Les études supérieures décryptées par … #3 : Soizic, étudiante en prépa littéraire au lycée Chateaubriand

La ville de Rennes est l’un des pôles estudiantins les plus importants de France.  La capitale bretonne comptabilise en tout, environ 60 000 étudiants. Mais après l’obtention du baccalauréat, les lycéens rennais ont peu d’informations.

Explications sommaires, pas de pôle d’orientation, les étudiants n’arrivent pas à se rendre compte véritablement vers quoi ils se dirigent : les études supérieures. A partir de l’idée d’une lectrice, Claudie Trégouët, le blog lavierennaise a décidé d’ouvrir une nouvelle rubrique, les Etudes supérieures décryptées par … . Le but ? A travers un témoignage subjectif, un-e étudiant-e parle de ses études, de son adaptation du lycée à la première année, des  attentes de la filière, de l’ambiance et surtout (vous) conseille. 

Le blog lavierennaise a rencontré Soizic, étudiante en deuxième année de Khâgne en prépa littéraire Khâgne/Hypokhâgne du lycée Chateaubriand à Rennes. Elle a souhaité témoigner pour « aider les lycéens » à s’y retrouver sur la prépa, entre les clichés et la vérité. A travers de denses explications, Soizic donne des conseils et explique de façon détaillée les différents cursus et les concours des écoles à préparer. 

 

Comment as-tu fait pour entrer en année préparatoire Khâgne Hypokhâgne au lycée Chateaubriand ? « La sélection se fait sur dossier dans le cadre d’Admission Post-Bac (APB). Il n’y a pas besoin d’une lettre de motivation, ni d’un entretien. La prépa prend en compte les bulletins du lycée jusqu’au premier trimestre de terminale. Les résultats au bac de français comptent donc, mais pas les résultats des autres épreuves. Chaque dossier est examiné par un ensemble de professeurs de la prépa qui prennent aussi en compte les appréciations qui figurent sur les bulletins. On peut intégrer une prépa lettres en venant de toutes les séries et pas uniquement de L, du moment qu’on est à l’aise dans les matières littéraires (français, philo, histoire-géo, langues, etc.). »

« Le rythme est différent par rapport au lycée »

L’adaptation du lycée à la prépa ? « L’adaptation se fait bien mais ça prend tout de même un moment pour s’habituer : non seulement on commence la vie étudiante, mais en plus le rythme est différent par rapport au lycée. Les horaires sont les mêmes qu’au lycée (une trentaine d’heures de cours par semaine, les mêmes vacances, etc.) mais la masse de travail est beaucoup plus importante ainsi que la densité des cours. Ils vont plus vite, sont plus complexes, et dans ce sens la prépa m’a paru être un bon prolongement de ce qu’on fait au lycée. Le travail personnel à côté est peut-être ce qui change le plus par rapport au lycée. Il faut s’y mettre tout de suite et prendre des habitudes parce que certains exercices reviennent chaque semaine. La vraie marche à laquelle il faut faire attention, c’est celle entre l’hypokhâgne et la khâgne. Dans mon cas [NDLR : Soizic est en deuxième année de Khâgne], la masse de travail a pratiquement triplé. Mais pour quelqu’un qui se débrouille bien au lycée, les marches se gravissent assez naturellement au fur et à mesure qu’on a envie d’approfondir ce que l’on voit. »

Les différentes matières pendant les deux années de préparation ? « En hypokhâgne ou lettres supérieures (LSup), il y a du français, de l’histoire, de la philo, deux langues avec la possibilité d’inverser LV1 (Langue vivante 1) et LV2 du lycée, de la géo et une langue ancienne. Au lycée Chateaubriand, il y a un renforcement de la LV2, de la langue ancienne, 2h de géo supplémentaires et une option cinéma. Il est conseillé d’en choisir 2, et au moins 1 est obligatoire.

En khâgne, cela dépend de l’ENS (Ecole Normale Supérieure) que l’on prépare : à la fin de la khâgne on passe un concours appelé BEL (Banque d’Epreuves Littéraires) mais selon l’ENS que l’on vise, la préparation n’est pas la même. Il y a l’ENS d’Ulm à Paris, l’ENS de Lyon, l’ENS de Cachan ville située près de Paris. Chateaubriand propose une préparation à chacune de ces trois ENS, plus une préparation spécifique pour intégrer l’Ecole des Chartes à Paris pour devenir conservateur de musée ou archiviste. Il y a donc 2 classes de khâgnes avec des matières différentes : une khâgne Lyon-Cachan et une khâgne Ulm-Chartes.

Dans la filière Lyon-Cachan, les matières sont français, philo, histoire, géo, deux langues vivantes plus une spécialité qui demande beaucoup d’heures et qui aura un fort coefficient au concours.

Dans l’autre en khâgne Ulm là où je suis, les matières sont français, philo, histoire, une langue ancienne, une langue vivante, plus une option dite « d’écrit » et une option dite « d’oral ». C’est-à-dire qu’on ne la passe au concours que si on est admis à l’oral après les épreuves écrites. Pour ma part, je fais de l’italien à l’écrit qui était ma LV2 depuis le collège et de l’histoire à l’oral. Cependant une réforme est en cours qui s’appliquera certainement l’année prochaine et qui obligera à préparer la même option à l’écrit et à l’oral. »

Le suivi de la formation ? « La discussion avec les professeurs est beaucoup plus facile qu’à la fac par exemple grâce à la disposition en classe comme au lycée et aux khôlles où nous avons la possibilité de discuter avec eux. Ils sont très exigeants à cause du niveau du concours, mais en général ils sont positifs, instaurent des exercices (comme du vocabulaire en langues) pour nous aider le plus efficacement possible. Ils prennent tous les cas en considération aux conseils de classe et sont à l’écoute de tous. On est beaucoup plus encadrés qu’à la fac, ce qui peut paraître pesant. Mais je pense que dans une formation aussi lourde, on a besoin d’être encadrés avec des obligations et des échéances. Les professeurs ne connaissent pas les élèves individuellement mais s’intéressent à chaque personne qui vient leur parler. Ceux qui réussissent le mieux à Chateaubriand, sont l’objet d’attentions spéciales de la part des professeurs, qui les encouragent particulièrement et les admissibles après les épreuves écrites sont véritablement coachés par les profs pour réussir à l’oral. C’est assez agréable de se sentir soutenu, même si c’est vrai qu’il arrive un moment où on aimerait plus d’autonomie ! »

Particularité de la prépa, vous avez des « khôlles ». Peux-tu expliquer ce que c’est, en quoi cela consiste et comment cela se passe ? « Les « khôlles » sont le moment angoissant de la première année, je crois que je ne savais pas très bien ce que c’était en arrivant en hypokhâgne et tout s’est quand même très bien passé. Il s’agit d’entraînements oraux face à un examinateur sur un sujet précis. Nous en avons dans toutes les matières, au rythme de deux à trois par an pour chaque, sûrement un peu plus en khâgne. L’examinateur est soit le professeur qu’on a dans cette matière, soit un « khôlleur », c’est-à-dire un autre professeur que l’on ne connaît pas.

On hérite d’un sujet qui peut-être une phrase, une question ou bien un texte à commenter ou traduire, particulièrement en français, langues vivantes ou anciennes. Selon les matières et les pratiques des professeurs, le temps de préparation varie avec en général plusieurs jours de préparation en hypokhâgne et une heure seulement en khâgne, pour se préparer aux conditions du concours. Il s’agit de préparer l’oral du concours, c’est-à-dire les épreuves lorsqu’on est admissible. On arrive en khôlle avec sa préparation. En vingt minutes, on fait un exposé sur le sujet puis le professeur pose des questions ou reprend notre oral pour y apporter des corrections. C’est assez stressant et je ne cache pas que je suis paniquée à chaque fois même au bout de ma vingtième khôlle ! Pourtant l’enjeu n’est pas capital, ça reste un entraînement et certains professeurs ne comptent pas la note dans la moyenne du trimestre. Il faut aussi se dire que c’est un moment privilégié d’avoir un professeur à son écoute pendant trente minutes qui se rend compte en direct de ce qui va et de ce qui ne va pas, et qui, la plupart du temps, n’hésite pas à le dire gentiment. C’est une très bonne occasion de progresser, voire de discuter avec le professeur. Beaucoup en effet en profitent pour demander comment on se sent en prépa, ce qu’on veut faire après, etc. Au final, la plupart du temps, on stresse avant et on est content après, même quand ce n’est pas très réussi. »

« La prépa est l’endroit idéal pour celui qui aime réfléchir »

Bons côtés ? « Les bons côtés de la prépa sont nombreux mais pas toujours mis en valeur : les connaissances qu’on y acquiert sont denses et ce sont des choses souvent passionnantes qu’on n’aurait pas eu l’occasion d’apprendre ailleurs. On approfondit vraiment les sujets et l’accent est toujours mis sur la réflexion plutôt que sur les connaissances. Autrement dit, c’est l’endroit idéal pour celui qui aime réfléchir. Ce qui est agréable aussi c’est la pluridisciplinarité. Très peu de formations offrent un éventail aussi large de matières dans le domaine littéraire et quand, comme moi par exemple, on ne sait pas choisir entre toutes, la prépa est un excellent compromis qui permet de faire de tout à un bon niveau en même temps. Le fait de rester dans un environnement de lycée peut paraître pénible mais en fait, cela permet de profiter d’une classe relativement réduite et des vacances des lycéens, ce qui n’est pas négligeable. Même si on se réoriente après vers des choses différentes de ce qu’on fait en prépa comme les IEP ou la fac de droit, la formation intellectuelle fournie par la prépa permet de se débrouiller partout. On apprend à penser de façon structurée, à former un argumentaire, à réfléchir plus efficacement. »

Mauvais côtés ? « J’avoue qu’au bout d’un an et demi de prépa, je commence à en avoir assez du rythme. Avoir 8h de cours par jour n’est supportable que si on est à l’aise dans un environnement scolaire et généralement, il arrive un moment où on a envie d’un emploi du temps plus léger. Le travail personnel incessant est aussi un des mauvais côtés de la prépa. On aimerait profiter de la vie étudiante, sortir le jeudi soir comme les autres ou bien parfois juste avoir le temps de faire autre chose. Or il y a tellement de travail qu’on pourrait ne faire que ça, tout le temps. C’est extrêmement pesant pour le moral parce que des pauses sont nécessaires pour ne pas déprimer, et en même temps les pauses nous font culpabiliser.

La pression et la compétition dont on entend souvent parler à propos de la prépa sont plus ou moins fondées. Je ne ressens pas beaucoup la compétition à Chateaubriand, même si chaque trimestre, sur notre bulletin, notre classement est mentionné. Un classement c’est intéressant seulement si on est en tête ou queue de classe car le milieu de la classe regroupe peut-être 30 personnes dont les notes varient très peu. C’est tellement serré qu’on peut perdre plusieurs places pour un dixième de point, ce n’est donc pas très représentatif de son niveau. La pression est forte, cependant. La khâgne, en particulier, étant une classe de concours. Nous avons deux à trois concours blancs dans l’année, des devoirs à rendre régulièrement, des khôlles à préparer… »

Tes conseils pour réussir et résister à la pression constante ? « Pour résister à la pression, il faut se dire qu’on peut vivre sa prépa comme on veut : pas obligé de viser l’ENS et de tout tenter pour l’avoir, au risque de s’épuiser. Il faut faire des pauses, même quand on a l’impression de ne pas avoir le temps. Il faut travailler régulièrement, ne pas faire d’impasse. Mais quand on manque de temps, il faut renoncer à tout savoir, à apprendre de nouvelles choses : il faut mieux bien réfléchir et pouvoir bien manier ce que l’on sait déjà. Il vaut mieux faire une prépa en s’y sentant bien même si on ne travaille pas nuit et jour plutôt que d’essayer d’atteindre le niveau exigé pour le concours et se démoraliser en cours de route.

Le travail en groupe peut aussi porter ses fruits, même si tout ne peut pas être fait de cette façon et s’entourer d’amis peut aider à surmonter la pression. Cependant il faut faire attention à ne pas se laisser influencer par la façon dont les autres travaillent et le temps qu’ils y passent ! Il faut aussi s’organiser pour être capable de prendre de vraies pauses sans paniquer ensuite parce qu’on n’a pas travaillé. Cependant, il faut faire attention à ne pas tomber dans la dérive où on se met à compter les heures qu’il nous faut pour telle ou telle tâche sans arrêt. Enfin je crois qu’il ne faut jamais faire l’économie de la réflexion, la moindre chose à laquelle on réfléchit, même si c’est en regardant un film, en discutant avec des amis peut être utile par la suite. »

Que dirais-tu aux lycéens qui n’osent pas se lancer dans cette voie ? « Cela dépend de leurs craintes. A ceux qui pensent ne pas avoir le niveau pour, je leur conseille de postuler pour des prépas plus modestes où ils seront choyés et acquerront avec d’autant plus de plaisir les qualités intellectuelles et les connaissances prodiguées par la prépa.

A ceux qui ne savent pas si des études littéraires sont faites pour eux, je leur conseille d’essayer tout de même, il existe de nombreux moyens de bifurquer après une seule année ou même en cours d’année, et les compétences et connaissances acquises leur serviront de toute façon.

A ceux qui ne savent pas si ils sont capables de travailler autant qu’il faut en prépa, je leur dirai que, pris dans le flot, on travaille de toute façon beaucoup, même si ce n’était pas le cas au lycée. Et il vaut mieux d’ailleurs ne pas avoir été à fond au lycée en terme de travail pour être à l’aise en prépa.

A ceux qui au contraire, travaillent déjà beaucoup au lycée et se demandent s’ils pourront faire plus en prépa, je leur conseille d’essayer également, car la prépa permet aussi de mieux se connaître : comment travaille-t-on le mieux, qu’est-ce-qu’on retient le mieux ? Et cette expérience leur permettrait de travailler plus efficacement, peut-être. Si c’est une question de courage et qu’on ne se sent pas de travailler autant pendant deux ans, je pense que ça vaut tout de même le coup d’essayer, au moins la première année, pour être sûr de ne pas regretter après de n’avoir pas tenté le coup.

Enfin, à ceux qui pensent que la prépa lettres est un milieu fermé, qu’il faut avoir des connaissances avant d’y entrer, une bonne culture, etc. je leur dirai que s’ils sont intéressés par les matières littéraires, ouverts, curieux, qu’ils aiment lire, ils acquerront ces connaissances plus tard, naturellement, et que n’importe quel bac permet d’être à l’aise en prépa. »

Quels sont les débouchés ? « Les débouchés sont plus ouverts qu’on peut le croire ! Le concours de la BEL permet d’accéder à beaucoup d’autres choses en dehors des ENS. Il y a deux écoles de traduction et d’interprétariat, des IEP, l’ISMaPP (Institut Supérieur du Management Public et Politique), des écoles de commerce (avec quelques épreuves supplémentaires pour certaines d’entre elles) et bien sûr il y a la possibilité de rejoindre la fac ! Dans les matières littéraires étudiées en khâgne comme lettres modernes et classiques, philo, histoire, géo, langues avec des modalités différentes selon les prépas, pour obtenir des équivalences afin d’entrer directement en deuxième ou troisième année. Certaines prépas ont des accords avec les facs de droit pour rentrer en deuxième année en rattrapant certaines choses. Il y aussi la possibilité de « khûber », c’est-à-dire de refaire une deuxième année pour repasser les concours ou bien pour arriver directement en master à la fac, ce qui peut être intéressant. Enfin, pour ceux qui n’ont pas eu Science-Po à la fin de la terminale, faire une année de prépa avant de repasser le concours peut être une très bonne solution et augmenter sensiblement les chances au concours. L’année dernière, une grande partie de ma classe d’hypokhâgne a passé le concours de Science-Po (pour les IEP de province) et beaucoup l’ont eu, y compris des personnes qui s’étaient décidées tard à le passer et n’avaient eu qu’un ou deux mois pour le préparer. »

Les études supérieures décryptées par … #2 : Sophie, ancienne étudiante de Lisaa Rennes

La ville de Rennes est l’un des pôles estudiantins les plus importants de France.  La capitale bretonne comptabilise en tout, environ 60 000 étudiants. Mais après l’obtention du baccalauréat, les lycéens rennais ont peu d’informations.

Explications sommaires, pas de pôle d’orientation, les étudiants n’arrivent pas à se rendre compte véritablement vers quoi ils se dirigent : les études supérieures. A partir de l’idée d’une lectrice, Claudie Trégouët, le blog lavierennaise a décidé d’ouvrir une nouvelle rubrique, les Etudes supérieures décryptées par … . Le but ? A travers un témoignage subjectif, un-e étudiant-e parle de ses études, de son adaptation du lycée à la première année, des  attentes de la filière, de l’ambiance et surtout (vous) conseille. 

Le blog a rencontré Sophie, ancienne étudiante de l’institut supérieur des arts appliqués (Lisaa) Rennes. Elle livre ici son avis sur ses deux années passées à Lisaa Rennes et compare celle de Paris, où elle a été en prépa intégrée, et de Rennes. Sophie donne aussi des conseils très optimistes à ceux et celles qui peuvent être intéressés par le graphisme et le design.

 

Comment as-tu fait pour entrer à Lisaa Rennes ? « J’ai fait mon année préparatoire spécialité graphisme/illustration/multimédia à Lisaa Paris juste après mon baccalauréat. Pour l’avoir, j’ai passé un entretien et présenté un dossier préparé pendant deux ans de conservatoire des arts, parallèlement au lycée. A la fin de cette année, on passe un jury qui est noté et l’école garde les soixante premiers de ce jury. Comme j’ai fait partie de ces gens là, j’ai pu entrer en année supérieure à Lisaa, sauf que j’ai demandé l’école de Rennes, qui a exactement la même formation que celle de Paris. C’est-à-dire un diplôme de niveau 2 reconnu par l’Etat. J’ai été la première à faire l’échange dans ce sens là. »

Les exigences sont-elles fortes ? « Lisaa est reconnue comme ayant un bon niveau et donc des exigences. L’année préparatoire est éprouvante car il n’y a pas de places pour tout le monde. Il faut fournir beaucoup de travail personnel, en dehors des cours. Il y a une image de l’école qu’il faut maintenir. »

L’adaptation à Lisaa ? « Très bonne. Lisaa a une structure plus petite que la plupart des établissements. On peut parler aux profs ou aux membres de l’administration, on connaît la plupart des élèves. Comme on y passe pas mal de temps, c’est un peu comme une deuxième maison. Je me sentais plus concernée par la vie de l’école que par le passé. Mais on ne vit pas tous les choses de la même façon. Comme je venais d’arriver dans une ville ou je ne connaissais personne, c’était aussi important pour moi de me faire une « tribu », une maison. »

Les différentes matières pendant les trois années ? « Pour l’année préparatoire, tout dépend de la spécialité. En années supérieures appelées G2 et G3, on peut avoir des cours de design graphique bien évidemment, mais aussi d’illustration, de typographie, de sémiologie, marketing, histoire de l’art/du graphisme, webdesign, croquis de nu et d’extérieur, vidéographisme, etc. Il y a pas mal de choses quoi ! En fonction de qui aime quoi, on repère les profils des personnes. Ceux qui sont plus « manuels », ceux qui sont bons avec les logiciels… Y’a un peu de tout et des gens avec des parcours très différents les uns des autres. »

Y a-t-il des projets à réaliser ? Comment cela s’organise ? « Il y a des projets à réaliser pour chaque matière qui s’étalent généralement sur deux ou trois semaines. D’où des semaines très chargées parfois. On nous donne un sujet et on attaque la phase de recherche, la plus longue, puis la réalisation. Pour cette dernière étape, on s’entraide pas mal, on peut utiliser le matos de l’école (studio photo, imprimante A3, appareil photos ou caméra…) »

Le suivi de la formation ? « Le suivi de formation dépend aussi de l’école. Il n’était pas exactement le même entre Lisaa Paris et Rennes. Mais globalement, il y a un vrai suivi contrairement à la fac, par exemple. Comme nous sommes moins nombreux, les professeurs peuvent être plus aux aguets avec les élèves, mieux les connaître et donc mieux nous aider. Après je n’ai pas trouvé que ce suivi était toujours équitable, mais ça, c’est une autre histoire. »

Bons côtés de l’école ? « La petite structure, connaître plus ou moins tout le monde, le suivi des professeurs et que ces derniers soient avant tout des professionnels du graphisme. Le fait qu’il y ait des gens de tout âge, avec des parcours différents. C’est assez enrichissant artistiquement parlant, mais aussi personnellement. »

Mauvais côtés de l’école ? « Lisaa est une école privée. Et qui dit école privée, dit que cela coûte cher. Tout le monde ne peut pas se l’offrir. Surtout qu’il y a pas mal de matos à acheter à côté, pour les projets, les impressions… Certains doivent travailler à côté des cours pour se payer l’école ou juste pour vivre, ils ont moins de temps pour leur travail personnel. Là aussi, ce n’est pas forcément équitable donc. Je trouve aussi qu’il y a un certain manque de pédagogie chez les professeurs du supérieur. Ce sont des professionnels avant d’être des enseignants, ça a ses avantages comme ses inconvénients. On est là pour apprendre et pas pour entendre « c’est moche » surtout dans le milieu artistique ou c’est très relatif comme notion. Mais ce n’est pas une généralité heureusement. »

« Mon conseil, rester fidèle à soi-même. »

Tes conseils pour réussir à Lisaa ? « Or-ga-ni-sa-tion. Sinon on est rapidement débordés et vive les nuits blanches ! Ce n’est pas parce que le projet est pour dans trois semaines que c’est la fête pendant deux semaines et quelques. Je conseille aussi d’être fidèle à soi-même. Au moins, si le projet n’a pas marché auprès des profs, vous aurez fait ce que VOUS vous vouliez, ainsi pas de regrets. C’est en faisant les choses avec coeur et conviction que ça finira par marcher. C’est peut-être guimauve mais avec du recul, j’y crois d’autant plus. Ne succombez pas à la concurrence. On cherchera à vous déstabiliser, les élèves comme les profs. Être combatif, c’est bien mais faut pas déconner, ça peut être dur à supporter. En dernier, je dirais avoir l’esprit d’équipe. Les plus beaux projets se font en groupe, en s’entraidant, en se nourrissant les uns les autres. Et c’est quand même plus funky à plusieurs. »

Est-elle reconnue par l’Etat ? « La formation est reconnue par le ministère de la culture et de la communication et est inscrit au répertoire national des certifications professionnelles (niveau II, soit équivalent licence/maîtrise). On peut dire que l’année préparatoire est une prépa’ intégrée, ce qui équivaut à 3 ans d’études post-baccalauréat et donc à une licence professionnelle. Officiellement, c’est ça. Officieusement, la formation est reconnue professionnellement, mais pour continuer les études et être reconnu par des écoles publiques ou concurrentes, ce n’est pas toujours évident. »

Y a-t-il des débouchés ? « L’avantage du graphisme, c’est qu’on peut bosser plus ou moins dans tout et n’importe quoi. Le souci, c’est qu’à l’heure actuelle y’a pas grand monde qui a du boulot. C’est donc pas évident de répondre à cette question… Personnellement, j’ai pu trouver du travail en auto-entrepreneur grâce à mes stages. Actuellement, je travaille comme maquettiste dans l’édition et parfois dans l’impression textile mais il faut s’accrocher et ne pas oublier qu’en moyenne, la première année après les études n’est facile pour personne. »

 

Les études supérieures décryptées par … #1 : Leïla, étudiante en droit

Copyright : Ouest-France

La ville de Rennes est l’un des pôles estudiantins les plus importants de France.  La capitale bretonne comptabilise en tout, environ 60 000 étudiants. Mais après l’obtention du baccalauréat, les lycéens rennais ont peu d’informations.

Explications sommaires, pas de pôle d’orientation, les étudiants n’arrivent pas à se rendre compte véritablement vers quoi ils se dirigent : les études supérieures. A partir de l’idée d’une lectrice, Claudie Trégouët, le blog lavierennaise a décidé d’ouvrir une nouvelle rubrique, les Etudes supérieures décryptées par … . Le but ? A travers un témoignage subjectif, un-e étudiant-e parle de ses études, de son adaptation du lycée à la première année, des  attentes de la filière, de l’ambiance et surtout (vous) conseille. 

Pour l’ouverture de cette nouvelle rubrique, le blog a rencontré Leïla, 24 ans, en troisième année de faculté de droit qui a choisi le parcours Droit international. Elle livre ici son avis sur sa licence et compare l’université de Rennes 1 à celles où elle a été auparavant, à Aix-en-Provence et Vannes.

 

L’adaptation du lycée à la faculté de droit ?  « Je ne savais pas à quoi m’attendre. Dans mon lycée français qui se trouvait à l’étranger nous n’avions pas de visites de la faculté comme elles sont organisées aujourd’hui, c’était un univers inconnu. Il y avait des conseillers d’orientation mais on ne nous en disait pas plus. C’est aussi pour cela que je veux témoigner. Au départ, j’étais un peu perdue. Heureusement, lors de la journée de pré-rentrée, Rennes 1 met  à disposition différents outils. Ils t’apprennent la méthodologie, la rigueur, et même l’orthographe. Les profs sont très sévères à ce sujet car on est amenés à beaucoup rédiger. »

Les différentes matières ? « En première année, les matières principales que l’on appelle les  « majeures »  sont le droit civil, le droit constitutionnel et l’histoire du droit. Pour approfondir ces trois matières, on a des travaux dirigés (TD), qui sont l’application concrète des cours magistraux (CM). On apprend notamment à faire des commentaires d’arrêts : exercice essentiel en droit. Ce que les étudiants digèrent le moins en général, c’est tout ce qui est lié au droit public et l’histoire du droit. En deuxième année, il y a l’apparition d’une matière essentielle pour la formation, le droit des obligations. Elle te suit durant tout ton parcours de droit. Au concours d’avocat, il y a une épreuve spéciale « droit des obligations ». En droit, on te propose de choisir entre plusieurs parcours : parcours standardéco-gestion, droit franco-allemand et parcours environnement. En troisième année on se spécialise davantage, on choisit nos matières. Plus d’étudiants choisissent le droit privé. J’ai choisi, pour ma part, le droit international public. »

Le suivi de la formation ? « En première année, il y a un système de tutorats. En fait, au bout d’un mois de cours, il y a un examen d’introduction au droit. Cela va montrer si tu es confronté à des difficultés en droit. Si tu as moins de 10, tu vas en tutorat, aide proposée aux étudiants. Une conférence est également organisée dans laquelle des professionnels nous présentent leur métier. Ils donnent des conseils et nous enlèvent les préjugés qu’on peut avoir sur différentes professions comme les huissiers de justice. Ils nous montrent aussi que tous les chemins mènent à Rome et qu’il existe plusieurs passerelles pour arriver au même métier. En travaux dirigés, les professeurs sont parfois des avocats. C’est un plus ! Ils sont sur le terrain, ils nous apportent leur expérience. »

Bons côtés ? « L’avantage principal est la culture générale. Des matières comme l’Histoire du droit nous en apportent beaucoup et nous servent dans la vie de tous les jours.  Le Droit est présent partout. On peut désormais comprendre nos relations avec notre propriétaire, si on est locataires par exemple. Cette formation ouvre une réflexion sur le monde. Beaucoup de conférences, colloques sont organisés. Et nous devons assister à des procès. La formation de droit incite aussi à bien savoir rédiger. »

Mauvais côtés ?  « Il y a beaucoup de travail. A chaque semestre, les étudiants passent des galops d’essai pour chaque matière principale. C’est-à-dire des examens préparatoires aux partiels. Puis des travaux nous sont exigés pour s’entraîner. C’est pour notre bien évidemment mais c’est beaucoup d’efforts à fournir. Les vacances au cours de l’année on les passe à réviser. La fac de Rennes 1 est très bien réputée mais elle fait un peu trop « usine », comparé à la faculté de Vannes où j’ai étudié un an. Il y avait une proximité avec les profs qu’on ne retrouve pas à Rennes, on échangeait davantage avec eux. Il y a une forte sélection durant les deux premières années. Ce sont les plus dures. C’est un écrémage intensif. En troisième année, nous sommes moins nombreux, il y a donc une plus grande solidarité entre nous car la sélection a déjà été faite. On échange désormais nos cours via les réseaux sociaux et on s’entraide. A la faculté, ce qui manque c’est les stages, la pratique. En deuxième année, j’ai eu la chance de pouvoir faire un stage d’une semaine car j’avais intégré le parcours éco-gestion. Nous étions les seuls. »

Tes conseils pour réussir en droit ?  « Ne pas se décourager devant le travail qu’il y a à fournir. Surtout pas. Il ne faut pas oublier qu’à la fac, la liberté n’est pas entière et totale. Les deux premières années nécessitent beaucoup de travail. Il faut apprendre à se maîtriser, à s’organiser. Mais si on aime le droit, il ne faut pas lâcher prise ! Personnellement, j’ai fait des erreurs qui m’ont fait perdre du temps, je ne travaillais pas assez. Mais si on veut pouvoir choisir notre master 2, année sélective, mieux vaut avoir un bon dossier et bien travailler tout au long du cursus. »

 

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