L’exposition Contempo’Rennes (re)met en lumière les immeubles de la ville

Copyright : Clémentine Lassey

Depuis hier, samedi 2 février, et pendant tout le mois qui suit, Clémentine Lassey, étudiante à l’université Rennes 2 Haute Bretagne, affiche une quinzaine de photographies au Café Laverie, de sa ville de toujours Rennes, perçue de façon Contempo’Rennes. 

Dans la pièce à gauche de l’entrée du Café Laverie situé dans le centre-ville rennais, se trouvent les photographies encadrées de Clémentine Lassey, étudiante de 25 ans. Au total quatorze clichés ont été accrochés dans cet espace « qui ressemble à une pièce d’appartement », confesse la photographe. Les quinze tirages en majorité noir et blanc se mêlent parfaitement aux canapés vert, rouge et bleu. L’endroit est cocooning et la décoration amusante : par exemple, une photo côtoie un fer à repasser et une table portable de baby-foot.

Contempo’Rennes capte l’urbanité rennaise brute

Lors du vernissage samedi soir dernier, c’est l’occasion pour la jeune femme d’expliquer sa démarche : « Quand je me balade en ville, j’aime bien me divaguer pour découvrir des choses que les gens ne voient pas forcément. J’aime tout ce qui est urbain, je suis une citadine et j’aime Rennes, ville dans laquelle je vis depuis toute petite. » Ainsi il y a quatre ans, Clémentine a un projet en tête, « sublimer les bâtiments » qui ne sont pas tape à l’œil à première vue. « Les Habitations à loyer modéré (HLM) m’ont toujours fait penser à des cages à lapin où on est tous entassés, sourit-t-elle. Mais j’ai essayé de montrer à travers mes photos que cela avait une autre utilité : une utilité graphique, esthétique. »

Les cinq bâtiments qu’elle a photographié comme les Horizons ou la tour de l’Eperon ne sont pas exposés dans la même série de photos par hasard. C’est la volonté d’une cohérence visuelle. Car la plupart ont été construits par deux architectes rennais des Trente Glorieuses, Georges Maillols -qui a construit 10 000 immeubles à Rennes- et Louis Arretche. Les formes symétriques et géométriques des HLM donnent des reliefs intéressants, un côté brut accentué par le noir et blanc. C’est ce qui se ressent dans les photographies où Clémentine s’amuse avec les reflets, les nuages et les lignes architecturales. A l’image de l’art de Maillols et Arretche : un exercice photographique simple mais efficace.

La singularité de Rennes ? « Que ce soit [sa] ville »

Copyright : Clémentine Lassey

La jeune femme aux cheveux bouclés a toujours été attirée par la ville et son environnement. Tout le temps équipée de son appareil photo lors de ses nombreux voyages européens, elle capture l’urbanité de la ville moderne, (re)construite après la Seconde Guerre Mondiale. Elle « pose un rapport différent sur les HLM » désormais. Et ce qui différencie la ville de Rennes aux autres agglomérations, « c’est d’être [sa] ville », tout simplement.

 

A voir pendant le mois de février – Gratuit

 

 

Les photographies sont en vente :

Petit format : 30€

Grand format : 60€

 

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Les études supérieures décryptées par … #3 : Soizic, étudiante en prépa littéraire au lycée Chateaubriand

La ville de Rennes est l’un des pôles estudiantins les plus importants de France.  La capitale bretonne comptabilise en tout, environ 60 000 étudiants. Mais après l’obtention du baccalauréat, les lycéens rennais ont peu d’informations.

Explications sommaires, pas de pôle d’orientation, les étudiants n’arrivent pas à se rendre compte véritablement vers quoi ils se dirigent : les études supérieures. A partir de l’idée d’une lectrice, Claudie Trégouët, le blog lavierennaise a décidé d’ouvrir une nouvelle rubrique, les Etudes supérieures décryptées par … . Le but ? A travers un témoignage subjectif, un-e étudiant-e parle de ses études, de son adaptation du lycée à la première année, des  attentes de la filière, de l’ambiance et surtout (vous) conseille. 

Le blog lavierennaise a rencontré Soizic, étudiante en deuxième année de Khâgne en prépa littéraire Khâgne/Hypokhâgne du lycée Chateaubriand à Rennes. Elle a souhaité témoigner pour « aider les lycéens » à s’y retrouver sur la prépa, entre les clichés et la vérité. A travers de denses explications, Soizic donne des conseils et explique de façon détaillée les différents cursus et les concours des écoles à préparer. 

 

Comment as-tu fait pour entrer en année préparatoire Khâgne Hypokhâgne au lycée Chateaubriand ? « La sélection se fait sur dossier dans le cadre d’Admission Post-Bac (APB). Il n’y a pas besoin d’une lettre de motivation, ni d’un entretien. La prépa prend en compte les bulletins du lycée jusqu’au premier trimestre de terminale. Les résultats au bac de français comptent donc, mais pas les résultats des autres épreuves. Chaque dossier est examiné par un ensemble de professeurs de la prépa qui prennent aussi en compte les appréciations qui figurent sur les bulletins. On peut intégrer une prépa lettres en venant de toutes les séries et pas uniquement de L, du moment qu’on est à l’aise dans les matières littéraires (français, philo, histoire-géo, langues, etc.). »

« Le rythme est différent par rapport au lycée »

L’adaptation du lycée à la prépa ? « L’adaptation se fait bien mais ça prend tout de même un moment pour s’habituer : non seulement on commence la vie étudiante, mais en plus le rythme est différent par rapport au lycée. Les horaires sont les mêmes qu’au lycée (une trentaine d’heures de cours par semaine, les mêmes vacances, etc.) mais la masse de travail est beaucoup plus importante ainsi que la densité des cours. Ils vont plus vite, sont plus complexes, et dans ce sens la prépa m’a paru être un bon prolongement de ce qu’on fait au lycée. Le travail personnel à côté est peut-être ce qui change le plus par rapport au lycée. Il faut s’y mettre tout de suite et prendre des habitudes parce que certains exercices reviennent chaque semaine. La vraie marche à laquelle il faut faire attention, c’est celle entre l’hypokhâgne et la khâgne. Dans mon cas [NDLR : Soizic est en deuxième année de Khâgne], la masse de travail a pratiquement triplé. Mais pour quelqu’un qui se débrouille bien au lycée, les marches se gravissent assez naturellement au fur et à mesure qu’on a envie d’approfondir ce que l’on voit. »

Les différentes matières pendant les deux années de préparation ? « En hypokhâgne ou lettres supérieures (LSup), il y a du français, de l’histoire, de la philo, deux langues avec la possibilité d’inverser LV1 (Langue vivante 1) et LV2 du lycée, de la géo et une langue ancienne. Au lycée Chateaubriand, il y a un renforcement de la LV2, de la langue ancienne, 2h de géo supplémentaires et une option cinéma. Il est conseillé d’en choisir 2, et au moins 1 est obligatoire.

En khâgne, cela dépend de l’ENS (Ecole Normale Supérieure) que l’on prépare : à la fin de la khâgne on passe un concours appelé BEL (Banque d’Epreuves Littéraires) mais selon l’ENS que l’on vise, la préparation n’est pas la même. Il y a l’ENS d’Ulm à Paris, l’ENS de Lyon, l’ENS de Cachan ville située près de Paris. Chateaubriand propose une préparation à chacune de ces trois ENS, plus une préparation spécifique pour intégrer l’Ecole des Chartes à Paris pour devenir conservateur de musée ou archiviste. Il y a donc 2 classes de khâgnes avec des matières différentes : une khâgne Lyon-Cachan et une khâgne Ulm-Chartes.

Dans la filière Lyon-Cachan, les matières sont français, philo, histoire, géo, deux langues vivantes plus une spécialité qui demande beaucoup d’heures et qui aura un fort coefficient au concours.

Dans l’autre en khâgne Ulm là où je suis, les matières sont français, philo, histoire, une langue ancienne, une langue vivante, plus une option dite « d’écrit » et une option dite « d’oral ». C’est-à-dire qu’on ne la passe au concours que si on est admis à l’oral après les épreuves écrites. Pour ma part, je fais de l’italien à l’écrit qui était ma LV2 depuis le collège et de l’histoire à l’oral. Cependant une réforme est en cours qui s’appliquera certainement l’année prochaine et qui obligera à préparer la même option à l’écrit et à l’oral. »

Le suivi de la formation ? « La discussion avec les professeurs est beaucoup plus facile qu’à la fac par exemple grâce à la disposition en classe comme au lycée et aux khôlles où nous avons la possibilité de discuter avec eux. Ils sont très exigeants à cause du niveau du concours, mais en général ils sont positifs, instaurent des exercices (comme du vocabulaire en langues) pour nous aider le plus efficacement possible. Ils prennent tous les cas en considération aux conseils de classe et sont à l’écoute de tous. On est beaucoup plus encadrés qu’à la fac, ce qui peut paraître pesant. Mais je pense que dans une formation aussi lourde, on a besoin d’être encadrés avec des obligations et des échéances. Les professeurs ne connaissent pas les élèves individuellement mais s’intéressent à chaque personne qui vient leur parler. Ceux qui réussissent le mieux à Chateaubriand, sont l’objet d’attentions spéciales de la part des professeurs, qui les encouragent particulièrement et les admissibles après les épreuves écrites sont véritablement coachés par les profs pour réussir à l’oral. C’est assez agréable de se sentir soutenu, même si c’est vrai qu’il arrive un moment où on aimerait plus d’autonomie ! »

Particularité de la prépa, vous avez des « khôlles ». Peux-tu expliquer ce que c’est, en quoi cela consiste et comment cela se passe ? « Les « khôlles » sont le moment angoissant de la première année, je crois que je ne savais pas très bien ce que c’était en arrivant en hypokhâgne et tout s’est quand même très bien passé. Il s’agit d’entraînements oraux face à un examinateur sur un sujet précis. Nous en avons dans toutes les matières, au rythme de deux à trois par an pour chaque, sûrement un peu plus en khâgne. L’examinateur est soit le professeur qu’on a dans cette matière, soit un « khôlleur », c’est-à-dire un autre professeur que l’on ne connaît pas.

On hérite d’un sujet qui peut-être une phrase, une question ou bien un texte à commenter ou traduire, particulièrement en français, langues vivantes ou anciennes. Selon les matières et les pratiques des professeurs, le temps de préparation varie avec en général plusieurs jours de préparation en hypokhâgne et une heure seulement en khâgne, pour se préparer aux conditions du concours. Il s’agit de préparer l’oral du concours, c’est-à-dire les épreuves lorsqu’on est admissible. On arrive en khôlle avec sa préparation. En vingt minutes, on fait un exposé sur le sujet puis le professeur pose des questions ou reprend notre oral pour y apporter des corrections. C’est assez stressant et je ne cache pas que je suis paniquée à chaque fois même au bout de ma vingtième khôlle ! Pourtant l’enjeu n’est pas capital, ça reste un entraînement et certains professeurs ne comptent pas la note dans la moyenne du trimestre. Il faut aussi se dire que c’est un moment privilégié d’avoir un professeur à son écoute pendant trente minutes qui se rend compte en direct de ce qui va et de ce qui ne va pas, et qui, la plupart du temps, n’hésite pas à le dire gentiment. C’est une très bonne occasion de progresser, voire de discuter avec le professeur. Beaucoup en effet en profitent pour demander comment on se sent en prépa, ce qu’on veut faire après, etc. Au final, la plupart du temps, on stresse avant et on est content après, même quand ce n’est pas très réussi. »

« La prépa est l’endroit idéal pour celui qui aime réfléchir »

Bons côtés ? « Les bons côtés de la prépa sont nombreux mais pas toujours mis en valeur : les connaissances qu’on y acquiert sont denses et ce sont des choses souvent passionnantes qu’on n’aurait pas eu l’occasion d’apprendre ailleurs. On approfondit vraiment les sujets et l’accent est toujours mis sur la réflexion plutôt que sur les connaissances. Autrement dit, c’est l’endroit idéal pour celui qui aime réfléchir. Ce qui est agréable aussi c’est la pluridisciplinarité. Très peu de formations offrent un éventail aussi large de matières dans le domaine littéraire et quand, comme moi par exemple, on ne sait pas choisir entre toutes, la prépa est un excellent compromis qui permet de faire de tout à un bon niveau en même temps. Le fait de rester dans un environnement de lycée peut paraître pénible mais en fait, cela permet de profiter d’une classe relativement réduite et des vacances des lycéens, ce qui n’est pas négligeable. Même si on se réoriente après vers des choses différentes de ce qu’on fait en prépa comme les IEP ou la fac de droit, la formation intellectuelle fournie par la prépa permet de se débrouiller partout. On apprend à penser de façon structurée, à former un argumentaire, à réfléchir plus efficacement. »

Mauvais côtés ? « J’avoue qu’au bout d’un an et demi de prépa, je commence à en avoir assez du rythme. Avoir 8h de cours par jour n’est supportable que si on est à l’aise dans un environnement scolaire et généralement, il arrive un moment où on a envie d’un emploi du temps plus léger. Le travail personnel incessant est aussi un des mauvais côtés de la prépa. On aimerait profiter de la vie étudiante, sortir le jeudi soir comme les autres ou bien parfois juste avoir le temps de faire autre chose. Or il y a tellement de travail qu’on pourrait ne faire que ça, tout le temps. C’est extrêmement pesant pour le moral parce que des pauses sont nécessaires pour ne pas déprimer, et en même temps les pauses nous font culpabiliser.

La pression et la compétition dont on entend souvent parler à propos de la prépa sont plus ou moins fondées. Je ne ressens pas beaucoup la compétition à Chateaubriand, même si chaque trimestre, sur notre bulletin, notre classement est mentionné. Un classement c’est intéressant seulement si on est en tête ou queue de classe car le milieu de la classe regroupe peut-être 30 personnes dont les notes varient très peu. C’est tellement serré qu’on peut perdre plusieurs places pour un dixième de point, ce n’est donc pas très représentatif de son niveau. La pression est forte, cependant. La khâgne, en particulier, étant une classe de concours. Nous avons deux à trois concours blancs dans l’année, des devoirs à rendre régulièrement, des khôlles à préparer… »

Tes conseils pour réussir et résister à la pression constante ? « Pour résister à la pression, il faut se dire qu’on peut vivre sa prépa comme on veut : pas obligé de viser l’ENS et de tout tenter pour l’avoir, au risque de s’épuiser. Il faut faire des pauses, même quand on a l’impression de ne pas avoir le temps. Il faut travailler régulièrement, ne pas faire d’impasse. Mais quand on manque de temps, il faut renoncer à tout savoir, à apprendre de nouvelles choses : il faut mieux bien réfléchir et pouvoir bien manier ce que l’on sait déjà. Il vaut mieux faire une prépa en s’y sentant bien même si on ne travaille pas nuit et jour plutôt que d’essayer d’atteindre le niveau exigé pour le concours et se démoraliser en cours de route.

Le travail en groupe peut aussi porter ses fruits, même si tout ne peut pas être fait de cette façon et s’entourer d’amis peut aider à surmonter la pression. Cependant il faut faire attention à ne pas se laisser influencer par la façon dont les autres travaillent et le temps qu’ils y passent ! Il faut aussi s’organiser pour être capable de prendre de vraies pauses sans paniquer ensuite parce qu’on n’a pas travaillé. Cependant, il faut faire attention à ne pas tomber dans la dérive où on se met à compter les heures qu’il nous faut pour telle ou telle tâche sans arrêt. Enfin je crois qu’il ne faut jamais faire l’économie de la réflexion, la moindre chose à laquelle on réfléchit, même si c’est en regardant un film, en discutant avec des amis peut être utile par la suite. »

Que dirais-tu aux lycéens qui n’osent pas se lancer dans cette voie ? « Cela dépend de leurs craintes. A ceux qui pensent ne pas avoir le niveau pour, je leur conseille de postuler pour des prépas plus modestes où ils seront choyés et acquerront avec d’autant plus de plaisir les qualités intellectuelles et les connaissances prodiguées par la prépa.

A ceux qui ne savent pas si des études littéraires sont faites pour eux, je leur conseille d’essayer tout de même, il existe de nombreux moyens de bifurquer après une seule année ou même en cours d’année, et les compétences et connaissances acquises leur serviront de toute façon.

A ceux qui ne savent pas si ils sont capables de travailler autant qu’il faut en prépa, je leur dirai que, pris dans le flot, on travaille de toute façon beaucoup, même si ce n’était pas le cas au lycée. Et il vaut mieux d’ailleurs ne pas avoir été à fond au lycée en terme de travail pour être à l’aise en prépa.

A ceux qui au contraire, travaillent déjà beaucoup au lycée et se demandent s’ils pourront faire plus en prépa, je leur conseille d’essayer également, car la prépa permet aussi de mieux se connaître : comment travaille-t-on le mieux, qu’est-ce-qu’on retient le mieux ? Et cette expérience leur permettrait de travailler plus efficacement, peut-être. Si c’est une question de courage et qu’on ne se sent pas de travailler autant pendant deux ans, je pense que ça vaut tout de même le coup d’essayer, au moins la première année, pour être sûr de ne pas regretter après de n’avoir pas tenté le coup.

Enfin, à ceux qui pensent que la prépa lettres est un milieu fermé, qu’il faut avoir des connaissances avant d’y entrer, une bonne culture, etc. je leur dirai que s’ils sont intéressés par les matières littéraires, ouverts, curieux, qu’ils aiment lire, ils acquerront ces connaissances plus tard, naturellement, et que n’importe quel bac permet d’être à l’aise en prépa. »

Quels sont les débouchés ? « Les débouchés sont plus ouverts qu’on peut le croire ! Le concours de la BEL permet d’accéder à beaucoup d’autres choses en dehors des ENS. Il y a deux écoles de traduction et d’interprétariat, des IEP, l’ISMaPP (Institut Supérieur du Management Public et Politique), des écoles de commerce (avec quelques épreuves supplémentaires pour certaines d’entre elles) et bien sûr il y a la possibilité de rejoindre la fac ! Dans les matières littéraires étudiées en khâgne comme lettres modernes et classiques, philo, histoire, géo, langues avec des modalités différentes selon les prépas, pour obtenir des équivalences afin d’entrer directement en deuxième ou troisième année. Certaines prépas ont des accords avec les facs de droit pour rentrer en deuxième année en rattrapant certaines choses. Il y aussi la possibilité de « khûber », c’est-à-dire de refaire une deuxième année pour repasser les concours ou bien pour arriver directement en master à la fac, ce qui peut être intéressant. Enfin, pour ceux qui n’ont pas eu Science-Po à la fin de la terminale, faire une année de prépa avant de repasser le concours peut être une très bonne solution et augmenter sensiblement les chances au concours. L’année dernière, une grande partie de ma classe d’hypokhâgne a passé le concours de Science-Po (pour les IEP de province) et beaucoup l’ont eu, y compris des personnes qui s’étaient décidées tard à le passer et n’avaient eu qu’un ou deux mois pour le préparer. »

Les études supérieures décryptées par … #2 : Sophie, ancienne étudiante de Lisaa Rennes

La ville de Rennes est l’un des pôles estudiantins les plus importants de France.  La capitale bretonne comptabilise en tout, environ 60 000 étudiants. Mais après l’obtention du baccalauréat, les lycéens rennais ont peu d’informations.

Explications sommaires, pas de pôle d’orientation, les étudiants n’arrivent pas à se rendre compte véritablement vers quoi ils se dirigent : les études supérieures. A partir de l’idée d’une lectrice, Claudie Trégouët, le blog lavierennaise a décidé d’ouvrir une nouvelle rubrique, les Etudes supérieures décryptées par … . Le but ? A travers un témoignage subjectif, un-e étudiant-e parle de ses études, de son adaptation du lycée à la première année, des  attentes de la filière, de l’ambiance et surtout (vous) conseille. 

Le blog a rencontré Sophie, ancienne étudiante de l’institut supérieur des arts appliqués (Lisaa) Rennes. Elle livre ici son avis sur ses deux années passées à Lisaa Rennes et compare celle de Paris, où elle a été en prépa intégrée, et de Rennes. Sophie donne aussi des conseils très optimistes à ceux et celles qui peuvent être intéressés par le graphisme et le design.

 

Comment as-tu fait pour entrer à Lisaa Rennes ? « J’ai fait mon année préparatoire spécialité graphisme/illustration/multimédia à Lisaa Paris juste après mon baccalauréat. Pour l’avoir, j’ai passé un entretien et présenté un dossier préparé pendant deux ans de conservatoire des arts, parallèlement au lycée. A la fin de cette année, on passe un jury qui est noté et l’école garde les soixante premiers de ce jury. Comme j’ai fait partie de ces gens là, j’ai pu entrer en année supérieure à Lisaa, sauf que j’ai demandé l’école de Rennes, qui a exactement la même formation que celle de Paris. C’est-à-dire un diplôme de niveau 2 reconnu par l’Etat. J’ai été la première à faire l’échange dans ce sens là. »

Les exigences sont-elles fortes ? « Lisaa est reconnue comme ayant un bon niveau et donc des exigences. L’année préparatoire est éprouvante car il n’y a pas de places pour tout le monde. Il faut fournir beaucoup de travail personnel, en dehors des cours. Il y a une image de l’école qu’il faut maintenir. »

L’adaptation à Lisaa ? « Très bonne. Lisaa a une structure plus petite que la plupart des établissements. On peut parler aux profs ou aux membres de l’administration, on connaît la plupart des élèves. Comme on y passe pas mal de temps, c’est un peu comme une deuxième maison. Je me sentais plus concernée par la vie de l’école que par le passé. Mais on ne vit pas tous les choses de la même façon. Comme je venais d’arriver dans une ville ou je ne connaissais personne, c’était aussi important pour moi de me faire une « tribu », une maison. »

Les différentes matières pendant les trois années ? « Pour l’année préparatoire, tout dépend de la spécialité. En années supérieures appelées G2 et G3, on peut avoir des cours de design graphique bien évidemment, mais aussi d’illustration, de typographie, de sémiologie, marketing, histoire de l’art/du graphisme, webdesign, croquis de nu et d’extérieur, vidéographisme, etc. Il y a pas mal de choses quoi ! En fonction de qui aime quoi, on repère les profils des personnes. Ceux qui sont plus « manuels », ceux qui sont bons avec les logiciels… Y’a un peu de tout et des gens avec des parcours très différents les uns des autres. »

Y a-t-il des projets à réaliser ? Comment cela s’organise ? « Il y a des projets à réaliser pour chaque matière qui s’étalent généralement sur deux ou trois semaines. D’où des semaines très chargées parfois. On nous donne un sujet et on attaque la phase de recherche, la plus longue, puis la réalisation. Pour cette dernière étape, on s’entraide pas mal, on peut utiliser le matos de l’école (studio photo, imprimante A3, appareil photos ou caméra…) »

Le suivi de la formation ? « Le suivi de formation dépend aussi de l’école. Il n’était pas exactement le même entre Lisaa Paris et Rennes. Mais globalement, il y a un vrai suivi contrairement à la fac, par exemple. Comme nous sommes moins nombreux, les professeurs peuvent être plus aux aguets avec les élèves, mieux les connaître et donc mieux nous aider. Après je n’ai pas trouvé que ce suivi était toujours équitable, mais ça, c’est une autre histoire. »

Bons côtés de l’école ? « La petite structure, connaître plus ou moins tout le monde, le suivi des professeurs et que ces derniers soient avant tout des professionnels du graphisme. Le fait qu’il y ait des gens de tout âge, avec des parcours différents. C’est assez enrichissant artistiquement parlant, mais aussi personnellement. »

Mauvais côtés de l’école ? « Lisaa est une école privée. Et qui dit école privée, dit que cela coûte cher. Tout le monde ne peut pas se l’offrir. Surtout qu’il y a pas mal de matos à acheter à côté, pour les projets, les impressions… Certains doivent travailler à côté des cours pour se payer l’école ou juste pour vivre, ils ont moins de temps pour leur travail personnel. Là aussi, ce n’est pas forcément équitable donc. Je trouve aussi qu’il y a un certain manque de pédagogie chez les professeurs du supérieur. Ce sont des professionnels avant d’être des enseignants, ça a ses avantages comme ses inconvénients. On est là pour apprendre et pas pour entendre « c’est moche » surtout dans le milieu artistique ou c’est très relatif comme notion. Mais ce n’est pas une généralité heureusement. »

« Mon conseil, rester fidèle à soi-même. »

Tes conseils pour réussir à Lisaa ? « Or-ga-ni-sa-tion. Sinon on est rapidement débordés et vive les nuits blanches ! Ce n’est pas parce que le projet est pour dans trois semaines que c’est la fête pendant deux semaines et quelques. Je conseille aussi d’être fidèle à soi-même. Au moins, si le projet n’a pas marché auprès des profs, vous aurez fait ce que VOUS vous vouliez, ainsi pas de regrets. C’est en faisant les choses avec coeur et conviction que ça finira par marcher. C’est peut-être guimauve mais avec du recul, j’y crois d’autant plus. Ne succombez pas à la concurrence. On cherchera à vous déstabiliser, les élèves comme les profs. Être combatif, c’est bien mais faut pas déconner, ça peut être dur à supporter. En dernier, je dirais avoir l’esprit d’équipe. Les plus beaux projets se font en groupe, en s’entraidant, en se nourrissant les uns les autres. Et c’est quand même plus funky à plusieurs. »

Est-elle reconnue par l’Etat ? « La formation est reconnue par le ministère de la culture et de la communication et est inscrit au répertoire national des certifications professionnelles (niveau II, soit équivalent licence/maîtrise). On peut dire que l’année préparatoire est une prépa’ intégrée, ce qui équivaut à 3 ans d’études post-baccalauréat et donc à une licence professionnelle. Officiellement, c’est ça. Officieusement, la formation est reconnue professionnellement, mais pour continuer les études et être reconnu par des écoles publiques ou concurrentes, ce n’est pas toujours évident. »

Y a-t-il des débouchés ? « L’avantage du graphisme, c’est qu’on peut bosser plus ou moins dans tout et n’importe quoi. Le souci, c’est qu’à l’heure actuelle y’a pas grand monde qui a du boulot. C’est donc pas évident de répondre à cette question… Personnellement, j’ai pu trouver du travail en auto-entrepreneur grâce à mes stages. Actuellement, je travaille comme maquettiste dans l’édition et parfois dans l’impression textile mais il faut s’accrocher et ne pas oublier qu’en moyenne, la première année après les études n’est facile pour personne. »

 

Les études supérieures décryptées par … #1 : Leïla, étudiante en droit

Copyright : Ouest-France

La ville de Rennes est l’un des pôles estudiantins les plus importants de France.  La capitale bretonne comptabilise en tout, environ 60 000 étudiants. Mais après l’obtention du baccalauréat, les lycéens rennais ont peu d’informations.

Explications sommaires, pas de pôle d’orientation, les étudiants n’arrivent pas à se rendre compte véritablement vers quoi ils se dirigent : les études supérieures. A partir de l’idée d’une lectrice, Claudie Trégouët, le blog lavierennaise a décidé d’ouvrir une nouvelle rubrique, les Etudes supérieures décryptées par … . Le but ? A travers un témoignage subjectif, un-e étudiant-e parle de ses études, de son adaptation du lycée à la première année, des  attentes de la filière, de l’ambiance et surtout (vous) conseille. 

Pour l’ouverture de cette nouvelle rubrique, le blog a rencontré Leïla, 24 ans, en troisième année de faculté de droit qui a choisi le parcours Droit international. Elle livre ici son avis sur sa licence et compare l’université de Rennes 1 à celles où elle a été auparavant, à Aix-en-Provence et Vannes.

 

L’adaptation du lycée à la faculté de droit ?  « Je ne savais pas à quoi m’attendre. Dans mon lycée français qui se trouvait à l’étranger nous n’avions pas de visites de la faculté comme elles sont organisées aujourd’hui, c’était un univers inconnu. Il y avait des conseillers d’orientation mais on ne nous en disait pas plus. C’est aussi pour cela que je veux témoigner. Au départ, j’étais un peu perdue. Heureusement, lors de la journée de pré-rentrée, Rennes 1 met  à disposition différents outils. Ils t’apprennent la méthodologie, la rigueur, et même l’orthographe. Les profs sont très sévères à ce sujet car on est amenés à beaucoup rédiger. »

Les différentes matières ? « En première année, les matières principales que l’on appelle les  « majeures »  sont le droit civil, le droit constitutionnel et l’histoire du droit. Pour approfondir ces trois matières, on a des travaux dirigés (TD), qui sont l’application concrète des cours magistraux (CM). On apprend notamment à faire des commentaires d’arrêts : exercice essentiel en droit. Ce que les étudiants digèrent le moins en général, c’est tout ce qui est lié au droit public et l’histoire du droit. En deuxième année, il y a l’apparition d’une matière essentielle pour la formation, le droit des obligations. Elle te suit durant tout ton parcours de droit. Au concours d’avocat, il y a une épreuve spéciale « droit des obligations ». En droit, on te propose de choisir entre plusieurs parcours : parcours standardéco-gestion, droit franco-allemand et parcours environnement. En troisième année on se spécialise davantage, on choisit nos matières. Plus d’étudiants choisissent le droit privé. J’ai choisi, pour ma part, le droit international public. »

Le suivi de la formation ? « En première année, il y a un système de tutorats. En fait, au bout d’un mois de cours, il y a un examen d’introduction au droit. Cela va montrer si tu es confronté à des difficultés en droit. Si tu as moins de 10, tu vas en tutorat, aide proposée aux étudiants. Une conférence est également organisée dans laquelle des professionnels nous présentent leur métier. Ils donnent des conseils et nous enlèvent les préjugés qu’on peut avoir sur différentes professions comme les huissiers de justice. Ils nous montrent aussi que tous les chemins mènent à Rome et qu’il existe plusieurs passerelles pour arriver au même métier. En travaux dirigés, les professeurs sont parfois des avocats. C’est un plus ! Ils sont sur le terrain, ils nous apportent leur expérience. »

Bons côtés ? « L’avantage principal est la culture générale. Des matières comme l’Histoire du droit nous en apportent beaucoup et nous servent dans la vie de tous les jours.  Le Droit est présent partout. On peut désormais comprendre nos relations avec notre propriétaire, si on est locataires par exemple. Cette formation ouvre une réflexion sur le monde. Beaucoup de conférences, colloques sont organisés. Et nous devons assister à des procès. La formation de droit incite aussi à bien savoir rédiger. »

Mauvais côtés ?  « Il y a beaucoup de travail. A chaque semestre, les étudiants passent des galops d’essai pour chaque matière principale. C’est-à-dire des examens préparatoires aux partiels. Puis des travaux nous sont exigés pour s’entraîner. C’est pour notre bien évidemment mais c’est beaucoup d’efforts à fournir. Les vacances au cours de l’année on les passe à réviser. La fac de Rennes 1 est très bien réputée mais elle fait un peu trop « usine », comparé à la faculté de Vannes où j’ai étudié un an. Il y avait une proximité avec les profs qu’on ne retrouve pas à Rennes, on échangeait davantage avec eux. Il y a une forte sélection durant les deux premières années. Ce sont les plus dures. C’est un écrémage intensif. En troisième année, nous sommes moins nombreux, il y a donc une plus grande solidarité entre nous car la sélection a déjà été faite. On échange désormais nos cours via les réseaux sociaux et on s’entraide. A la faculté, ce qui manque c’est les stages, la pratique. En deuxième année, j’ai eu la chance de pouvoir faire un stage d’une semaine car j’avais intégré le parcours éco-gestion. Nous étions les seuls. »

Tes conseils pour réussir en droit ?  « Ne pas se décourager devant le travail qu’il y a à fournir. Surtout pas. Il ne faut pas oublier qu’à la fac, la liberté n’est pas entière et totale. Les deux premières années nécessitent beaucoup de travail. Il faut apprendre à se maîtriser, à s’organiser. Mais si on aime le droit, il ne faut pas lâcher prise ! Personnellement, j’ai fait des erreurs qui m’ont fait perdre du temps, je ne travaillais pas assez. Mais si on veut pouvoir choisir notre master 2, année sélective, mieux vaut avoir un bon dossier et bien travailler tout au long du cursus. »

 

D’accord ? Pas d’accord ? Réagissez à ce témoignage par commentaires  !

Précarité étudiante : témoignage de Juliette, 20 ans, boursière échelon 6

Les cours ont repris dans toutes les universités françaises. A l’université Haute Bretagne, communément appelée « Rennes 2 », les étudiants sont revenus sur les bancs de la fac, le 17 septembre dernier. Et l’Union nationale des étudiants de France (Unef), syndicat étudiant majoritaire à l’université, commence dès ce mois-ci, à revendiquer les droits estudiantins auprès du gouvernement nouvellement formé par François Hollande.

Juliette, Rennaise d’adoption, vingt ans et étudiante en troisième année d’information-communication à Rennes 2, a souhaité donner un autre son de cloche sur la situation précaire des étudiants. Boursière échelon 6, cumularde de plusieurs petits boulots, non syndiquée revendiquée, elle a la volonté de se débrouiller seule et s’en sort plutôt bien. Témoignage.

 

Couleur vert pomme, l’immeuble construit par le Crous Bretagne près d’un restaurant fast-food et à cinq minutes à pied de l’université, attire le regard. C’est dans son studio universitaire, très cosy, que je rejoins Juliette, jeune femme brune aux traits doux et rassurants. Dans ce nouvel immeuble du Crous, « tout le monde est boursier », explique-elle. Ce sont principalement des « personnes qui sont vraiment en situation financière et sociale difficile ».

La vie étudiante, « c’est le début de la vie de « grand » »

L’étudiante en information-communication est cette année confrontée au mystère de l’administration : « Pour avoir les bourses, on te demande les feuilles d’imposition d’il y a deux ans. (…) En juin dernier, j’ai envoyé tous les papiers au Crous et ils m’ont demandé de, soit refaire une déclaration d’impôts, soit faire une mise à jour auprès des impôts, car il n’y avait pas mon nom sur les feuilles. Il manquait toujours un papier, il fallait toujours plus, etc. Là, j’attends toujours la nouvelle feuille à jour pour pouvoir percevoir mes bourses, pour cette année. » Son « cas » est passé en commission et Juliette peut garder son appartement, avec de la « chance ». En effet, si la jeune femme avait été catégorisée comme non boursière, elle aurait dû quitter cet appartement qu’elle a depuis un an. En général, Juliette affronte les méandres des services administratifs, non sans mal mais avec satisfaction à la clef : « il faut faire la paperasse, entre la Caf, les impôts, le Crous, le logement, l’administration, etc., c’est très contraignant.Il faut penser à tout en même temps, être bien organisé, noter ses identifiants et mots de passe. Après, c’est le début de la vie de grand. »

490€ d’aides financières, 140€ de loyer et cumul de petits boulots

Et sans bourse, cela serait la panique : « j’ai toujours été boursière dans ma scolarité, depuis le collège. J’étais la personne la « plus boursière » dans tous les établissements où j’ai été, en général. Je me débrouille comme cela, avec 460€ par mois (pour un échelon 6, NDLR) et les transports gratuits à Rennes. Je perçois aussi 130€ de la Caf (Caisse d’allocations familiales, NDLR). Au final, mon loyer me revient à 140€, pour un 22 mètres carré. J’arrive à me débrouiller avec cet argent-là car je ne suis pas une grande dépensière. Quand je suis arrivée en première année à l’université, je ne m’étais jamais retrouvé avec autant de sous de ma vie ! Je n’ai jamais été dans le besoin mais là, je pouvais me faire plaisir et mettre de côté. Par exemple, je me suis acheté un ordinateur portable. Et quand une robe me plaît et coûte cher, j’économise. Si elle me plaît maintenant, elle me plaira dans trois mois. »

En ce qui concerne les jobs étudiants, Juliette en a essayé plusieurs. Elle arrive à cumuler grâce à l’emploi du temps peu chargé de sa filière : « Je fais du ménage, 2 heures par semaine, et régulièrement du baby-sitting, dès que j’en ai l’occasion. J’ai travaillé à la LMDE, l’année dernière, à la rentrée. En ce moment, je fais du secrétariat, passe des coups de fil pour mon maître de stage. En échange, il me paye l’équivalent du SMIC. L’été, j’essaye de bosser au maximum. L’été dernier, j’ai effectué un stage de trois mois dans une radio toulousaine, Radio Radio, dans le cadre de mes études car je souhaite devenir journaliste. » Mais elle concède : « Quand on cumule un travail à temps partiel et ses études, ce n’est juste pas possible. Tu te disperses si tu as un autre travail, c’est difficile de concilier les deux. Personnellement, ça allait car mes jobs ne prenaient pas beaucoup d’heures. »

Et Juliette continue : « Je suis dans une situation dite précaire parce que je suis sur l’échelon le plus haut et que je m’en sors avec peu de choses. Mais je trouve les bons plans aussi. Je m’y suis prise tôt pour avoir cet appartement, à un prix moins cher, et bien placé. Je fais beaucoup de récup’, je vais souvent à Emmaüs pour les vêtements et le mobilier. »

« Me syndiquer ne m’intéresse pas »

L’Unef est un syndicat estampillé à gauche qui défend les droits des étudiants, notamment salariés et en difficulté financière. Ce dernier parlemente, actuellement, avec le gouvernement de François Hollande pour qu’il tienne ses engagements, notamment celui-ci : « Je créerai une allocation d’études ». En ce qui concerne l’Unef, Juliette est franche : « Cela ne m’intéresse pas, c’est très politique et je n’ai pas envie de m’investir politiquement. En soi, je ne suis pas sûre que cela change grand chose, et je n’ai pas envie de dépenser de l’énergie là-dedans. Je sais que c’est égoïste de dire ça. Après, s’il y a une manifestation qui me tient à cœur, j’y vais. Ou je signe des pétitions. L’Unef a un discours extrémiste de gauche, c’est trop tranché pour moi. D’un côté comme de l’autre, d’ailleurs. Tout n’est pas bon à prendre, dans leurs propos. »

Pas à fond dans la politique, en tout cas, Juliette a tout de même des idées affiliées de gauche. Elle a voté François Hollande, le 6 mai dernier. A noter que l’actuel Président de la République a misé toute sa campagne sur les jeunes. « Cela a été un grand soulagement pour moi et je pense que je n’ai pas été la seule à ressentir la même chose, dit-elle. Je n’attendais rien de particulier de sa part, je n’avais juste plus envie que ce soit Sarkozy au pouvoir. Tout le monde reproche à Hollande de ne pas tenir ses promesses (Les inRocKuptibles a qualifié sa baisse dans les sondages d’opinion d’ « historique », NDLR) mais cela ne fait pas longtemps qu’il est là. Il a quatre ans encore, j’espère plus. Du moins, dans la même veine politique. Tout le monde est en difficulté en ce moment, tout part de travers, ce n’est pas un super héros non plus (sourire). Il ne peut pas être sur tous les fronts en même temps, j’espère juste qu’il va tenir les promesses les plus importantes qu’il a pu dire dans sa campagne, que ce soit autant sur le côté éducatif que sur le reste. »

Assez d’AiR et « Mises en pièces »

Le théâtre, c’est la solution pour les personnes timides, dit-on. Endroit de catharsis, lieu où fait son accomplissement personnel, plus aucune peur du regard des autres, vous connaissez la chanson. Bref, vous n’avez, pourtant, jamais osé vous inscrire à des cours de théâtre. L’association étudiante ACEDER, « Assez d’aiR » pour les intimes, propose aux étudiants des activités tout au long de l’année, en compagnie de professionnels. Suite aux ateliers de l’année scolaire 2011-2012, deux représentations auront lieu, le 15 mai prochain, au Diapason, et à l’ADEC, le 30 mai s’intitulant « Mises en pièces ».

 

Le théâtre est souvent vu comme quelque chose d’élitiste, étrangement alors qu’il était l’affaire de tous encore au dix-huitième siècle, la Bourgeoisie et le Tiers-Etat mélangés dans la fosse devant les planches. Le TNB (Théâtre National de Bretagne), lui, propose une programmation pointilleuse pour les affûtés. Dur de s’y retrouver dans un milieu « populaire » et, à la fois, si éloigné.

Endroit d’expression, le théâtre a toujours été proposé par les parents pour les enfants trop timides (voir article sur Madmoizelle). Que vous soyez féru de théâtre ou encore amateur en souhaitant seulement y mettre un pied, l’association « Assez d’aiR » est sûrement pour vous.

Association étudiante, ateliers de professionnels

Si cette initiative vous intéresse, trois ateliers tenus par des professionnels sont proposés tout au long de l’année allant du théâtre classique au contemporain. Isabelle Bouvrain, actrice et metteuse en scène, a eu une formation de lettres. D’où sûrement son envie de revisiter les pièces classiques. Philippe Languille, lui aussi à double casquette, a déjà été vu sur les planches rennaises, en 2007 et 2010 avec Je dis ce que je veux de Christophe Tarkos, co-produit par le théâtre la Paillette. Franck Lemarié, originaire de la région, a une formation de théâtre contemporain.

Encadrés par ces trois personnes, les étudiants apprennent les techniques théâtrales avec, par exemple, des ateliers d’improvisation. Ne craignez rien, cela n’est pas d’un niveau de licence Arts du Spectacle ! De quoi avoir des bases pour monter une pièce de théâtre choisie dans le répertoire théâtral classique et contemporain.

« Absurde du quotidien »

Cette année, les étudiants ont choisi pour thème principal, l’Absurde. Il y a, notamment, le célèbre dramaturge allemand, Brecht. La noce chez les petits bourgeois est une de ses pièces de jeunesse. Elle dresse le portait d’une famille bourgeoise, le jour de leur mariage. Rapidement, la méchanceté et la jalousie refont surface entre convives et mariés. Cette pièce est l’effondrement d’un mariage dans le sens propre et figuré. « Chassez le naturel, il revient au galop », tel est l’adage. Il s’applique parfaitement à cette pièce, ironique à souhait. Brecht est, en effet, d’origine bourgeoise. Comédie et satire, on en attend pas moins d’une pièce signée Bretolt Brecht.

Isabelle Bouvrain a choisi de mettre en scène, avec les étudiants, la pièce Pour rire, pour passer le temps : petites pauses poétiques de Sylvain Levey. Sylvain qui ? Levey. Jeune auteur dramaturge, Sylvain Levey avait fait un tour, à Rennes, en 2006, pour faire une résidence à l’ADEC. Prémonition ? Destin ? Petites pauses poétiques sera joué à l’ADEC, justement, le 30 mai. En tout cas, ce que l’on sait de la pièce, c’est que ces Petites pauses poétiques ne le sont pas tant que ça. Quatre personnages mystérieux, bourreaux des uns, des autres et, surtout d’eux-mêmes, ces courtes « pauses » montrent la face cachée des gens. Un peu à la Huis-Clos de Sartre.

John Synge est un homme de lettres irlandais du début du vingtième siècle. A l’époque, les guerres de religions entre protestants et catholiques font rage. Synge, protestant, s’est beaucoup intéressé aux fermiers catholiques de l’Irlande du Sud. Fondateur du Théâtre de l’Abbaye à Dublin, on dit que la pièce L’ombre de la vallée a été plusieurs semaines en tête d’affiche. Mise en scène par Franck Lemarié, L’ombre de la vallée est l’histoire d’une femme infidèle et montre l’hypocrisie du mariage et du couple. Le style de Synge se veut ostensiblement provocateur pour questionner, par la suite.

 

Prochaines représentations :

  • Le 15 mai au Diapason, 20 heures :

    « Petites pauses poétiques » de Sylvain Devey, mis en scène par Isabelle Bouvrain

    « La noce chez les petits bourgeois » de Bertolt Brecht, mis en scène par Philippe Languille

 

  • Le 30 mai, à l’ADEC, 20 heures :

    « Petites pauses poétiques » de Sylvain Devey, mis en scène par Isabelle Bouvrain

    « La noce chez les petits bourgeois » de Bertolt Brecht, mis en scène par Philippe Languille

    « L’ombre de la vallée » de John Synge, mis en scène par Franck Lemarié

     

    Réservations : au Diapason ou à l’ADEC

 

Tarifs :

  • Plein : 5€
  • Réduit : 3€

    Si vous souhaitez contacter l’association Assez d’aiR pour en savoir plus sur leurs activités étudiantes, c’est ici par e-mail

Cycle cinématographique chilien – 25 avril au 16 mai

Rennes, ville culturelle et étudiante, certes. Mais Rennes est aussi une ville engagée comme le blog lavierennaise l’a montré en octobre dernier avec la journée dédiée à la libération de Mahnaz Mohammadi, cinéaste iranienne (voir article). Ce n’est plus l’Iran mais le Chili dont il est question en ce moment, à Rennes.

Chilenos en Rennes, les Chiliens à Rennes en français, est un groupe de personnes qui ont étudié au Chili ou qui en sont originaires. Manifestations étudiantes chiliennes, problèmes socioéconomiques, beaucoup de choses tourmentent le pays depuis des décennies et les médias français n’y prêtent pas attention. Le groupe de jeunes, Chilenos en Rennes, souhaite sensibiliser les Rennais à travers des projections débats, du 25 avril au 16 mai, au café-librairie, le Papier Timbré.

Le Chili, ce pays d’Amérique du Sud, on en entend peu parler, c’est vrai. Sauf quand il s’agit d’étudier en classe le régime dictatorial d’Augusto Pinochet et de la situation des réfugiés politiques chiliens en Europe. Après le référendum de 1988, le régime tombe en 1990. Depuis 23 ans, le Chili est dans une situation très critique comme l’ont été ou le sont encore les pays de l’Est après l’éclatement de l’URSS (Union des Républiques Soviétiques Socialistes), en 1991.

Outre la situation économique et politique désastreuse, le système scolaire est à réformer au plus vite. Depuis désormais un an, les étudiants chiliens manifestent pour une scolarité gratuite et ouverte à tous. En effet, l’Etat ne finance que 25 % des études. Ce sont les élèves qui doivent payer le reste. (Source : Wikipédia) Pour continuer à montrer leurs droits, le 25 avril prochain, une nouvelle manifestation est prévue dans le pays.

 

25 avril, date symbolique

C’est à cette date précisément que le cycle cinématographique, organisé par Chilenos en Rennes, commence. Quatre films vont être présentés au public, deux documentaires et deux films fictifs. Le 25 avril est une date symbolique qui montre l’attachement de ces étudiants Rennais à leur pays d’origine ou de cœur. Les manifestations étudiantes pour une scolarité gratuite constituent « pour [eux] un point de départ d’un travail collectif qui vise à montrer la réalité sociale, culturelle et politique de [leur] pays dans un sens plus large », écrit le collectif.

Ce sens plus large, ils vont l’ouvrir à des problèmes d’actualité que beaucoup de personnes ont tendance à oublier, la déforestation massive de l’Amérique du Sud dont le Chili est victime. Mercredi prochain, le premier documentaire projeté, Les terres de la soif, réalisé par Alexis Zelensky et Martin Courcier, porte sur ce thème. Les Mapuches, ethnie chilienne, a une philosophie portée sur la Nature. Or, depuis une cinquantaine d’années, des industriels viennent empiéter sur leurs terres. Le dernier long-métrage grand public qui aborde cela est le film Avatar, et encore, de façon partielle et fictive… Chaque projection est suivie d’un débat. Ce mercredi, Chilenos en Rennes a invité Patricia Viera, doctorante dans les études latino-américaines au Mexique qui étudie la tribu des Mapuches.

 

Programmation engagée

Le documentaire Movilizados, réalisé en mars 2012 par Diego Marin Verdugo, est dans le vif du sujet. Il sera projeté le 9 mai prochain. Laura, membre de Chilenos en Rennes,  exprime sa joie à l’idée de présenter ce film, « on travaille beaucoup pour faire les sous-titres en français et pouvoir vous présenter un film récent qui parle de tous les mouvements sociaux qui se déroulent en ce moment au Chili. » Ce dernier, en effet, traite notamment des manifestations estudiantines. Une cause que le groupe soutient et souhaite sensibiliser les Rennais à se pencher sur la question et même, plus globalement, sur le pays en lui-même.

Pour cela, il est proposé deux films de fiction. Le premier, (Mon ami) Machuca, sorti en 2004 et réalisé par Andrés Wood, dresse le portrait à double visage d’un pays sous la République de Salvador Allende, de 1970 à 1973. L’histoire de deux enfants de onze ans, d’origine sociale opposée, qui se rencontrent à l’école. Histoire vue et revue mais qui montre la réalité, pays truffé d’inégalités. Chose qui ne s’améliorera pas après la dictature de Pinochet, comme chacun sait. Cette projection aura lieu le 2 mai.

Pour finir ce cycle de projections-débats sur le Chili, le 16 mai, Chilenos en Rennes montre le film Violeta se fue a los cielos. Ce dernier est une biographie d’une chanteuse célèbre chilienne, Violeta Parra. Très connue pour ses chansons et sa guitare folk, Violeta Parra est vue comme une icône dans son pays. Une fondation lui est adressée pour se remémorer son œuvre. Le collectif a voulu commencer sur un symbole politique avec la manifestation le 25 avril prochain et finira sur un autre symbole, celui de cette chanteuse et de la Musique.

 

Facebook – E-mail : chilenosenrennes@yahoo.fr

Toutes les séances sont gratuites.

Plus d’informations sur les intervenants à venir. Consultez la page Facebook.

Trois dilemmes philosophiques sur la fainéantise ou une journée de vacances normale

Aujourd’hui, alors que c’est le jour du Mardi Gras, que le collectif du Front de Libération du Mardi Gras (FLMG) propose aux rennais costumés de défiler toute la journée et que la Bibliothèque des Champs Libres nous emmène de l’Autre côté du miroir, de 16 à 20h, en compagnie de la Guilde de Bretagne et du groupe Bertram Wooster (voir article), j’ai décidé de ne rien faire le temps de cette journée de vacances. Je vous entends ricaner de là! Comme si je faisais quelque chose autrement, je sais.

La fainéantise s’est emparée de moi et me cloue sur le canapé. Pour autant, j’écris sur mon iPhone pour dire que je suis une fainéante. Je vais donc vous exposer les paradoxes auxquels sont confrontés les étudiants fainéants, en vacances, dont je fais partie.

Déjà, un petit retour étymologique et historique sur le mot fainéant. Ça, c’est juste pour montrer à quel point les études de lettres sont essentielles à la vie de tous les jours. Venez tous étudier la littérature avec moi!

Fainéant est un mot populaire qui est un barbarisme du verbe faire et du mot néant, le vide, rien de rien. Il existe aussi une époque de Rois appelés les Rois Fainéants, à la fin de l’époque des Rois mérovingiens. Louis 2 et Louis 5 en font partis. Ils ont arrêté de gouverner pour céder leur place. Ils sont sympas, n’empêche, ces Rois.

Bref, les dilemmes de la fainéantise. Je prends comme exemple, cette journée qui vient de commencer à 14 heures, pour moi. Pensée à ceux qui travaillent.

Première étape : le réveil. J’ouvre les yeux, il est huit heures. Trop tôt pour un jour de vacances! Je les referme et un petit somme. Dix heures et demi, horaire idéal : on peut faire quelques petits trucs et on a pas l’impression d’avoir gache la moitié de sa journée. Ce n’est pas mon cas. Aujourd’hui, le syndrome de « ne rien faire » me scotche sous la couette et, actuellement, sur le canapé, lové sous la couette.

Comment réussir à se lever alors que, justement, on a envie de rien faire ? Premier dilemme. Rester sous la couette donnera encore plus l’impression que l’on a, justement, rien fait. Si un ami nous demande ce qu’on a fait la veille, répondre « J’ai dormi toute la journée. » n’aura rien d’excitant. Bon, pour un peu que vous vous battiez avec votre couette et/ou votre copain pour sortir du lit… On se lève quand même pour se donner bonne conscience et attaquer cette journée pimpante et en pleine forme, histoire d’aller couvrir les événements rennais ou encore, passer des coups de fil, voir des gens, boire des verres, écrire des articles ! Mais non. Niet. Rien de tout ça.


Deuxième dilemme : comment être pimpante et en pleine forme sans avoir envie de se préparer ? L’image que renvoie le miroir n’est pas très reluisante. Pour un peu que vous ayez la marque de l’oreiller après 12 heures passées sous l’oreiller, que vos cheveux se soient amusés à devenir des rastas et que vous ayez des cernes, vous n’avez qu’une envie, comme moi, se recoucher! Mais non! Il fait beau, il faut en profiter. En Bretagne, malgré les plusieurs éclaircies par jour, il ne fait pas toujours un temps idéal.

Mais pour profiter de cette journée de Mardi Gras, il faut se préparer. Une douche, un petit dej’… Horreur. Mais que vois-je ?! La table est aussi crade que je l’ai laissé la veille. Les assiettes du repas, le pain et les déchets de bière traînent…. Car, hier soir aussi, j’avais la flemme. Et comme qui se ressemble, s’assemble, mon copain n’est pas mieux. Alors, un brin de ménage s’impose! Tout dans l’évier… dans lequel est déjà entassé de la vaisselle de la veille de la veille… Démoralisant et il est déjà 13 heures.

Il est temps d’appeler la mutuelle étudiante pour régler une affaire de mutuelle, justement. Mais, comme hier, cela sonne occupé. Ras, ils me font chier! J’ai pas que ça à faire! Bah, en fait, dans l’absolu, si. Mais ça, on le dit pas. La journée active qui part sur les chapeaux de roue, c’est pas pour aujourd’hui. Et quitte à rien faire, autant en faire profiter à tout le monde ou faire semblant de faire quelque chose.

Dernier dilemme de la fainéantise : Comment ne vraiment rien faire quand on l’écrit à qui veut, comme je le fais en ce moment ? Car, quitte à ne rien faire, autant revenir à la case Départ et rester toute la journée sous la couette. Je récupèrerai mieux et demain, j’en profiterai pour couvrir des événements à Rennes, voir des gens, répondre aux mails, passer des coups de fils… Mais non, la fainéantise est l’Art de ne rien faire et de ne rien dire. Car, en lisant cet article, vous avez perdu quelques précieuses minutes pour faire autre chose … Et, je suis gentille, la fainéantise, c’est universel et ça se partage ! Alors, je vous le fais savoir via ce papier, via Facebook ainsi que Twitter !

Quant aux dilemmes, il n’y a pas de réponses possibles, même philosophiquement parlant. Car, si fainéant signifie ne rien faire et que faire est un verbe d’action alors les philosophes sont des fainéants. Mon sophisme est très mal trouvé mais il fallait bien que je termine en rejetant la faute, non pas sur moi, pauvre étudiante qui a plein de boulot, mais sur les Intellectuels, en général. C’est tellement plus simple. Aller, sur ces beaux mots, je me ressers une part de fondant au chocolat, contente de moi. Voilà, j’ai fait quelque chose de ma journée : j’ai écrit un article. Je ne suis donc plus une fainéante. CQFD.