I’m from Rennes : la Finale a tenu ses promesses

Hier soir, la salle de la Cité a accueilli 5 groupes rennais, Manceau, Juveniles, The Popopopops, Wankin’ Noodles et Success. La raison ? Soirée de clôture, appelée Finale, à l’occasion de la première édition du festival, I’m from Rennes. La radio Canal B, l’association Fake Records et le groupe Success ont co-organisé une semaine musicale dans les café-concerts, appartements, etc. uniquement dédiés à des groupes rennais. Rennes a pu (re)voir entre autres Mermonte, Tiny Feet et les cinq groupes présents hier soir.

I’m from Rennes veut montrer que Rennes bouge en dehors des Transmusicales bien que les cinq groupes à l’affiche ont tous été révélés au public via ce festival. Jo, l’un des membres du groupe Success, le confie au Mensuel de Rennes : « A Paris, on a une vision très « Transmusicales » de Rennes. » David Morvan, réalisateur du documentaire Rock Da Breizh, expliquait au blog lavierennaise que pour lui, cette nouvelle génération rock à Rennes n’avait aucune distinction propre à la ville. Alors, Rennes a-t-elle une relève ? C’est ce qu’a voulu prouver I’m from Rennes et c’est en partie réussi : les cinq groupes ont enflammé la Cité pour une soirée mélangeant pop, rock et électro. Rennes n’est plus la ville rock d’antan mais se diversifie dans les genres, pour notre plus grand plaisir. Report sur quatre concerts de la soirée.

 

Manceau réveille en douceur les Rennais

19h45. Manceau a commencé depuis un quart d’heure pétantes. Le concert commence à l’heure. Dans la salle de la Cité, le public est dispersé mais bien présent pour accueillir le groupe. Être le premier dans un concert n’est jamais évident, surtout pour un groupe aux mélodies pop. « Il est un peu tôt mais on va essayer de vous faire groover sur la prochaine chanson », dit timidement Julien Vignon, chanteur du groupe. Leurs mélodies électro mélangées au bruit sec de la basse et de la guitare sont agréables à écouter. Life traffic jam, leur premier album sorti en juin dernier, est très calme et entraînant. Au milieu de leur prestation, ils jouent leur titre phare, Full time job. Quelques acclamations de la part du public connaisseur. Les autres écoutent, réceptifs. Les lumières donnent de la vie à cette musique quelque peu statique.

« Vous l’avez compris, le principe de cette soirée, c’est de réunir beaucoup de bons copains », explique Julien. Que ces cinq groupes se connaissaient bien, on le savait. Qu’ils aient réservé de jolies surprises au public pour ce concert, ça, on ne s’y attendait pas. Ce vendredi soir, chaque groupe a la sienne. Manceau a invité Florian Mona, multi-instrumentiste et parolier pour jouer le morceau, Le large, de son prochain album éponyme. Très belle surprise, Manceau et Florian Mona chantent en français pour un moment nostalgique mais très rock, qui ferait penser à Etienne Daho. Le dernier morceau de Manceau joué pour la Finale est About it, où le piano et la batterie se mélangent. Il s’accélère et monte en puissance jusqu’à la dernière note de piano. Le groupe a relevé le défi : passer en premier sans trop en faire, ni trop énergiques, ni trop immobiles durant leur show.

Juveniles : un set bien rodé, meilleure impression

Le blog lavierennaise avait vu les Juveniles en mars dernier avec les Total Warr et Sarah W. Papsun, au Point Ephémère, à Paris. Leur prestation n’avait pas vraiment été à la hauteur de leur image électro pop nationale. Il y avait un flagrant manque de communication avec le public. Mais pour la Finale, Jean-Sylvain Le Gouic et ses deux acolytes ont fait bien meilleure figure. Le trio aux claviers et à la batterie arrive sur scène et est déjà acclamé. Il en faut peu pour le public pour danser. Le temps de deux chansons, Ambitions, et la plus plébiscitée de leurs chansons, We Are Young, pour que tout devant, cela s’agite, cela remue les jambes. Jean-Sylvain troque le synthé pour une guitare et prend une goulée de whiskey Jack Daniel’s : « Santé ! », s’exclame-t-il. Quelques rires fusent. Christophe, derrière les platines, se déchaîne et danse de son côté au rythme de la batterie et des sons électro.

La spécificité du groupe, c’est de faire une courte pause en plein milieu de la chanson. Au moment où la chanson prend toute sa force, on croit que c’est la fin. Un peu brutale, certes. Alors les applaudissements et les cris commencent et la chanson reprend de plus belle. Une fois, deux fois, trois fois… Que les Rennais se sont fait avoir. Plusieurs fois, Christophe chantait et Jean-Sylvain, jouait au synthé. Ils ont souvent changé les rôles. Leur surprise a été d’inviter Julien Vignon sur scène, chanteur du groupe Manceau, pour une reprise d’une chanson du groupe rennais, O Safari. Ces derniers n’ont pas pu venir pour la Finale, « faute de temps », explique Jean-Sylvain. « C’est la première fois qu’on joue à Rennes depuis les Transmusicales et ce ne sont que des super souvenirs ! », termine Juveniles avant de se retirer. Ils ont réussi à mettre l’ambiance, dans la salle de la Cité. Le public n’a pas vraiment bougé comme il a pu le faire à Paris mais on le dit et le répète, les oreilles avisées de Rennes sont exigeantes. Mais satisfaites.

The Popopopops, les rois de la soirée : très belle surprise

On avait déjà vu les Popopopops, surnommé les Pops, sur scène en 2008 à l’occasion d’un concert caritatif. Et les voici en 2012, à la salle de la Cité faisant partie des groupes émergents rennais. En quatre ans, du chemin a été parcouru. Sur scène, ils paraissent moins « lycéens », plus pros. C’est en effet le mot qui caractérise tout leur set de ce soir, les Pops sont devenus des professionnels. Et leur renommée s’est nettement agrandie.

Fini le lycée Emile Zola, désormais les choses sérieuses ont commencé. Tout le public hurle, lève le bras droit, poing serré. « Cela va être rock’n’roll », prévient le chanteur avant d’enchaîner sur la chanson R’n’r. Sa voix grave et sensuelle donne de la puissance aux chansons de leur EP, My mind is old. De leur propre initiative, les spectateurs frappent dans leurs mains. « On a eu beaucoup de mal à choisir la chanson suivante car elle est ancienne. On a choisi Dance tonight qu’on souhaitait jouer pour la dernière fois, à Rennes », dit Victor Solf, le chanteur. Cette chanson avait entraîné les foules lors de leur show, en 2008. Et elle fait toujours autant le même effet, le public se met rapidement à danser dès les premières notes. Victor la joue plus rock et a une réelle prestance scénique. Le public rennais est conquis. Encore un peu plus de décibels : les Pops ont invité Jean-Sylvain de Juvéniles pour faire une reprise des Doors, Break on through to the other side. Le public est encouragé à chanter avec le groupe. Les Popopopops ont promis « plein d’exclus » et ont chanté pour la première fois sur scène, un morceau de leur prochain album, Text me, call me. Cerise sur le gâteau : le groupe a invité une autre personne pour son show, un trompettiste. Le set finit sur My Mind Is Old, pour le plus grand bonheur du public. Pour exciter le public, Victor lance : « Est-ce qu’on est une famille Rennes ? ». A méditer. Peut-être pas une famille mais en tout cas, une très bonne ambiance règne autant entre les groupes que dans la salle. On en redemande.

Le rock garage provoquant des Wankin’ Noodles enflamme la Cité

Les Wankin’ Noodles ont comme tous les groupes de la soirée, fait les Trans musicales et ont sorti leur album cette année. Les Wankin’ Noodles, on en entendait parler. On les savait en bons termes avec les Juveniles -l’ancien guitariste Jean-Sylvain Le Gouic étant l’actuel chanteur du groupe- et les Way Of Life. Mais sinon, pas plus. C’est donc avec grand étonnement qu’on trouve que les Wankin’ est un groupe rock déjanté. « Nous ne sommes pas morts et bien vivants », rugit Régis Thomas Pécheu, le chanteur. Ce dernier arrive en trombes. Le son est amplifié, la batterie plus forte mais cela donne plus envie d’être dans l’ambiance. Dès les premières chansons, le chanteur se met sur un ampli et félicite le public rennais par rapport à celui de Paris, moins énergique. Forcément, cela fait son petit effet.

Tous habillés en noir, le groupe est composé d’un guitariste, un bassiste et un batteur. Formation classique de groupe rock contrairement à Manceau, Juveniles et les Pop’s. Le rock explosif fait penser à certains moments à du Green Day : choeurs et guitare électrique. Régis va dans la fosse, s’étale sur le public. Une véritable pile électrique : « qu’est-ce que c’est bien d’être à Rennes ! » Ce qui fait la différence, leurs chansons sont majoritairement en français. Leur nouveau tube, Tu dormiras seule ce soir, « pour vous les filles », fait danser les Rennais. Et comme dans tout groupe de rock, c’est la gente féminine dont parle le plus souvent les Wankin’ Noodles (L’amour dans le noir, Tu dormiras seule ce soir, Tu veux danser avec moi). Pendant le concert, Régis enlève la cravate et déboutonne sa chemise, l’ambiance est bouillante. Il en perd même ses lunettes. Show impeccable, énergique et communicatif. Leur surprise à eux : un duo avec James Eleganz, chanteur de Success. Très réussi et rempli de complicité, les deux compères sont bras dessus bras dessous.

Le seul hic ? Les paroles en trop du chanteur lors du « moment téléthon », comme il l’a qualifié. Il a dénigré ses chansons écrites auparavant et a souhaité aux groupes rennais, la même réussite qu’eux. Qu’ils deviennent « les futur Wankin’ Noodles ». Pour cela, il a encouragé le public à se « bouger le cul pour aller dans les café-concerts » et aller applaudir, entre autres, The 1969 Club, The Way Of Life, Micronologie, Bikini Machine, Dj Marrtin, We Are Van Peebles, Cardinale et O Safari. Étonnant de la part du chanteur d’avoir de tels propos quand on sait que certains groupes cités font les Trans musicales cette année et que d’autres entament des tournées nationales voire internationales. Pour autant, la prestation est bonne et ces paroles ne voulaient dénigrer personne. Les Wankin’ Noodles n’ont pas failli à leur réputation, un nom à retenir.

Le blog lavierennaise n’est pas resté pour Success mais vu l’énergie qui ressortait du duo avec les Wankin’ Noodles, on ne doute pas de l’ambiance dans la salle de la Cité. Pour les plus courageux du public, une After était organisée à l’Ubu jusqu’au petit matin. Les cinq groupes étaient aux commandes. Et il y en a eu de très bons échos.

Avec la Finale d’I’m from Rennes, les groupes rennais se confirment sur scène. Oui, la relève musicale rennaise est assurée. Mais contrairement à ce qu’on pense, une relève pas seulement rock. Dans quelques années, on sera fier de dire « I’m from Rennes », à l’étranger.

 

Photographie : Pilougraphie.fr / Flickr d’Alter1fo.com et site