

Fanny : Moi j’adore Rennes pour ses festivals, Travelling, Mythos, le Grand Soufflet… !

L’un de vos derniers articles est « La forêt pour les Nuls », quels sont vos prochains articles à venir ?

Elodie : Un sur le Louvre Lens, d’autres sur le Musée de Bretagne et Les Mécaniques Poétiques d’Ez3kiel aux Champs Libres.

Fanny : Peut-être du cinéma, il y a plein de choses qui sortent ! Le dernier Tarantino, Django Unchained, par exemple.

Elodie : Fanny est une pro du cinéma ! (Rires)

Merci d’avoir répondu à mes questions Fanny et Elodie.