Focus sur un blog Rennais #15 : Mes contemplations et mes digressions

Toutes les semaines, le blog lavierennaise vous fait découvrir un blog à travers une interview du créateur ou de la créatrice.

Musique, littérature, cuisine, politique, bande-dessinée, le blog lavierennaise ne ferme aucune porte ! Et si cela vous intéresse, vous pouvez me contacter en remplissant le formulaire ‘Contact’ ci-dessus.

Aujourd’hui, le blog lavierennaise vous propose de découvrir le blog de chronique littéraire, Mes contemplations et mes digressions, crée par Solenn, jeune maman, actuellement en congé maternité. Bonne critique littéraire (ou non), littérature internationale, cafés-librairies, monde de l’édition et des librairies indépendantes à Rennes : voilà quelques sujets abordés avec Solenn, jeune femme, pleine de bonne humeur et d’humour.

Bonjour Solenn ! Est-ce que tu peux te présenter ?

Je m’appelle Solenn, j’ai 34 ans et deux enfants. Je suis revenue à Rennes, il y a un an et demi. Avant, j’ai vécu cinq ans et demi à Madrid, au Pérou et à Paris. En ce moment, je suis en congé parental avec un projet de restauration rapide, salon de thé et café littéraire. Je travaille là-dessus, c’est ce qui m’intéresse énormément. Ce projet que j’ai sous le bras, a besoin d’aboutir un peu plus mais est déjà bien marche. Je n’ai pas du tout le temps de m’y mettre actuellement à cause de mon nouveau né qui est tout le temps avec moi.

Tu as crée ton blog, il y a six ans.

Oui, c’est toujours le même ! Il n’a pas changé. Après il y a eu des époques un peu plus fastueuses en terme de constance et des époques comme celle-là où j’avance moins comme je voudrais. Je m’y tiens depuis six ans.

Quelle est la raison de sa création ?

Tout simplement parce que cela faisait des années que je consignais dans mes petits cahiers, mes opinions, mes émois de lectrice. Le blog est arrivé en 2006. Je ne sais pas trop comment je me suis mise vraiment dans l’idée d’avoir un blog. Je me suis dit que cela pouvait être une plateforme intéressante d’échanges et d’interactivité. C’était pour éviter que mes carnets restent dans mon tiroir et juste pour moi, en fait. Ce blog, c’était pour partager mes coups de gueule, mes coups de cœur littéraires.

La littérature pour toi, c’est une passion ?

Oui, cela fait depuis toute petite que je lis ! Enfin comme tout le monde, au CP, pas à trois ans. (Sourire) J’ai toujours lu et beaucoup lu. Si tout va bien, je lis un livre par semaine et si tout va mal comme là, je lis dix bouts de livres sur trois mois.

Tes publications sont hebdomadaires ?

Oui, toutes les semaines au mieux. Toutes les deux semaines sinon. Je voudrais rendre mon blog un peu plus actif quand je vais trouver le temps. Peut-être ne pas partir que sur des livres, je ne sais pas.

« Si je peux apporter un petit quelque chose en plus, (…), je trouve ça bien. »

Comment fais-tu pour chroniquer un livre ?

Quand je lis un livre, soit je prends des notes au fur et à mesure sur des phrases qui vont m’interpeller. Soit je corne des pages et j’essaye de me rappeler pourquoi je les avais cornées, quelle était l’idée. (Sourire) Souvent, dans le cadre d’un auteur que je connais peu, je fais des recherches. Je bosse vraiment mon truc pour ne sortir qu’une connerie sur dix lignes. Par exemple, si cela se passe dans un contexte historique particulier, je vais faire des recherches pour en savoir un peu plus, même si au bout du compte, je ne garde que le côté rigolo et abrégé. (…) Si je peux apporter un petit quelque chose en plus, autre que mon point de vue, je trouve ça bien.

Quels sont ceux que tu as préféré critiquer ?

Finalement, ce qui est étonnant, c’est que les livres que j’aime le plus qui sont les plus difficiles à chroniquer. Je ne veux pas me louper, je veux respecter l’auteur. C’est là où je me prends le plus la tête et encore plus quand ils ont une dimension politique. J’essaye quand même de rester assez impartiale, même si ce n’est pas évident. Après mes livres préférés, il y en a plein ! Je suis fan de Mario Vargas Llosa, auteur péruvien qui a gagné le prix Nobel en 2010. Amanda Steers, en auteur française. Dès qu’elle sort un bouquin, je le lis. En général, j’attends que les livres paraissent en poche mais elle, jamais. Je pourrais te citer autant Le Clézio que Beigbeder. Ou encore deux autres auteurs sud américains : Santiago Roncagliolo, pas très connu en France, journaliste et auteur péruvien qui n’a que deux livres de traduit en français. Luis Sepulveda, aussi. En général, je suis très éclectique dans ce que je lis. J’essaye de ne pas avoir d’à priori.

Dans les différentes catégories qu’il y a sur ton blog, il y a beaucoup de littérature non-européenne. Tu m’as dit que tu avais vécu à l’étranger. Comment t’est venu cet intérêt pour l’international ?

Depuis que j’avais 10 ans, j’ai toujours voulu voyager. Quand j’étais gamine, je me suis toujours dit que j’irais au Pérou. Je crois que c’est un peu à cause du dessin animé, Les Cités d’or. Le hasard a fait que j’ai eu un stage qui m’a été proposé dans ce pays et j’y suis allée. De fil en aiguille, après plusieurs voyages là-bas, j’ai rencontré mon mari. Je suis restée. Globalement, j’ai toujours beaucoup bougé.

Tu chroniques même des livres écrits en espagnol.

Oui mais par contre, les livres que je lis en langue étrangère, j’essaye toujours de voir s’ils sont traduits en France parce que ce n’est pas intéressant sinon pour mes lecteurs. A part une ou deux exceptions.

Au début, tu parlais de ton lectorat. Tu voulais que cela soit un peu vivant…

Non, pas trop et ça, c’est mon grand regret. Je n’ai pas beaucoup de commentaires. De temps en temps. Cela fait toujours plaisir car en général, c’est pour proposer une autre lecture. J’ai quand même mes petits lecteurs fidèles qui sont toujours là. Je les appelle « mes lecteurs de l’ombre » car je ne les connais pas. Mais ils sont là. J’aimerais donner une autre dynamique à ce blog.

En parlant de cela, j’ai vu que tu ne fais pas que des chroniques mais parles aussi d’exposition.

Ah mais oui, ça c’était en 2006 ! (Sourire) A la base, je voulais faire ça. Que ce soit pluridisciplinaire parce que je ne suis pas intéressée que par la littérature. Mais je me suis rendue compte qu’il fallait que je maintienne qu’une seule chose. L’autre domaine qui m’intéresse énormément, c’est la nourriture. La cuisine, c’est mon autre passion. Et c’est pour cela que je veux trouver un pont entre la cuisine et les livres. Mais je n’ai pas la prétention d’en parler sur mon blog, pour que cela ne soit pas trop fouillis. J’ai plus l’idée de vidéos, que ce soit plus ludique.

« Rendre plus accessible la lecture »

Un peu à la façon de Pénélope Bagieu ?

Exactement. Je trouve que c’est plus accessible pour certaines personnes qui ne vont pas se donner la peine de lire ce que j’écris. L’idée est de motiver un peu tout le monde à lire. Même ceux qui n’aiment pas du tout.

Dans les choix de tes livres, j’ai vu que c’était globalement des auteurs peu médiatisés. C’est un choix ?

Non, c’est un hasard. Je ne vais pas plus vers des petits auteurs.

Je veux dire, tu ne vas pas vers les grosses sorties littéraires du moment.

Ce n’est pas que cela ne m’intéresse pas mais, par exemple, le bouquin, 50 Nuances de Grey, qui vient de sortir, j’ai la curiosité de le lire. (…) Ce n’est pas que je ne veux pas mais vu que cela risque de ne pas trop me plaire, et que cela va me coûter 25€, je me dis que je vais attendre le poche. Dans mon blog, je milite contre le snobisme littéraire. Une de mes meilleures amies a énormément de qualités… mais elle aime Marc Lévy ! Elle a cette tare. (Rires) Tu peux aimer Lévy et on peut considérer ça comme un livre. Je ne suis pas trop d’actualité mais c’est une raison purement économique, je préfère attendre la sortie en poche et m’en acheter trois. Le dernier livre de J.K Rowling, Place à prendre, je suis très curieuse de voir ce qu’elle a écrit plus qu’E.L. James, de 50 Nuances de Grey. Ce genre de bouquin grand public, où tu sens un peu le piège commercial, je vais le lire en espagnol, comme avec Le Diable s’habille en Prada de Lauren Weisberger. Je vais même faire l’effort de le lire en anglais pour que cela ne soit pas vain, si cela ne me plaît pas.

En 2006, tu as crée ton blog mais tu as dit que tu ne lisais pas tellement de blog littéraire, à cette époque.

Non mais même maintenant. Par contre, je lis beaucoup de blog BD, de blog déco’, mode. Bizarrement, je ne lis pas trop ça. Je lis beaucoup de blogs BD. (…) Je suis revenue à la bande dessinée il y a trois ans. C’est quelque chose que j’aime énormément. C’est ce qui fait qu’en général, je n’achète pas les livres dès leur sortie car j’achète des BDs !

Il y a deux semaines, j’ai interviewé Nicolas Keraudren, de The 92nd Street, site de critique musicale. On s’était demandés ce qu’était une bonne critique musicale. Alors, pour toi, qu’est-ce qu’une bonne critique littéraire ?

Je pense qu’une bonne critique n’appartient pas qu’à sa subjectivité et essaye de penser aux autres. Par exemple, je pense à des profils d’amis complètement différents et j’essaye de voir ce qui peut leur plaire à eux. Une critique est par essence subjective mais j’essaye d’être impartiale, vraiment. Si c’est ça une bonne critique, je n’en sais rien mais je pense qu’être impartial, c’est déjà pas mal.

As-tu entendu parler du café-librairie spécialisé dans les polars, le Dahlia Noir, qui va remplacer le bar La Vie Enchantiée à la fin du mois (ndlr : fin novembre, début décembre) ?

Non, pas du tout. Dans les polars ? ça, c’est bien. D’ailleurs, j’ai lu un polar génial, dernièrement, Mapuche de Caryl Férey.  Extraordinaire ce bouquin. Non, je ne savais pas, Le Dahlia Noir. Cela porte bien son nom ! C’est bien, j’irai faire un petit tour. Je connais aussi comme ça de nom, La Cour des Miracles.

Tu trouves qu’il y a une bonne dynamique à Rennes dans ce domaine ?

Oui, il y en a une mais une dynamique de cafés. Les cafés littéraires sont plus anglo-saxons. C’est plus quelque chose que tu vas retrouver en Angleterre ou aux Etats-Unis. Souvent ici, cela reste vraiment l’idée de café. Ça va être le café et quelques petits gâteaux. Je voudrais aller un petit plus loin dans ma démarche de projet. Mais ce n’est pas spécifique à Rennes. II y en a de plus en plus, je trouve ça bien.

« Aller acheter les bouquins dans les librairies indépendantes [rennaises] »

Dernièrement, à Rennes, le directeur de la maison d’éditions La Part Commune est décédé, Yves Landrein. Le bail de la librairie spécialisée dans la bande-dessinée, Alphagraph, est en vente. Et d’autres maisons d’édition indépendantes sont entre deux eaux. Tu es un peu au courant de ce qui se passe en ce moment dans ce milieu, à Rennes ?

Je n’ai pas trop d’opinion là-dessus, je ne suis pas assez renseignée. Ce que je peux dire, en terme de librairies, avec l’histoire de la TVA qui a augmenté dernièrement, c’est que ce sont des choses qui ne vont pas du tout dans le sens de la vente des livres. Je trouve cela purement scandaleux. Tout ce qu’on peut faire en tant que militant à deux balles, c’est au moins d’acheter ces bouquins dans des librairies indépendantes.

Dans un de tes articles, tu disais que tu avais plein de livres qui s’entassaient sur ta table de chevet. Je voulais connaître les prochains que tu vas chroniquer sur ton blog ?

Je vais surtout faire une chronique des dix livres que j’ai commencé et que je n’ai pas terminé. Entre autres, Charly 9 de Jean Teulé, Extrêmement fort et incroyablement près de Jonathan Safran Foer, L’œil de la lune d’un auteur anonyme qui a écrit la trilogie, Le livre sans nom. Il y en a qu’il faut que je les lise l’esprit plus reposé et je suis sûre que je les terminerai. En gros, au pied de mon lit, j’ai plus de magazines ou des BDs… Ah si, j’en ai commencé un dernièrement que j’accroche bien, Le vieux qui voulait pas fêter son anniversaire de Jonas Jonasson.

Tu fais des critiques négatives et positives de tes livres ?

Quand ça me plait pas, je le dis aussi même si je ne me sens pas du tout la légitimité de le faire. J’essaye d’argumenter. Mes coups de gueule, il y en a pas beaucoup car je suis super gentille avec les auteurs.

Dernière question :  tes bonnes adresses gastronomiques à Rennes ?

Il y en a un qui est génial, la Table Vasselot. Pour 30€ le soir, tu as un repas très bon, limite gastronomique. Il y a aussi le Café Breton, l’Arsouille, la crêperie Saint-Georges, le Bocal et le libanais Al Saje.

Merci d’avoir répondu à mes questions, Solenn !