Du 2 avril au 3 mai, l’évènement national Expolaroid s’installe à Rennes avec trois expositions photo

Pour la première fois en France, tout au long du mois d’avril, un événement national est organisé autour des appareils photos Polaroid. A travers entre autres des expositions, ateliers pédagogiques et projections de films, l’Expolaroid met sur le devant de la scène la célèbre marque de photographies instantanées, dans une trentaine de villes françaises et francophones.

Impulsée par une association nantaise, cette manifestation fait donc ses premiers pas à Rennes à partir du 2 avril avec trois expositions photo à l’Antipode, à la friperie Antoine & Colette et au Tambour. La première est organisée par Denis Peaudeau, photographe et les deux autres, par un collectif rennais de photographes passionnés par le Polaroïd.

En 2008, la marque de films instantanés Polaroid est contrainte d’arrêter sa production. Mais « Florian Kaps, un autrichien, a racheté l’usine des Pays-Bas et l’a renommé Impossible », explique Lucile Le Doze, l’une des membres du collectif de photographes amateurs. « Ce nom a été choisi en conséquence car tout recréer à partir de rien était un projet impossible à la base… » L’autrichien a quand même réussi à tenir le cap et créer une nouvelle usine. Désormais le Polaroid est plus qu’une marque de films photographiques mais « un objet à part entière », continue Frédéric Viñolas, lui aussi, membre de ce collectif anonyme.

En France, cette boîte noire suscite un vif intérêt. En 2007 est crée le forum français Polaroidpassion, désormais un « site de référence pour ceux qui souhaitent avoir des renseignements avant l’achat d’un Polaroïd ou même des avis sur les photos qu’on met sur la plate-forme », complète Lucile. Il permet aux nombreux photographes de se retrouver et de discuter de leur passion. C’est ainsi qu’il y a deux ans, Lucile et Frédéric ont rencontré trois autres Rennais inscrits sur le site, Alexandre Bouchon, Morgane Caradec et Stéphane Chapon. Pour cet événement national, ils ont décidé d’organiser tous les cinq, deux expositions : l’une dans le hall du Tambour à l’université Rennes 2 et l’autre, dans la friperie vintage Antoine & Colette. De son côté, Denis Peaudeau, photographe amateur et bidouilleur de Polaroid, a lui aussi organisé son exposition Expolaroid à l’Antipode.

De l’urbain, des portraits et des paysages

Les deux expositions du collectif seront très différentes l’une de l’autre : celle au Tambour, Polaroid is not dead !, présentera une dizaine de clichés par photographe en formats agrandis, représentatifs de l’univers de chacun. Par exemple, Lucile a choisi des photos de vacances, Frédéric des paysages et « des photos abstraites ou même ratées. C’est ce qui fait leur charme ! ». Pour la friperie vintage Antoine & Colette, le collectif a sélectionné les tirages en accord avec la boutique : intimistes et rétros qui mettent en scène des objets de la vie quotidienne. Pour son exposition à l’Antipode, Denis, lui, a privilégié des clichés de paysages urbains, à l’image du collectif photographique Urbex auquel il participe, et quelques portraits.

« Le Polaroid, c’est une autre façon de voir la photo : elle est unique. Pour une seule prise, il faut réfléchir à la meilleure prise de vue possible contrairement au numérique », pose Frédéric, enthousiaste. « [Le but d’Expolaroid] est de montrer que le Polaroid existe encore et qu’on peut faire des trucs sympa avec. Il n’est pas mort !», rappelle Lucile. La magie des instantanées se propagera dans les rues de Rennes durant tout le mois d’avril. « En avril, il faut que le nom de la marque soit sur toutes les bouches ! », termine Frédéric. Pari tenu.

Expolaroïd à Antoine & Colette : du 2 au 27 avril. 

Expolaroïd au Tambour : du 8 avril au 3 mai.

Expolaroïd à l’Antipode : du 2 au 30 avril

 

Chunyu Wang, artiste d’origine chinoise : « Enseigner mon art permet de me prouver pourquoi je suis venu en France »

Capture d’écran, reportage : Itinérances

Parti de Chine depuis dix ans pour pouvoir vivre de sa peinture, Chunyu Wang est désormais artiste et professeur de dessin à Rennes où il mène une vie comme il en a toujours rêvé. Ou presque. Chunyu appréhende malgré tout : cette année, le jeune homme a eu pour la première fois une carte de séjour valable seulement six mois. Il est donc en sursis jusqu’au 16 juin. A partir de cette date, il ne peut pas dire où il sera. Le blog La vie Rennaise a été touché par son histoire et l’a rencontré le 20 février dernier. Récit.

 

Entre la Semaine chinoise et son exposition à Saint-Nazaire, Chunyu ne sait pas où donner de la tête. Pour lui, ce mois de février est le plus chargé de l’année. Il accepte tout de même de me recevoir chez lui, avec une seule recommandation, celle de ne pas faire attention au rangement. Dans la chambre universitaire dans laquelle il habite, se côtoient des livres de Foucault, Beaumarchais (Le Mariage de Figaro) et Kant à côté de paquets de cigarettes et de nombreux rouleaux de dessin, imbriqués les uns dans les autres. L’odeur de la peinture est encore fraîche, le dessinateur a juste fini un lotus dessiné à l’encre de chine qu’il doit exposer le lendemain.

Habitant français depuis dix ans ? Pas plus facile d’être renouvelé

Grands cheveux longs et noirs, visage rond avec une petite barbiche emmêlée et un regard doux, Chunyu Wang est un artiste et professeur de dessin d’origine chinoise, installé en France depuis novembre 2002. Tous les ans en septembre, il ressent pourtant toujours la même boule au ventre. Le dessinateur ne sait pas si on lui autorisera le droit de rester à Rennes. Au total, il s’est déplacé une trentaine de fois à la Préfecture pour renouveler son titre, onze fois. Cette année, la date fatidique s’est rapproché : à partir du 16 juin prochain, il peut revenir en Chine à tout moment.

« Chaque année, ce n’est pas pareil. J’ai beau être un habitant français depuis dix ans, ce n’est pas plus facile pour moi d’obtenir une carte de longue durée. Je ne suis jamais sûr d’avoir tous les ans la possibilité de rester en France. »

De ces aléas administratifs, de nombreuses contraintes matérielles en découlent : pourquoi acheter une voiture si c’est pour la vendre quelques mois plus tard ? Pourquoi acheter un appartement ou encore un frigo ? Chunyu a donc le strict minimum sans être pour autant pauvre et habite en cité universitaire, à Beaulieu après avoir aménagé à Saint-Grégoire, Bruz, Jacques Quartier et Villejean.

« Certains de mes amis me disent que je suis plus rennais qu’eux », sourit l’artiste car cette ville, il la connaît par cœur dans ses moindres recoins, une ville qu’il caractérise comme « tranquille et sécurisante ». Rennes, il y est arrivé par hasard après avoir passé deux ans à Brest, pour apprendre de façon intensive la langue française.

Être peintre et aller en France, un passage obligé

Une vingtaine d’années et une licence d’arts plastiques à l’université de Harbin en poche, Chunyu part en France, l’El Dorado de l’Art pour les chinois. « Beaucoup de peintres sont venus en France dans les années 50-60. Cela s’est intensifié après De Gaulle », explique le trentenaire. Pour eux, c’est comme un rite initiatique. Zhao Wuji (赵无极) et Xu Bei Hong (徐悲鸿) font partis du répertoire du jeune homme qui lui ont donné envie de partir. Ces deux artistes chinois venus en France, ont mélangé l’art occidental et asiatique : l’encre de chine se substitue à la peinture à l’huile.

En Chine, Chunyu n’a appris qu’à faire de la peinture traditionnelle chinoise. Alors quand il entre en deuxième année à l’Ecole des Beaux Arts de Rennes, le gouffre culturel est immense. Il n’a jamais entendu parler des installations d’art contemporain, si importantes aux Beaux Arts. Même si cela commence à être très en vogue ces dernières années en Chine. Alors, il s’y confronte tant bien que mal mais le besoin d’avoir un pinceau au bout des doigts est nécessaire. « Depuis l’âge de six ans, je n’ai jamais pensé à faire autre chose qu’être peintre », dit-il, des étoiles dans les yeux et sourire en coin. Cette passion pour les Arts est de famille, son père est professeur de dessin et sa mère, de musique.

« L’art, c’est comme la musique. Par exemple, il y a la musique traditionnelle et le jazz. Elles sont différentes mais leurs racines sont communes. Il n’y a que la forme qui change. (…) Désormais, je sais que je n’ai pas que le pinceau pour m’exprimer. Avoir fait les Beaux Arts, je le vois comme une richesse supplémentaire. »

Pour ne pas baisser les bras, se rappeler d’où l’on vient

Enfant unique, Chunyu a laissé ses parents derrière lui pour vivre son rêve et les voit rarement : son premier voyage France-Chine date de 2007, cinq ans après son départ. « J’ai pris un chemin très sinueux. Alors pour tenir le coup, je n’abandonne pas la raison de ma venue en France, celle de vivre de mon art et faire des expositions. Et j’en suis tellement content. »

Après avoir fait de l’usine et de la cueillette pour financer ses études, Chunyu cumule les boulots de professeur de dessin depuis 2009. Il sillonne toute la Bretagne pour donner des cours de peinture chinoise à Brest, Saint-Nazaire, Dinan et Rennes : à l’institut Confucius, au lycée Emile Zola et à l’Atelier du Thabor.

En donnant cette connaissance de l’art chinois à travers des cours de calligraphie et de peinture traditionnelle, Chunyu « prouve pourquoi [il vit] » : « J’ai besoin de me demander pourquoi j’ai fait vingt ans d’études, pourquoi je n’ai presque pas eu d’amis pendant tout ce temps et ne suis pas resté dans mon pays. J’ai la réponse : j’apporte quelque chose aux autres, la culture de mon pays, mes racines, et c’est ce qui m’importe. »

Vivre heureux dans la précarité

L’artiste voit son réseau professionnel s’élargir d’année en année. « 2012 est une période importante pour moi, j’arrive petit à petit à me constituer un réseau. » Un travail de longue haleine qui commence à seulement porter ses fruits. Ces fruits qui pourraient très bien ne pas être mûrs d’ici le 16 juin prochain.

« J’aime regarder mes poissons et aller à IKEA le dimanche. Aller aux Champs-Libres et discuter philosophie avec mes amis. Je peux faire ce que je souhaite, peindre et faire une sieste ensuite. (Rires) », conclue-t-il, serein. Mais après un rapide coup d’œil à ses deux aquariums qui ornent sa chambre, la réelle question subsiste encore : « Si je pars de Rennes, qui va donner à manger à mes poissons ? »

 

 Voir le reportage sur Itinérances

Nouvelle association : Chaton Tonnerre

Rennes, ville musicale et étudiante où les groupes affluent. Et pour se faire connaître, les bands commencent par les bars du centre-ville avant de s’attaquer aux salles de concerts. Les associations d’organisation de concerts aident les ‘zicos à se produire. Chaton Tonnerre, alliance « rennonantaise », est toute nouvelle dans le milieu. Le premier concert qu’elle organise a lieu jeudi prochain, le 12 juillet, au bar la Bascule. Une présentation s’impose pour le blog lavierennaise.

« Tout a commencé sur le site Adopteunchat.com. Seb’ et moi, on voulait un chat. On l’a adopté et on a décidé de l’appeler Tonnerre », explique Flavien, le fondateur rennais du projet, d’un air complice.  Seb’ alias Sébastien, lui, habite à Nantes. Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’ils ont le sens de l’humour. Chaton Tonnerre, en fait, est le mix entre un « nom tout mignon comme un chaton » et « un mot plus énervé comme le tonnerre », explique Sébastien, pour montrer la combinaison entre deux styles musicaux, la pop et le hardcore, deux branches qu’ils apprécient tout deux.

Association de Rennes et de Nantes, un mélange explosif

Leur rencontre s’est faite en avril, lors du concert de Mermonte au Jardin Moderne. Tous deux baignés dans le milieu musical, Flavien, membre du groupe Kataplismik, et Sébastien, organisateur de concerts sur Nantes et guitariste et chanteur du groupe Classe Mannequin, ils ont rapidement sympathisé. L’idée est venue du Rennais : « J’avais envie de monter une structure pour faire jouer des amis ». Pour Sébastien, c’est plus personnel. D’origine rennaise, il a assisté durant son « adolescence musicale », il y a une quinzaine d’années, à des « super concerts » à Rennes dont il se souvient, le sourire aux lèvres. « Cela s’est amoindri considérablement depuis, estime-t-il, c’est une manière de prendre ma « revanche », une manière de faire mon truc ici désormais ».

Chaton Tonnerre a été crée courant mai. L’association souhaite proposer des groupes dans la mouvance rock alternatif. Une palette de groupes qui peuvent venir du coin comme de l’étranger si jamais l’association se fait  de plus en plus connaître. Les deux musiciens aimeraient programmer un groupe pour deux dates rapprochées à Rennes et à Nantes, les deux éternelles rivales. En ce qui concerne les concerts, cela peut être aussi bien des musiciens connus ou non –« Être connu, c’est une histoire de réseau », pense Sébastien-, tant que c’est différent des groupes dits ‘mainstream’.

Pas de concurrence

Des associations d’organisation de concerts, il y en a à la pelle, à Rennes. Souvent des « asso’ fantômes », selon Flavien, qui programment pour le plaisir. L’une des plus célèbres à Rennes est K-fuel. C’est d’ailleurs à l’occasion de leur quinzième anniversaire que les deux jeunes hommes se sont vus pour la première fois. « On peut bosser en parallèle avec eux », dit Flavien, « on touche une partie de leur public, le but n’est que personne ne se marche sur les pattes ». Comme, par exemple, ne pas faire venir le même groupe à quelques semaines d’intervalle.

Chaton Tonnerre met un point d’honneur à payer les groupes, même si cela reste un « geste symbolique ». Pour ce faire, les concerts ne seront pas gratuits et coûteront 5€. Flavien met aussi un point d’honneur à ce que les groupes soient accueillis dans de meilleures conditions, « bien accueillis et bien nourris », connaissant lui-même, parfois, ces inconvénients avec son groupe.

Le premier concert organisé par Chaton Tonnerre est le 12 juillet, 20h30, au bar la Bascule. Fairy Tales in yoghourt est un chanteur nantais guitariste et Wimp, groupe rennais, joue de la pop. « On sent qu’il y a une réflexion derrière », juge Flavien.