Focus sur un blog rennais #13 : The 92nd Street

Toutes les semaines, le blog lavierennaise vous fait découvrir un blog à travers une interview du créateur ou de la créatrice.

Musique, littérature, cuisine, politique, bande-dessinée, le blog lavierennaise ne ferme aucune porte ! Et si cela vous intéresse, vous pouvez me contacter en remplissant le formulaire ‘Contact’ ci-dessus.

Aujourd’hui, le blog lavierennaise vous propose de découvrir le site musical, The 92nd Street, crée par Nicolas Keraudren, étudiant à l’université de Rennes 1. Critique musicale, festivals de jazz, la scène rennaise, la fin du monde et les élections présidentielles des Etats-Unis : voilà différents thèmes abordés dans cette interview.

 

Bonjour ! Peux-tu te présenter s’il te plaît ?

Je m’appelle Nicolas Keraudren, NK sur le site, je vais avoir 20 ans (NDLR : le 7 novembre) et je suis étudiant en troisième année de droit à l’université de droit et de sciences politiques à Rennes.

Peux-tu expliquer l’origine du site, The 92nd Street ?

Je vais commencer par le nom, The 92nd Street (à prononcer, the ninety second street), la 92ème rue en anglais. Ce nom n’est pas du tout anodin. C’est le nom d’une avenue dans Manhattan, un quartier de New-York, qui est réputée pour être relativement culturelle. Musique populaire, surtout allemande et juive. Il y a aussi un conservatoire de musique et une salle de théâtre. A la base, on voulait aussi faire des critiques théâtrales. Mais il n’y avait aucun article dans la rubrique et la partie « Musique » prend beaucoup de temps. Alors on a laissé tomber.

Sur votre bannière, il y a Dizzy Gillespie, jazzman et trompettiste américain. Est-ce qu’au départ, The 92nd Street était un site musical plus orienté jazz ?

Non. Toujours musico’, c’était vraiment la base. La seule chose sur laquelle on accentue le plus, c’est la musique de découverte et « non commerciale ». Il n’y aura jamais de Rihanna, par exemple, sur notre site. Cela n’a pas de sens et ne nous intéresse pas. En général, la musique qui nous intéresse nous, c’est de la musique qu’on entend pas tous les jours.

Vous êtes trois rédacteurs sur le site Manon, Valentin et toi…

L’idée originelle vient de moi. Je suis le créateur du site. Cela m’est venu au lendemain des Trans musicales 2011. J’avais vraiment envie de créer une plateforme et cela me fait une bonne expérience journalistique. Je me suis dit que j’étais incapable de faire ça tout seul, pour que le site tourne un minimum. J’ai fait appel à deux amis les plus connaisseurs en musique de mon entourage. Valentin a déjà eu des expériences dans le milieu musical, Manon c’était sa première.

Ce n’est pas difficile de faire fonctionner le site avec trois personnes ?

Non, au contraire. Il tourne plus facilement. Autre point sur lequel je voulais parler : il n’y a pas de hiérarchie entre nous trois. Je suis le créateur mais on est tous les trois rédacteurs. Dès qu’on a une idée, on la propose et si les autres sont d’accord, ça marche.

Comment vous organisez-vous ? Y a-t-il des rubriques attitrées ?

Il n’y a aucune directive. On fait ce qu’on veut, quand on veut ! Dès qu’il y a un artiste ou un album qui nous plaisent, on écrit dessus.

Cela vous intéresse de couvrir des festivals de jazz comme Jazz à l’étage (NDLR : la troisième édition a eu lieu en mars dernier) ou Jazz à l’Ouest qui a lieu du 8 au 16 novembre prochain ?

Oui, carrément ! Pour revenir à Dizzy Gillespie, pour moi, le jazz, c’est peut-être le style musical que je préfère. Ce n’est pas évident d’en parler et ce n’est pas un style exposé médiatiquement. Si on pouvait se lancer dans cette branche, pourquoi pas ! Arriver à être encore plus varié car on parle déjà de rap, de rock, de hip-hop, etc. La musique classique aussi, ce serait génial, j’adorerais. Aux Vieilles Charrues, l’ensemble Matheus est passé et c’était super. Le jazz et la musique classique sont des styles encore marginalisés.

Vous faites des live report, des critiques, des interviews et des playlists. Est-ce que c’est difficile de se démarquer à Rennes en tant que site musical ?

La scène musicale rennaise dans son ensemble, aussi bien les artistes que les critiques et les programmateurs, est très importante et sans doute l’une des meilleures de France. L’objectif quand tu crées un site, c’est de voir tout les sites spécialisés autour, comme Pop is on fire, et se démarquer. Avoir un petit plus par rapport à eux.

Et c’est quoi votre petit plus ?

On ne fait pas des interviews basiques.

… Que vous faites par écrit et vidéo.

Oui et si on pouvait faire que des vidéos après, ce serait encore mieux. Les vidéos, cela se diffuse plus facilement. Les gens n’aiment pas lire des pavés. Alors soit on se concentre sur des interviews beaucoup plus courtes par écrit soit on développe plus un sujet en vidéo. Pour les interviews, on ne pose plus des questions du type « Pourquoi avez-vous choisi ce nom ? ». Sur The 92nd Street, on essaye de trouver une thématique par interview comme avec Pégase ou aux Vieilles Charrues avec le thème « Super héros ». Les questions qu’on pouvait poser, c’était « Si t’étais un super héros, qu’est-ce que tu ferais pour sauver l’industrie musicale ? ».

(Rires) Vous interviewez beaucoup d’artistes pendant les festivals, d’ailleurs. Quelle interview a été la plus intéressante pour toi ?

Je n’en ai pas fait beaucoup mais techniquement, la plus intéressante a été celle des Clockwork of the Moon parce qu’on était dans un environnement très sympa, près des Prairies Saint Martin. L’artiste que j’ai le plus apprécié, je dirais les Christine, super chouette ainsi que l’artiste Rich Aucoin. Dans sa tête, il y a plusieurs personnes (Rires) !

Rich Aucoin qui est programmé aux Bars en Trans

Oui et il faut aller le voir ! Je couvrais avec Valentin le festival des Vieilles Charrues et si on avait un souvenir de concert à garder, ce serait Rich Aucoin. C’est l’un des meilleurs concerts qu’on a vu de toute notre vie. Il passe la moitié de son concert dans la foule, il n’est jamais sur scène. Au début du concert, on était à tout casser 20 et on a terminé à 5 000.

Votre site est d’envergure locale ou nationale ?

Pour l’instant, c’est indéniable, d’envergure locale. Après est-ce que c’est un objectif d’avoir une envergure nationale ? Mhhh… Quand tu fais de la critique, le but est d’être lu. C’est le travail du journaliste. Tu fais du journalisme pour informer. Si on pouvait avoir une envergure nationale, ce serait chouette, oui ! Mais c’est difficile, très difficile.

Vos critiques musicales sont écrites par rapport à vos goûts propres. Pour toi, qu’est-ce que sont les ingrédients d’une bonne critique ?

J’ai déjà écrit un article là-dessus sur le site, d’ailleurs. C’était un article sur l’avenir de la critique musicale. Je suis parti de cette problématique. Je me suis demandé, quand on nous lit, est-ce que c’est intéressant ? Je trouve qu’il y a un souci dans la critique aujourd’hui. Le souci, par exemple avec les Inrocks, c’est qu’ils sortent des phrases incompréhensibles. Quand tu es novice, tu ne comprends rien. L’objectif du journalisme, c’est d’être intelligible aux autres. Il faut être très simple, tout vulgariser sans tout de même prendre le lecteur pour un idiot.

L’originalité de votre site, c’est les playlists hebdomadaires.

On peut dire ça comme ça. Hebdomadaires, au départ. Désormais, c’est surtout quand on en a envie. Ce week-end, il y a le festival Les IndisciplinéEs à Lorient et on a fait une playlist spéciale pour l’occasion. La toute première que j’ai faite, c’était spécial vacances de Noël, assez chaleureuse. Cela revient à ce que j’ai dit à propos des interviews, sur le site, on reste très thématique. On prend un sujet et une thématique liée.

Je me demandais qu’est-ce que cela donnerait une playlist spéciale « Fin du monde » ?

Je mettrais du hard, du métal partout ! (Rires) Nan, peut-être le contraire tiens ! De la pop, quelque chose de très réjouissant, mais pas dans le sens bisounours du terme. Je prendrais BRNS, Dark dark dark et Gomina. De la musique très agréable mais qui peut être très triste dans les paroles. Mais quand tu écoutes cette musique, tu te sens bien en fait. Dans ce genre de moment, ce serait la musique à écouter.

Quel est ton coup de cœur de la programmation les IndisciplinéEs, festival qui a lieu du 6 au 11 novembre dans le pays de Lorient ?

Les Two Door Cinema Club ! Le dernier album, Beacon, est génial, vraiment très bon. Les Two Door ont fini chez le label Kitsuné. C’est le meilleur label qui puisse exister, d’après moi. Ils ont fait découvrir il y a pas longtemps le groupe Saint Lou Lou. C’est un exemple pour nous puisque ce sont deux auto entrepreneurs. Ils sont partis de rien. Aujourd’hui, c’est une entreprise qu’ils ont. Autrement, il y a le groupe Mermonte qu’il faut suivre de près.

Dans vos articles, vous avez souvent vos avis assez tranchés, par rapport au public de la Route du Rock entre autres. Vous avez déjà eu des remarques là-dessus ?

Non, aucun retour sur ça. C’est l’objectif de la critique. On est pas hyper méchants mais quand on a quelque chose à dire, on le dit. La critique est aussi bien positive qu’elle peut être négative. Quand on retranscrit une interview, on ne l’envoie jamais directement à l’artiste pour lui demander s’il veut modifier certaines choses.

Revenons au jazz. As-tu déjà eu l’occasion d’aller au nouveau club de jazz, le 1988, et le restaurant, le 47, qui ont ouvert en septembre dernier ?

Aaaah, ça me dit quelque chose ! J’en ai déjà entendu parler mais je n’y ai jamais mis les pieds. (…) Honnêtement, d’ici la fin de l’année, ce serait bien de s’ouvrir avec le site sur le jazz. En plus, cela attirerait d’autre monde. Notre lectorat est ciblé dans la tranche d’âge 18-24 ans. Cela permettrait de les initier à ce style de musique. Ce serait bien !

Tu parles de développer le site, quels sont vos projets ?

On grouille de projets ! On est très ambitieux et je pense que c’est nécessaire. Là, on va couvrir les Trans musicales. On a un partenariat avec la mairie de Guichen, dans le sud de Rennes. Ils nous accompagnent pour ce projet. Ruth Alvarez sera notre photographe pendant le festival. Au lendemain des Trans musicales, toujours en partenariat, on va organiser une exposition photo à Guichen. Les interviews sonores réalisées pour les Trans musicales passeront sur Radio Laser. Pour les « 1 an » du site, en janvier, on réfléchit à un concert ouvert au public. On a déjà le nom du groupe mais on ne le dévoile pas encore. Et pourquoi pas sortir un exemplaire d’un magazine pour l’occasion.

Vos prochains articles à part les IndisciplinéEs ?

J’en ai déjà un en cours de rédaction. Je vais rédiger un article sur l’évolution et l’origine de la musique pop, à partir d’une conférence qui avait lieu avant le concert de Pégase. Je vais sans doute aussi voir le concert de Django Django à Rennes donc j’écrirai un live report et les Trans, c’est notre prochain projet pour lequel on se concentre activement. On travaille actuellement sur une thématique spéciale Trans musicales 2012… Qui est « Les élections présidentielles aux Etats-Unis ». Ce n’est pas encore sûr mais c’est ce sur quoi on travaille.