L’exposition Kidults à voir jusqu’au 28 octobre, fascinante et déroutante

L’Epatante Gallery est une toute nouvelle galerie d’expositions rennaise, qui a ouvert en mai dernier. Sa première exposition a regroupé trois artistes, LYS, Rétrofuturs et Philippe Lagautrière. Elle a été très appréciée d’un point de vue global et en particulier, par le blog lavierennaise. La deuxième exposition se faisait attendre et la voici.

Depuis le 12 octobre, les œuvres de dix artistes internationaux ont investi l’ancien hôtel particulier, l’hôtel Saint-Gilles, à mi-chemin entre la faculté de droit et la place Hoche, sous un thème commun : Kidults. En français, à traduire par l’« adulescence », mot-valise entre adolescence et adulte. Plus que quelques jours pour en profiter, l’exposition se termine le 28 octobre.

Le nom est intriguant. Kidults, cela sonne bien. Ce nom est le fruit de la réflexion entre Juliette Pinto Maïa, directrice de l’Epatante Gallery, et Mijn Schatje, dessinatrice qui a participé à l’exposition. La traduction est étonnante : l’adulescence, qu’on peut qualifier comme une transition entre 15 et 25 ans. Cela fait penser au mot adolescence, utilisé pendant le Moyen-Âge tardif. Quand Clément Marot écrit son recueil de poèmes, l’Adolescence clémentine, en 1532, il fait référence à toute sa vie jusqu’à ses 30 ans. L’adolescence est considérée une période beaucoup plus longue à cette époque. Voilà pour la brève explication.

« On a voulu se moquer des adultes ‘branchouilles’ et de nous-même »

Kidults, c’est le syndrome de Peter Pan artistique. Ceux qui ne veulent pas grandir. Les toiles exposées à l’Epatante Gallery regroupent les thèmes de l’enfance, des nymphettes aux visages disproportionnés et de tout un bestiaire fantastique où les ours et les araignées se côtoient. « En créant cette exposition sur ce thème, on a voulu se moquer des adultes ‘branchouilles’. C’est aussi de l’auto-dérision car on adore ce qui est à la mode -en ce moment les animaux- et qu’on trouve ça beau et poétique », explique Juliette Pinto Maïa.

Dans les trois pièces, un univers est abordé. « A la base pour Kidults, il y avait une décoration dans chaque pièce. La chambre, c’est dans la salle rose (NDLR : la pièce principale, à droite de l’entrée). On avait même mis un lit en fer noir du Grenier des Frangines. La salle d’eau était dans celle du fond (NDLR : la pièce couleur vert goutte d’eau), à la découverte de son corps et dans la pièce verte foncé, c’était le jardin. » Une idée ambitieuse et originale que Juliette a dû enlever au dernier moment, faute de place. Il ne reste désormais plus que la décoration du jardin. L’indice : des champignons et une tête d’oie trônent sur la table ronde centrale.

Comme un goût d’Alice au pays des Merveilles : surprenant mais familier

« Je choisis aux coups de cœur les artistes que je souhaite exposer. J’ai choisi ce qui allait dans le thème », confesse Juliette. Contrairement à la première exposition où les trois artistes avaient des pièces attitrées, les réalisations des dix artistes, six français, deux anglaises, un italien et un autrichien, sont mélangées. C’est un choix pris par la jeune galeriste.

Pendant l’exposition Kidults, les visiteurs sont plongés dans un univers très onirique. Au dessus de la cheminée de la pièce Jardin, une tarte à la myrtille en plastique, attire le regard. Un peu comme Alice, dans Alice au pays des Merveilles de Lewis Carroll, attirée par la petite fiole sur la table ronde. Au dessus se trouvent les travaux de Kareena Zerefos. Sa Peau d’âne revisitée et ses ombres chinoises sont remarquables. Énormément de travaux sont exposés : plusieurs coups d’oeil sont nécessaires pour tout se remémorer. Le blog lavierennaise retiendra au premier regard les « cupcakes animaliers » et les portraits de jeunes filles réalisés par l’autrichien Stefan Zsaitsits, les poupées ensorcelantes de Mijn Schatje et les toiles de Frédérique Vernillet.

Au final, en regardant Kidults, le badaud est dérouté et ne sait où donner de la tête. Beaucoup de symboliques, d’humour, de loups et de méduses. Pour autant, l’univers si lointain paraît familier à la seconde approche. Telle chose fait penser à une autre et on peut rester longtemps à fixer un détail. Tout le monde s’y retrouve car au final, « dans le fond, on est tous des Kidults !», conclue Juliette.

 

Jusqu’au 28 octobre. De 14 à 18 heures. Gratuit.